Opération séduction de Google à Bissen
Le géant américain du numérique a décidé d’aller à la rencontre des Bissenois, ce jeudi soir. La firme américaine devrait lever une partie du voile quant à ses projets de construction de deux data centers.
L'investissement de 1,2 milliard d'euros de Google pourrait créer des centaines d’emplois à Bissen. © PHOTO: Shutterstock
(DH) - Trois ans après les premiers contacts entre Google et le gouvernement, l'implantation du géant américain au Luxembourg se fait attendre. Si 33 hectares de terrain ont été acquis en décembre 2017, l'implantation concrète du data center reste en suspens, de l'aveu même d'un responsable de la firme.
Si, au micro de RTL Télé, Fabien Vieau déclare que l'entreprise américaine est «toujours très intéressée par une implantation au Luxembourg», le responsable du développement des centres de données Google en Europe tempère en indiquant que «malgré les avancées dans les procédures, nous n'avons pas encore assez d'informations pour prendre une décision».
Les 33 hectares acquis en 2017 par Google. © PHOTO: Pierre Matgé
Autrement dit : près de trois ans après la première rencontre entre le ministre de l'Economie Etienne Schneider (LSAP) et Larry Page, cofondateur de Google, la multinationale continue de souffler le chaud et le froid. Objectif: obtenir du gouvernement les conditions les plus favorables possible pour la venue de ses hypothétiques centres de données.
Présent en Europe, sur cinq sites, dont celui de Saint-Ghislain, en Belgique, le géant de l'Internet fait jouer la concurrence entre Etats attirés par un investissement de 1,2 milliard d'euros.
Le Luxembourg se retrouve en concurrence avec quatre autres sites en Europe où Google a déjà fait l'acquisition de terrains. La firme de Mountain View a acheté 131 hectares à Aabenraa en Suède, 109 ha à Avesta, toujours en Suède, 73 ha à Fredericia au Danemark, et 74 ha à Kronstorf en Autriche.
De son côté, le gouvernement de Xavier Bettel a mis les petits plats dans les grands. En proposant le site dit du «Busbierg» à Bissen, en unifiant le terrain de 33,7 hectares, en aidant la commune pour la mise en place d'un Plan d'aménagement particulier (PAP). Malgré ce soutien, de nombreux aspects restent à clarifier, d'où la tenue d'une réunion publique à destination des habitants, ce jeudi soir. Une rencontre qui sera précédée quelques heures plus tôt par une conférence de presse.
Pour le bourgmestre David Viaggi cette réunion doit aboutir à du «concret». Interrogé lundi par nos confrères du Quotidien, le nouvel élu de Bissen, demande à la multinationale de se montrer «sincère» et de «mettre enfin toutes les données sur la table».
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Parmi les points qui devront être, si ce n'est tranchés du moins abordés, la question environnementale. Et notamment la consommation en énergie et en eau. «Il est hors de question que de l'eau du réseau public ou des nappes phréatiques soit utilisée», a souligné le bourgmestre qui s'oppose à ces deux options pour refroidir les milliers de serveurs des deux data centers.
Ne resterait donc plus que la solution de pomper l'eau de l’Alzette. La rivière au débit incertain en été, et à l'équilibre déjà fragilisé par de récentes pollutions, sera-t-elle en mesure de se voir priver d'une partie de son débit naturel et d'absorber les rejets d'eau chaude? La question reste posée.
Turmes survolté
Le ministre de l'Energie, Claude Turmes (Déi Gréng) ne manque jamais une occasion de rappeler sa vigilance face au projet Google de Bissen. A l'approche de la réunion publique, il invite à nouveau la firme à bien veiller à produire le plus d'énergie par elle-même. Des panneaux photovoltaïques sont prévus, mais leur nombre sera-t-il conséquent? «Nous ne disposons pas de chiffres fiables fournis par Google sur la consommation d'électricité attendue», regrette le ministre. Gourmands en énergie, les deux data centers pourraient absorber à eux seuls de 7 à 12% de la production nationale.
«Après des études hydrologiques, une connexion à l'Alzette semble la plus appropriée», a indiqué le responsable du développement des centres de données européens de Google. Selon lui, l'impact en termes de température serait relativement faible, négligeable, non mesurable».
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Autre point à trancher, la question de l'accessibilité de la commune. A moyen terme quelque 7.000 personnes pourraient travailler dans cette zone. C'est pourquoi, David Viaggi plaide pour l'aménagement d'un contournement et de ronds-points afin de délester le trafic dans la commune. En plus du siège de l'Automotive Campus, le centre de recherche et de développement dédié à l'automobilité de demain hébergera un superordinateur l'an prochain.
Pour rappel, l'investissement de deux fois 600 millions d'euros de Google pourrait créer des centaines d’emplois. Le bâtiment envisagé sur deux étages, d’une hauteur de 25 mètres, devrait couvrir 30.000 m2 au sol. Selon les estimations actuelles de Google, le site pourrait être opérationnel en 2023 ou, au plus tard, en 2024.