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«Nous n'avons pas le monopole des bonnes idées»

Avant d'aller se reposer en Grèce et de prendre le temps de lire des romans, Xavier Bettel s'est livré sur les grands sujets de l'actualité politique et sa façon de voir son rôle de chef de gouvernement.

Le Premier ministre Xavier Bettel était de retour dans la cour de l'école primaire de Bonnevoie pour son interview d'été avec le «Luxemburger Wort».

Le Premier ministre Xavier Bettel était de retour dans la cour de l'école primaire de Bonnevoie pour son interview d'été avec le «Luxemburger Wort». © PHOTO: Guy Wolff

(MF avec Annette Welsch) – Le Premier ministre (DP) s'est dit «horrifié» par l'attitude du député (CSV) Paul-Henri Meyers dans la longue interview d'été donnée au Luxemburger Wort ce lundi. Le député a «finalement changé de cap» alors même qu'«il est le père» de la nouvelle Constitution, retient Xavier Bettel.

Paul-Henri Meyers, ancien président de la Commission des institutions et de la Révision constitutionnelle, avait déposé la proposition de révision de la Constitution luxembourgeoise en 2009 et les grandes lignes du texte final avaient été présentées en juin 2018.

Jusqu'en ce début 2019, il y avait consensus politique autour du texte. Mais le CSV, principal parti d'opposition, a décidé de bloquer désormais clairement la réforme constitutionnelle en réclamant un référendum consultatif, contre l'avis de la majorité gouvernementale (DP-Déi Gréng-LSAP).

Xavier Bettel a fait ses premiers pas en politique ici, dans la cour de l'école primaire de Bonnevoie. A dix ans, il avait prié la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, de créer une cour aménagée avec des jeux et l'école l'a obtenue.

Xavier Bettel a fait ses premiers pas en politique ici, dans la cour de l'école primaire de Bonnevoie. A dix ans, il avait prié la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, de créer une cour aménagée avec des jeux et l'école l'a obtenue. © PHOTO: Guy Wolff

Autre sujet très épineux pour le gouvernement Bettel abordé dans l'interview: la polémique autour du «casier judiciaire bis» et les lacunes qu'elle soulève par rapport à la protection des données de chaque citoyen. C'est «avant tout un dossier dans lequel il ne faut pas monter le parlement contre le gouvernement, ni la majorité contre l'opposition parlementaire», pose le Premier ministre.

«Surpris»par le récent coup d'éclat de l'opposition parlementaire qui avait quitté en bloc la Chambre des députés, Xavier Bettel refuse de commenter et précise l'intention de l'appel qu'il avait lancé en conclusion du débat auquel il avait participé le lendemain à la Chambre. «Ce ne doit pas être un dossier de politique partisane mais tous les acteurs doivent se mettre à la même table dans un esprit constructif car nous portons tous une responsabilité pour ce problème et le résoudre de manière concrète».

«Je ne suis pas venu au monde en tant que Premier ministre»

Pour y parvenir «j'ai besoin du parlement que je vois comme un allié, c'est-à-dire l'ensemble du parlement. Non seulement les députés de la majorité mais aussi de l'opposition». Questionné sur ce qu'il attend de l'opposition à laquelle il a longtemps appartenu, le Premier ministre répond: «J'ai beaucoup de respect pour le travail de l'opposition, c'est un devoir noble». Et glisse aussitôt, dans la peau du leader de la majorité politique, «Nous n'avons pas le monopole des bonnes idées (...) je suis un homme très consensuel et ne dis pas non par principe juste parce que ça vient de quelqu'un d'autre».

Xavier Bettel: «Les ministres ont leur responsabilité et leur savoir pour répondre aux questions concrètes qui touchent à leurs dossiers».

Xavier Bettel: «Les ministres ont leur responsabilité et leur savoir pour répondre aux questions concrètes qui touchent à leurs dossiers». © PHOTO: Guy Wolff

Désireux de dire son humilité et ainsi de répondre à l'attitude d'arrogance que le CSV et les «petits» partis reprochent justement à la majorité, Bettel lâche: «Je ne suis pas non plus venu au monde en tant que Premier ministre et j'apprends tous les jours. J'ai aussi déjà commis des fautes et ne ferai sans doute pas certaines choses parfaitement. L'important est qu'on reste ouvert et qu'on écoute les autres».

Quant à son rôle de chef du gouvernement, il le voit plutôt comme celui d'un «chef d'orchestre ou du capitaine du navire dont l'une des responsabilités est de voir que le bateau et tout son équipage parviennent à bon port». Avec une feuille de route nommée accords de coalition. S'il ne se met pas plus en avant dans l'affaire du «casier judiciaire bis» c'est parce qu'il fait entière confiance à ses ministres qui «ont leur responsabilité et leur savoir pour répondre aux questions concrètes qui touchent à leurs dossiers».

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