«On ne peut pas s’arrêter à des mesures d’allocation vie chère»
Le gouvernement, les partenaires sociaux et le patronat se sont réunis ces mardi et mercredi et se sont accordés sur des points clés concernant l’indexation. Les prix de l'énergie et l'inflation restent toutefois au cœur des prochaines discussions.
Nora Back a tenu à rappeler que lors de la précédente tripartite, les syndicats mettaient déjà en garde sur le pouvoir d’achat face à l'augmentation des prix de l'énergie. © PHOTO: Shutterstock
Principale crainte de Déi Lénk en amont du rendez-vous entre le gouvernement et les syndicats, l’index a bel et bien été le principal point de mire lors de la tripartite. Au final, l’UEL s’estime favorable aux propositions faites par le gouvernement, à savoir de reporter la tranche indiciaire prévue pour le mois d’août à l’année 2023, même si celle d’avril demeure maintenue.
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Du côté des partenaires sociaux, cela reste le moindre des maux puisqu’au départ, l’UEL militait pour la remise en cause complète de cet outil économique. Toutefois, s’il est bien une chose certaine, c’est que les prochaines discussions seront plus musclées, dans la mesure où aucun accord n’a été arrêté sur la hausse du prix de l’énergie et des carburants.
Interrogée ce vendredi entre deux réunions en préparation de la semaine prochaine, Nora Back, présidente de l’OGBL, explique qu’«il reste beaucoup de questions ouvertes. On a en ce moment des réunions avec les ministres concernés par ces problématiques. Nous sommes en plein processus de discussions, rien n’est arrêté. On ne peut pas s’arrêter à des mesures d’allocation vie chère. L’OGBL ne signera pas un accord qui n’arrangera pas vraiment le pouvoir d’achat des gens. On ne va rien lâcher.»
Plusieurs autres réunions sont d’ailleurs prévues ce week-end, sans oublier son comité national qui se tiendra le mardi matin au Kirchberg, juste avant la reprise des discussions.
Nora Back, qui est également la présidente de la Chambre des salariés (CSL) qui regroupe l’ensemble des acteurs œuvrant pour l’amélioration de la vie des salariés, a tenu à rappeler que lors de la précédente tripartite ayant eu lieu en décembre 2021, les syndicats mettaient déjà en garde sur le pouvoir d’achat. OGBL, LCGB et CGFP souhaitaient à cette occasion parler fiscalité, logement et main tendue aux ménages en difficulté mais sont finalement repartis insatisfaits du château de Senningen.
L’imposition, incontournable levier dans cette crise?
De l’avis de la syndicaliste, il est impossible ne pas soulever des ajustements qui pourraient se faire sur la façon d’imposer les ménages, puisque le but est de permettre à chacun de bien vivre, et pas seulement pour les plus modestes. «Il y a trois mois déjà, on parlait de baisser la TVA ou encore de diminuer les accises mais le gouvernement n’a rien fait en ce sens. Ce mardi, ils ont parlé de cette réduction de la charge fiscale de 7,5 centimes par litre jusqu'au 31 juillet sur l'essence, le diesel et le mazout. Ce n’est pas suffisant et même si l’index est également un point crucial, on regrette que tout ait tourné majoritairement autour de cela.»
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Au menu des propositions de l'OGBL, l’adaptation du barème des impositions selon l’inflation, selon ce que chacun gagne et peut supporter. Dans le calcul des impôts, revient aussi la question du rehaussement des frais de déplacement et de l’indemnité kilométrique.
Une proposition clairement partagée par l’Automobile Club Luxembourg, qui a publié un communiqué ce jeudi mentionnant qu’il serait utile de considérer la «revalorisation des frais de déplacement forfaitaires pour ceux qui vivent le plus loin de leur lieu de travail. Les salariés et automobilistes des zones rurales et périurbaines moins bien desservies par les transports en commun restent toujours les plus dépendants de leur voiture. L’abattement maximum est aujourd’hui de 2.574 €/an, soit 214,50 €/mois. Compte tenu de la situation, l’ACL considère qu’il serait opportun de rétablir les frais de déplacement forfaitaires à 2.970 €/an (soit 247,50 €/mois) comme c’était le cas jusqu’en 2012.»
Une remise en évidence des problèmes de mobilité
Nora Back précise qu’il y a quelques mois, ce genre de propositions avait reçu «une fin de non-recevoir», le gouvernement estimant que ce genre de mesures profiterait surtout aux plus gros salaires. Les mesures prises pour la gratuité des transports publics pour désengorger les routes et permettre des économies sur les déplacements avaient alors été remises en avant.
Un constat qui peut laisser songeur lorsque l’on sait par exemple que tous les frontaliers ne sont pas desservis de manière égale selon leur lieu d’habitation, et qu’en plus de cela, les lignes de bus transfrontalières telles que la 321 au départ de Villerupt sont à nouveau payantes depuis quelques jours. Un comble lorsqu’on sait que les travailleurs les empruntant payent des impôts qui contribuent à la gratuité des transports au Luxembourg.
S’ajoutent les travaux de l’A3 qui ralentiront le trafic et la fin vraisemblable du télétravail, qui avait permis d’éviter trop de monde sur les routes, pour le début de l'été. Sans oublier les travaux ferroviaires planifiés cet été qui viendront encore compliquer les déplacements...