«Nous sommes la génération qui n'a plus le choix»
Ils espèrent être plusieurs milliers à fouler les pavés de la capitale. Ce vendredi, Youth for climate Luxembourg organise, aux côtés d'autres organisations écologiques, une grève pour le climat qui s'inscrit dans un mouvement mondial.
Cette nouvelle manifestation des jeunes militants pour le climat ciblera avant tout le secteur de la finance, et ses investissements dans les énergies fossiles. © PHOTO: Lex Kleren/Photo d'archives
«People, not profit», comprendre «les gens avant les profits», c'est le slogan qui rassemblera les militants et militantes pour le climat, ce vendredi 25 mars, dans les rues du monde entier. Au Luxembourg, le collectif Youth for climate, aux côtés de Greenpeace, du Mouvement écologique, ou encore de l'ASTM, s'est chargé de donner rendez-vous aux manifestants dans la capitale, à 14h, place Clairefontaine.
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Pendant cette déambulation dans les rues de Luxembourg, les activistes défendront trois demandes principales. «Premièrement, cette grève est également une marche de solidarité avec l'Ukraine. Toute guerre est un crime contre l'humanité, nous exigeons donc la fin du conflit armé», explique Selma Vincent, membre actif de Youth for climate.
La militante rappelle également l'objectif de neutralité climatique pour le secteur financier luxembourgeois, que le collectif aimerait voir atteint dès 2030. «Il est capital de réduire les émissions de CO2, et cela passe par l'arrêt d'investissements dans les énergies fossiles, qui sont encore nombreux.»
Troisième et dernière priorité des jeunes activistes: faire pression sur le Fonds de compensation pour qu'il respecte les accords de Paris. C'est d'ailleurs devant ce dernier que s'achèvera la manifestation, avenue de la Porte-Neuve. «Nous demandons à ce que le Fonds de pension arrête d'investir de l'argent public dans des industries polluantes», revendique l'étudiante de 19 ans. L'institution met en place sa nouvelle stratégie d'investissement pour les cinq ans à venir, que les activistes aimeraient voir ce document rendu public.
Objectif neutralité carbone
«Le secteur financier est le seul secteur qui puisse nous permettre de réellement impacter le monde, à l'échelle du Luxembourg», estime Selma Vincent, qui milite avec Youth for climate depuis sa création, il y a quatre ans. «Si la finance fait la force et la richesse du Luxembourg, c'est également notre faiblesse.»
Une faiblesse qui ne peut pas être compensée, par la finance «verte», selon les révélations de Greenpeace Luxembourg. En juin dernier, l'organisation, en collaboration avec son homologue suisse, avait rendu publique une étude passant au crible 51 fonds d'investissements durables luxembourgeois. Résultat des courses: peu de capitaux sont réellement redirigés vers une économie durable. «Il faut mieux encadrer ces fonds, faire plus de contrôles, si nous voulons atteindre une réelle neutralité carbone.»
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Bien que les discussions entourant le secteur de la finance puissent paraître obscures pour certains publics, l'étudiante ne doute pas de l'intérêt des Luxembourgeois pour cette thématique. «En s'en tenant aux termes simples, chaque personne peut comprendre que lorsque l'on prend son argent pour l'investir dans quelque chose qu'elle ne soutient pas, comme les énergies fossiles, c'est un manquement à son consentement.»
Si certains qualifieraient la neutralité carbone d'utopique, les jeunes militants pour le climat sont plus que convaincus par le caractère réalisable de cet objectif. «Nous sommes la génération qui n'a plus le choix. Je suis consciente du pessimisme et de la fermeture d'esprit de certaines personnes, mais j'en ai vraiment assez des générations plus âgées qui disent que c'est impossible. C'est de l'ordre de la survie et c'est quelque chose qui n'a pas été intégré par la population luxembourgeoise», regrette l'étudiante à l'Institut de sciences politiques de Paris.
Pas d'âge pour militer
Mais du haut de ses 19 ans, Selma Vincent est consciente qu'elle ne changera pas le monde avec l'unique aide de ses jeunes camarades de Youth for climate, qui compte une petite vingtaine de membres actifs. «On a la voix et la parole des jeunes mais on n'a pas l'expertise, et beaucoup de jeunes ne l'auront pas avant même que les effets négatifs de la crise climatique ne s'installent.» C'est pourquoi la militante souligne l'ouverture de cette marche, et plus largement de cette cause, à l'ensemble de la population, pas seulement aux jeunes générations. «Sans l'investissement des personnes plus âgées, nous n'arriverons pas à rectifier le système non viable qu'ils ont créé.»
Malheureusement, l'étudiante constate ces derniers mois un désintérêt général vis-à-vis de la cause climatique. Lors de la dernière marche, organisée fin septembre 2021, les militants étaient moins nombreux à parcourir les rues de la capitale. Une démobilisation que Selma Vincent voit comme l'un des effets collatéraux de la pandémie. «Désormais, le dialogue national est tourné vers la situation ukrainienne, ce qui est parfaitement normal, mais cela explique que le climat soit peut-être moins dans les pensées des gens.»
Les mobilisations dans la Grande Région
A Luxembourg-Ville, vendredi 25 mars à 14h, place Clairefontaine
A Metz, vendredi 25 mars à 14h, place de la Comédie
A Nancy, vendredi 25 mars à 14h, place Maginot