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Le violoniste a encore pas mal de projets en tête, ranger son instrument n'est pas envisagé.
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Philippe Koch, une vie après l'OPL

Le violoniste a encore pas mal de projets en tête, ranger son instrument n'est pas envisagé. © PHOTO: Christophe Olinger

Le Konzertmeister de l'Orchestre philharmonique du Luxembourg prend sa retraite.

Thierry Hick

Les mélomanes qui suivent régulièrement l’Orchestre philharmonique du Luxembourg devront s’y habituer: Philippe Koch prend sa retraite. Le Liégeois a choisi la cérémonie de jeudi à la Philharmonie dans le cadre de la fête nationale luxembourgeoise pour tirer sa révérence. Tout un symbole pour celui qui a occupé le poste de Konzertmeister (premier violon) de l’Orchestre RTL – devenu par la suite Orchestre philharmonique du Luxembourg – pendant 38 ans. «C’est aussi pour remercier le Grand-Duché qui nous a, mon épouse et moi, formidablement bien accueillis».

(Vidéos: Christophe Olinger)

«Tout arrêter du jour au lendemain, c’est impossible»

Ceux qui connaissent quelque peu le musicien, savent qu’il ne s’arrêtera pas de si tôt. Philippe Koch confirme: «Je vais garder mes cours au Conservatoire royal de Liège, dix heures par semaine, reprendre la direction de l’orchestre des jeunes du Conservatoire de Luxembourg, où je garde encore quelques élèves. Je vais continuer de jouer avec le Trio Koch (avec sa fille Laurence et son fils Jean-Philippe, ndlr) et avec le Quatuor Louvigny. Tout arrêter du jour au lendemain, c’est impossible. J’ai convenu cela avec mon épouse, qui depuis tant d’années me soutient avec beaucoup de compréhension. Je vais donc continuer de travailler mon violon, c’est une nécessité, il faut entretenir la mécanique. Ne rien faire, ce n’est vraiment pas mon style.»

La musique symphonique va-t-elle lui manquer? «Oui, mais aussi les collègues. C’est une décision que j’ai prise. Maintenant, c’est ainsi.»

Philippe Koch aux côtés de la percussionniste Béatrice Daudin et du violoniste Fabien Perdichizzi lors de la tournée de l'OPL à Madrid en novembre 2016.

Philippe Koch aux côtés de la percussionniste Béatrice Daudin et du violoniste Fabien Perdichizzi lors de la tournée de l'OPL à Madrid en novembre 2016. © PHOTO: Thierry Hick

Tout le monde sait combien le rôle du premier violon est important. Je le remercie, car il a contribué au développement de l’OPL.
Gustavo Gimeno, chef d’orchestre

De Louis de Froment à Gustavo Gimeno

En 38 ans, le violoniste a vu défiler de nombreux chefs permanents de l’orchestre, de Louis de Froment à Gustavo Gimeno. «Chaque chef a son caractère, sa personnalité, sa spécialisation. J’ai peut-être eu plus d’affinités pour l’un ou l’autre. J’ai aussi vécu tant de moments personnels et d’anecdotes. On me dit que je devrais écrire un livre. Travailler Mozart, par exemple, avec un Leopold Hager qui sort du Mozarteum, a été une expérience enrichissante pour le jeune musicien que j’étais à l’époque. Je n’ai tout au long de ma carrière jamais cessé d’apprendre. Je suis un éternel étudiant», explique Philippe Koch.

Le violon est pour les Koch une histoire de famille, transmise de génération en génération.

Le violon est pour les Koch une histoire de famille, transmise de génération en génération. © PHOTO: Christophe Olinger

L’actuel directeur musical de l’OPL Gustavo Gimeno revient sur sa relation de travail et amicale avec le Konzertmeister: «Lorsque j’ai dirigé l’orchestre pour la toute première fois il y a huit ans, Philippe Koch a été le premier membre de l’orchestre que j’ai rencontré. Lors de mon premier concert avec l’OPL, il était aussi soliste et ce fut le début d’une merveilleuse collaboration tant musicale qu’humaine. Tout le monde sait combien le rôle du premier violon est important et je le remercie, car il a également contribué de manière décisive au développement de l’OPL.»

