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"Nous sommes prêts à réaliser des investissements en France"

Le Luxembourg veut renforcer ses liens économiques avec la France. La signature de nouveaux accords a été annoncée lors de la visite d'Etat du couple grand-ducal en France.

Le Grand-Duc Henri à la chambre de commerce et d'industrie à Paris.

Le Grand-Duc Henri à la chambre de commerce et d'industrie à Paris. © PHOTO: Chris Karaba

Nadia Di Pillo et Sophie Wiessler, depuis Paris

Il n'y a rien d'étonnant à ce que l'Elysée ait déroulé le tapis rouge pour la visite d'Etat du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria Teresa à l'Elysée. Non seulement la France et le Grand-Duché sont des partenaires de longue date, mais encore les relations entre les deux pays sont au beau fixe.

En témoignent les gestes chaleureux échangés ce lundi entre les deux couples à leur entrée et sortie de l'Elysée.

"Notre amitié n'est pas seulement corroborée par des liens culturels et historiques, mais aussi par la présence de 45.000 Français qui constituent la deuxième communauté étrangère au Luxembourg. Sans oublier les 95.000 hommes et femmes qui traversent chaque jour la frontière pour venir travailler au Luxembourg", a rappelé le ministre de l'Economie, Etienne Schneider, lors de son discours au forum économique organisé à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.

La France est ensemble avec la Belgique et l'Allemagne l'un des principaux partenaires économiques du Luxembourg et "ces relations n'ont cessé de s'amplifier au cours des dernières années".

Liaison ferroviaire vers la Chine

Etienne Schneider a assuré ses partenaires de sa volonté de renforcer les liens économiques avec la France. Il souhaite notamment dans le cadre du développement du fret multimodal, "trouver une approche collaborative avec la France afin de mutualiser les compétences en vue d'une éventuelle liaison ferroviaire vers la Chine".

Le ministre veut aussi renforcer les liens entre les deux pays dans le cadre du projet "High Performance Computing", dans lequel le Luxembourg joue un rôle clé au niveau européen. "La France est un pays partenaire et nous allons collaborer ensemble de manière fructueuse".

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Un autre projet commun avec la France et l'Allemagne est celui de la conduite automatisée. Etienne Schneider a confirmé son ambition de faire du pays une zone de test grandeur nature pour la mobilité intelligente. Il s'agit d'instaurer notamment avec la France un échange d'expériences portant sur les problèmes techniques rencontrés, mais aussi sur des questions éthiques comme celle de la responsabilité en cas d'accidents.

L'accent a également été mis sur les technologies de la santé. Mercredi, à Toulouse, troisième et dernière étape de cette visite d'Etat en France, "nous allons discuter des possibilités d'améliorer les relations au niveau de la recherche et du développement", a déclaré Etienne Schneider, précisant que Toulouse est un centre d'excellence en ce qui concerne la médecine personnalisée.

Un autre accord doit être signé mercredi avec le constructeur Airbus. "Nous allons collaborer sur une série de projets au Luxembourg notamment dans le domaine de la cybersécurité", a annoncé le ministre qui a refusé d'en dévoiler davantage. "Dans le cadre de notre effort de défense, nous prévoyons également une série d'achats notamment des hélicoptères pour le transport dans le domaine militaire mais aussi pour la police grand-ducale", a-t-il ajouté.

Pas de compensation fiscale

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a remis, il y a quelques jours, la question des rétrocessions fiscales entre le Luxembourg et la Lorraine sur la table. "Ce point a également été discuté aujourd'hui lors d'une réunion à l'Assemblée nationale", a précisé le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn.

"Nous avons mis les choses au clair. Nous sommes prêts à réaliser des investissements en France sur des projets spécifiques. A aucun moment cela n'a été contesté par nos partenaires français. Cela veut dire que nous apportons une aide spécifique aux Lorrains notamment pour qu'ils puissent se déplacer plus facilement vers le Luxembourg. C'est aussi dans notre intérêt", a-t-il déclaré.

Etienne Schneider a aussi rejeté l'idée d'un "fonds transfrontalier de compensation". "Nous voulons financer des projets ponctuels par exemple dans le domaine de la mobilité ou des infrastructures. Mais il nous appartient de décider ce que nous voulons faire de notre argent. C'est la chose la plus intelligente que nous puissions faire".

Un projet d'investissement de l'autre côté de la frontière doit d'ailleurs être annoncé ce mercredi par le ministre des Infrastructures, François Bausch. Plusieurs médias ont rapporté ces derniers jours qu'il s'agirait de financer des P+R près de certaines gares à la frontière française: le ministre des Infrastructures lèvera donc le voile sur ces projets ce mardi.

Convention fiscale: "la plus avantageuse jamais signée avec un pays voisin"

"C'est la convention de non double imposition fiscale la plus favorable que nous ayons signée avec nos pays voisins". Pierre Gramegna, ministre des Finances, doit également signer ce mardi une nouvelle convention avec la France qui remplacera un texte de 1958.

Nous vous en parlions la semaine passée: cette nouvelle convention permettra aux frontaliers de réaliser du télétravail 29 jours par an, tout en restant imposés au Grand-Duché. La convention fiscale avec l'Allemagne porte sur 19 jours, celle avec la Belgique sur 24 jours. "C'est un très bon accord pour le Luxembourg et ses frontaliers", a estimé le ministre, sans toutefois en révéler davantage ce lundi soir.

Cette première journée de visite d'Etat n'a donc pas apporté de réponses encore très claires sur les différents projets mis en oeuvre entre la France et le Luxembourg. La journée de mardi devrait apporter davantage de détails: Xavier Bettel va en effet rencontrer son homologue français, Edouard Philippe, à Matignon.

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