«Nous devons soumettre le Luxembourg à un test de résistance»
Le Mouvement écologique attend du prochain gouvernement qu'il mette tout en œuvre pour que les objectifs climatiques puissent être respectés.
L'importance de l'écologie et la nécessité d'un développement durable ne sont aujourd'hui niées que par une minorité, constate Blanche Weber, présidente de Meco. © PHOTO: Gerry Huberty
Que faut-il faire pour que le Luxembourg devienne un pays socialement durable et juste? À cette fin, le Mouvement écologique (Meco) a élaboré de nombreuses propositions et les a synthétisées dans une feuille de route de 150 pages, avec des revendications aux partis et au prochain gouvernement.
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Le Meco a beaucoup travaillé sur ce document volumineux. «Nous attendons du gouvernement qu'il prenne clairement position sur les priorités sociales», a déclaré sa présidente Blanche Weber la semaine dernière lors de la présentation des revendications électorales. Il est demandé aux politiques de définir ce que signifie «bien vivre» et «progrès social»; et comment les organiser dans le respect de la limitation des ressources naturelles et d'une solidarité mondiale.
Cela implique ainsi de faire des choix. On ne peut pas vouloir tout avoir, c'est-à-dire s'accrocher à des habitudes et attendre parallèlement des changements, a estimé Blanche Weber. L'innovation technique contribue au tournant social et écologique. Mais en parallèle, des processus de changement social sont nécessaires.
Abandonner la contrainte de la croissance
Pour atteindre cet objectif, le Meco demande un modèle économique durable sans contrainte de croissance, une meilleure culture du débat démocratique, un développement cohérent de l'espace urbain et rural, des villages et des villes sans trafic, une plus grande souveraineté alimentaire par une autre pratique agricole et une politique cohérente en matière de climat et de protection de la nature.
L'analyse de la politique de subvention figurait déjà dans plusieurs accords de gouvernement. Mais encore une fois, ça n'a pas été fait, même si c'est la chose la plus stupide qui soit.
Pour assurer la justice sociale, il faut en outre une réforme fiscale durable incluant une redistribution des richesses. Le Meco demande au gouvernement de calculer, sur la base des données dont il dispose, ce que coûterait une telle réforme fiscale.
«Ce que signifie une réforme fiscale durable est connu. Le ministère des Finances doit faire cette analyse en tenant compte des subventions qui sont contre-productives et qui alimentent la crise du climat et de la biodiversité», a détaillé Blanche Weber. «L'analyse de la politique des subventions figurait déjà dans plusieurs accords de coalition. Mais elle n'a de nouveau pas été faite, alors que cette politique est la chose la plus stupide qui soit.»
Les limites du possible bientôt atteintes
Pour le Mouvement écologique, il est clair que le Luxembourg, en termes de développement de la population et des activités économiques, atteindra bientôt les limites du faisable. C'est pourquoi l'organisation de protection de l'environnement demande que le pays et ses ressources naturelles soient soumis à un test de résistance, «comme nous l'avons demandé pour le programme d'aménagement du territoire».
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«Nous devons vérifier si nous pouvons atteindre nos objectifs de croissance sans faire exploser nos objectifs en matière de protection du climat et de la biodiversité et sans solliciter de manière excessive nos réserves d'eau. Un tel test de résistance n'a pas été réalisé jusqu'à présent, y compris pour l'aménagement du territoire.»
Nous avons besoin d'un gouvernement qui ait le courage de désigner honnêtement ce qui est nécessaire, d'en discuter avec les acteurs sociaux, de tirer les conclusions qui s'imposent et de prendre des décisions.
Le ministre de l'Aménagement du territoire Claude Turmes (Déi Gréng), par exemple, ne remet pas en question les objectifs de croissance, mais considère qu'il est simplement de sa responsabilité de bien organiser la croissance. De même, l'étude du ministre de la Mobilité François Bausch (Déi Gréng) concernant l'évolution de la mobilité jusqu'en 2035 part du principe que «nous maîtriserons les choses», détaille la présidente du Meco. «Mais nous disons que cela ne peut pas fonctionner.»
La fenêtre d'opportunité pour le changement est de plus en plus courte, avertit d’ailleurs Blanche Weber. En ce sens, le prochain gouvernement a une responsabilité toute particulière.
«Nous ne devons pas rater la fenêtre d'opportunité. Les solutions sont sur la table et nous avons besoin d'un gouvernement qui ait le courage de désigner honnêtement ce qui est nécessaire, d'en discuter avec les acteurs sociaux, de tirer les conclusions nécessaires et de prendre des décisions.»
Cet article a initialement été publié sur le site du Luxemburger Wort.
(Traduction: Megane Kambala)