Pierre Gramegna sur «la voie de la compétitivité»
Le ministre des Finances confirme ses ambitions. L’individualisation de l’imposition des personnes physiques, l’accès au logement et l’association fiscalité-développement durable seront au centre de la future réforme fiscale.
«Nous travaillons d'arrache-pied pour numériser le système fiscal et le simplifier», assure Pierre Gramegna. © PHOTO: Guy Wolff
(DH avec Patrick Besch) - Pierre Gramegna (DP) est un homme qui aime se ressourcer. A 61 ans, l’ancien diplomate n’a pas dérogé à une tradition bien établie qui veut que, chaque été, il revienne en Italie, la terre de ses ancêtres. Une constance qui est aussi une des images de marque de l'action politique de cet ancien directeur général de la Chambre de commerce du Luxembourg.
Ministre des Finances une première fois en 2013, il avait géré la transition vers la fin du secret bancaire et la crise des LuxLeaks tout en assainissant des finances publiques qui, aujourd’hui encore, affichent des courbes rassurantes.
Lire aussi :2020, «année cruciale» pour une réforme fiscale
«Les recettes seront légèrement plus élevées, ce qui nous rapprochera de l'équilibre. Notre objectif est d'avoir une bonne gestion des finances publiques», précise le natif de la Métropole du Fer qui n'envisage pas pour autant la suppression de l'impôt de solidarité. Car en raison de la numérisation, «il est plus qu'important d'avoir suffisamment d'argent pour investir dans l'éducation et la formation des travailleurs.»
Taxation individuelle
Pierre Gramegna s’attelle donc, six ans après son entrée en fonction, à une nouvelle réforme fiscale. «En 2016, nous avons réduit le taux mondial d'imposition des sociétés de 21% à 18%. Cette année, nous l'avons encore abaissé à 17%. Nous avons l'intention de poursuivre sur la voie de la compétitivité», indique-t-il. Mais cette fois-ci, «l'accent principal de la réforme sera mis sur l'imposition des personnes physiques».
A cet égard, Franz Fayot, nouveau président du LSAP a dernièrement émis quelques craintes quant à la justice sociale de la réforme à venir. Ce à quoi Pierre Gramegna répond que «dans l'accord de coalition, les trois partis ont ouvert la perspective d'une taxation individuelle, un processus qui ne peut réussir qu'à l'aide de procédures transitoires».
«Augmenter l'offre sur le marché du logement»
«La société a beaucoup changé», ajoute-t-il. «Beaucoup de couples ne veulent plus se marier, d'autres divorcent et d'autres veulent rester célibataires. Les modes de vie ont changé et le régime fiscal doit en tenir compte». Une référence ici aux propos de Taina Bofferding (LSAP), ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
À cette question s'ajoutent l’épineux sujet du logement et l’impérieux besoin de faire coïncider fiscalité et développement durable, deux thèmes qui seront au centre de la future réforme, annoncée pour 2020.
Lire aussi :Des mesures pour maîtriser la pénurie de logements
En ce qui concerne le premier point, «notre objectif est de prendre des mesures pour augmenter l'offre sur le marché». A ses yeux, la faiblesse des taux d'intérêt fait de l'immobilier un objet d'investissement idéal et «qui fait monter les prix en flèche.»
Pierre Gramegna: «Etant donné que les dépenses pour 2019 sont conformes aux prévisions et que les recettes devraient être légèrement supérieures, nous pouvons être très optimistes quant au budget de l'année prochaine.» © PHOTO: Guy Wolff
En ce qui concerne le premier point, «notre objectif est de prendre des mesures pour augmenter l'offre sur le marché». A ses yeux, la faiblesse des taux d'intérêt fait de l'immobilier un objet d'investissement idéal et «qui fait monter les prix en flèche.»
Le Luxembourg leader de la micro-finance durable
Cheville ouvrière de la «coalition des ministres des Finances pour l’action climatique» lors de la session de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, Pierre Gramegna milite pour établir des standards en matière de finance climatique.
«Le bénéfice n'est plus calculé uniquement sur la base du bénéfice financier, mais aussi sur les dommages causés à l'environnement. Dans le domaine de la micro-finance durable et des fonds d'investissement (ESG Funds), le Luxembourg est déjà l'un des leaders mondiaux.»
Dans cet ordre d’idée, le ministre participera au Sommet mondial sur le climat en décembre prochain au Chili. «D'une part, je veux montrer ce que fait le Luxembourg dans le domaine de la finance verte. D'un autre côté, je veux aussi savoir ce que font d'autres pays et ensuite ramener ces connaissances chez moi.»
Lire aussi :