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Double meurtre de Niederkorn

«Partout où il allait, il causait des problèmes»

Un habitant de Niederkorn s'est confié sur la genèse de la tragédie qui a secoué le centre-ville hier. La relation entre le tireur, qui a abattu un couple en pleine rue, et son quartier, était conflictuelle.

C'est dans cette rue, sur le trottoir, que le Portugais Dany L., 54 ans, et sa femme, 62 ans, ont été abattus par leur voisin.

C'est dans cette rue, sur le trottoir, que le Portugais Dany L., 54 ans, et sa femme, 62 ans, ont été abattus par leur voisin. © PHOTO: Tiago Rodrigues

Un jour après la tragédie, seule la pluie brise le silence dans la rue des Trévires, à Niederkorn. C'est là, sur le trottoir devant leur maison, que le Portugais Dany L., 54 ans, et sa femme, 62 ans, ont été abattus par leur voisin, José C., 74 ans, qui a tiré les coups de feu mortels avec un fusil de chasse lundi matin. Il a été arrêté et déféré ce mardi devant le juge d'instruction.

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Le matin de la tragédie, notre source n'était pas chez elle, mais sa femme a tout vu. «José a tiré deux coups de feu sur Dany, puis la femme a commencé à crier et il a tiré un autre coup de feu dans le dos. Après avoir confirmé qu'elle était morte, il est entré dans la maison. Ma femme m'a appelé pour me dire que des tirs avaient eu lieu dans la rue, et qu'il y avait un corps sur le sol», raconte-t-il. «Je ne sais pas quel était le motif de la dispute, mais, depuis l'arrivée de José, c'est une accumulation de problèmes.»

Les protagonistes du drame étaient voisins de palier. Le tireur vit dans la maison orange, tandis que le couple abattu lundi résidait dans la maison jaune.

Les protagonistes du drame étaient voisins de palier. Le tireur vit dans la maison orange, tandis que le couple abattu lundi résidait dans la maison jaune. © PHOTO: Tiago Rodrigues

Les voisins de José et Dany racontent que leur relation était compliquée depuis plusieurs années. Un des résidents de cette rue, qui connaissait le tireur et les victimes, a raconté à Contacto, sous couvert d'anonymat, comment les désaccords ont commencé. «José a acheté cette maison il y a environ cinq ans - Dany et moi l'avons même aidé à se débarrasser de quelques jerricans pour le stockage de l'eau. Puis les choses ont commencé à se dégrader entre eux», se souvient-il.

«Je vais tirer sur ce type en visant la tête»

Selon ce voisin, José a commencé à se plaindre de Dany. «Une fois, j'ai dit à José que Dany avait mis du détergent dans ses tuyaux de toiture qui allaient dans les fûts d'eau et se remplissaient de mousse. Et il m'a dit ''je vais tirer sur ce type en visant la tête''. Il a même appelé la police. C'était il y a environ quatre ans», raconte-t-il.

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José, tout comme le couple assassiné, était retraité. L'homme, âgé de 74 ans, est un ancien gardien de prison, selon les voisins. Il vivait avec sa femme et avait au moins deux filles, qui lui rendaient visite. Dany et sa femme, qui serait d'origine asiatique, vivaient également seuls dans cette rue depuis plus de 13 ans, selon le voisin qui s'est confié à Contacto. Le Portugais avait au moins une fille, qui se trouvait sur les lieux lundi avec les autorités.

Après l'affaire des détergents, les provocations entre les deux hommes ont continué: «Ils étaient comme ça, toujours à la gorge l'un de l'autre. À un moment donné, José a mis une grille à côté de la boîte aux lettres de Dany pour qu'il ne puisse pas ouvrir le couvercle, parce qu'il donnait sur le côté de sa maison. C'est comme ça que la relation entre eux deux était... c'était de pire en pire», dit l'homme, qui a commencé à craindre le pire.

«Ensuite, les événements ont dégénéré, jusqu'à ce que cela en arrive là. Les voisins ont dit que les deux hommes se disputaient beaucoup. Une fois, José a aussi dit que Dany avait mis du sel sur les cultures de son jardin et il a aussi appelé la police.»

Ce jardin serait l'un des points de discorde entre les voisins.

Ce jardin serait l'un des points de discorde entre les voisins. © PHOTO: DR

Ce témoin a également fini par rompre ses relations avec le tireur: «Au début, on s'entendait bien, il m'a aidé dans ma maison, il m'a dit qu'il avait travaillé avec le fer pendant de nombreuses années. Mais ensuite, il y a eu des frictions entre nous. À l'arrière des maisons, nous avons un portail privé qui donne accès à un parc pour enfants, qui appartient à la commune, et nous sommes les seuls à en avoir la clé. Il s'est énervé quand des gens y sont entrés et une fois, il a fermé le portail avec un cadenas. À partir de là, il a commencé à râler et j'ai cessé de lui parler il y a quelques années.»

«Il ne parlait à personne, il était en colère contre tout le monde»

Le résident révèle par ailleurs que José lui avait dit qu'il avait eu d'autres problèmes avant de déménager dans cette rue: «Il avait un tempérament très compliqué. Il avait vendu sa maison à Differdange parce qu'il avait aussi eu des problèmes de voisinage. J'ai eu l'impression que partout où il allait, il causait des problèmes à cause de l'atmosphère qu'il a générée ici en peu de temps. Il ne voulait parler à personne, il était en colère contre tout le monde. Il s'est beaucoup plaint du bruit. En peu de temps, il a ruiné ses relations avec tout le monde».

Outre ses querelles avec les voisins, José avait également montré des signes de violence envers son animal de compagnie. «Il avait un chien, un lévrier, et le battait. Le chien s'enfuyait parfois et je l'attrapais. Puis le chien a disparu, je ne l'ai jamais revu. José a dit qu'il l'avait donné à un prêtre», a déclaré la source.

Cet article est paru une première fois sur wort.lu/pt

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