Philippe Koch et Gustavo Gimeno.

Philippe Koch et Gustavo Gimeno. © PHOTO: Philharmonie de Luxembourg

Durant toutes ces années, le premier violon aura aussi rencontré d’innombrables chefs invités et solistes. «Ma loge étant juste à côté de celle des solistes, les contacts avec les musiciens ont été réguliers. On a toujours eu le temps d’échanger quelques mots ou conseils.»

Décrire mon père en trois mots? Pas facile de répondre, je dirais: aimant, demandant et partageant.
Laurence Koch, violoniste

De routine, il n’en a jamais été question. «La routine n’existe pas. On travaille chaque semaine avec un autre chef ou soliste, on joue chaque semaine un programme différent. C’est toujours exigeant!», explique le Konzertmeister, pour qui «chaque concert reste une aventure. Oui, j’ai encore et toujours le trac en montant sur scène, on n’est jamais à l’abri d’un accident. Ce risque est matière à réflexion. Un concert s’inscrit dans l’instant, c’est la magie du spectacle vivant. De plus, le public est toujours roi, nous devons lui donner le meilleur de nous-mêmes».

Même lorsque les répétitions avec les chefs invités sont comptées, réduites au minimum. Comme par exemple, lorsqu’il s’agissait un jour de jouer sur scène la «Symphonie fantastique» après une seule répétition l’après-midi avec le chef Valery Gergiev.

Assurer la cohésion des troupes

«Le premier violon est responsable de la bonne cohésion des troupes. Ses missions sont nombreuses, il est en quelque sorte le trait d’union entre le chef et les musiciens. Il a donc également une responsabilité artistique et doit avoir une confiance musicale et humaine de tous les membres de l’orchestre», explique Philippe Koch qui s’est toujours réjoui de pouvoir «travailler avec des musiciens de très haut niveau».

Une histoire de famille

Malgré des journées plus que bien remplies, le Konzertmeister n’a jamais compté son temps et ses heures pour assouvir sa passion. En plus de son travail à l’orchestre, la musique de chambre a tenu une place importante dans sa vie. Multipliant les collaborations, il n’a jamais manqué, selon les disponibilités de son agenda, de retrouver sa fille et violoniste Laurence et son fils et pianiste Jean-Philippe. Le Trio Koch est donc une histoire de famille.

La fille Laurence explique: «Jouer avec mon père a toujours été une vraie source de plaisir. Une très forte complicité avec toute la famille s’est développée. J’espère, maintenant que papa est à la retraite, que l’on aura plus souvent l’occasion de jouer ensemble. Pouvoir faire de la musique est une vraie chance.»

Philippe Koch, en plus d’être musicien, est également enseignant. Entre autre au Conservatoire royal de Liège. Ses anciens élèves jouent aujourd’hui dans différents orchestres dans de nombreux pays. «Il y en a même six à l’OPL», se réjouit le professeur.

Transmettre un héritage

Pourquoi enseigner? «C’est de famille!». L’oncle était professeur de violon, tout comme le grand-père, qui était aussi l’élève d’Eugène Ysaÿe, lui-même élève de Henri Vieuxtemps, le fondateur de l’école belge du violon. «Je viens de là, j’ai grandi avec cet héritage. Il faut transmettre cet héritage, faire passer les choses aux jeunes d’aujourd’hui. C’est une chaîne indispensable.»

Pour être à la hauteur de ses élèves, le professeur n’hésite pas à choisir des œuvres à étudier exigeantes, qu’il lui faut lui aussi travailler en amont de ses cours. «Travailler avec des jeunes me permet d’apprendre, de m’enrichir, d’évoluer et me remettre en question tout le temps.»

Quelques questions décalées pour terminer...

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