Pour Asselborn, l'économie russe ne s'est pas effondrée
Le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration a tenu une conférence de presse sur les développements de la guerre en Ukraine ainsi que sur la situation des réfugiés.
Le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration, Jean Asselborn, estime que la Russie ressentira bientôt les sanctions de l'Occident. © PHOTO: Anouk Antony
Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP) a échangé ce mardi avec les membres de la commission parlementaire compétente sur la situation actuelle des réfugiés au Luxembourg, ainsi que sur les derniers développements au niveau de l'Union européenne en matière de politique ukrainienne et russe.
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En ce qui concerne les restrictions d'entrée des citoyens russes dans l'UE, Jean Asselborn s'est montré satisfait de l'accord des États membres de continuer à accorder des visas: «Chaque pays de l'UE peut décider lui-même et refuser des visas sans devoir le justifier.» Le ministre voit d'un œil critique un arrêt général des visas pour les citoyens russes, notamment «parce que la Russie s'est transformée en dictature et que les personnes qui critiquent publiquement le régime sont matraquées et emprisonnées». «On ne peut pas dire que tous les Russes sont responsables de cette situation.» Selon lui, il est également important, en perspective de l'avenir et de l'après-guerre, que des contacts soient maintenus.
2.000 Russes vivent au Luxembourg
Selon Jean Asselborn, le Luxembourg a délivré 440 visas aux Russes entre le 1er janvier et le 31 août 2022, contre 2.104 visas lors de la même période en 2019. La plupart de ces documents ont été délivrés à des voyageurs économiques, tandis que 184 ont été délivrés à des familles. «Ne serait-ce que pour des raisons familiales, nous souhaitons maintenir les visas pour les citoyens russes», a déclaré l'homme d'État.
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En ce qui concerne les sanctions contre la Russie, Jean Asselborn a constaté que la Russie s'en sortait bien économiquement, notamment grâce à l'augmentation des prix des énergies fossiles. Le pays a ainsi plus d'argent dans ses caisses que l'année dernière, en raison de la baisse des importations, et ce, malgré un effondrement de son volume d'exportations. Le ministre s'attend toutefois à ce que les sanctions aient des répercussions dans d'autres domaines, comme ceux de l'innovation, de la numérisation et de l'automatisation, en raison du départ de grands investisseurs. La Russie ressentira également bientôt les sanctions dans le domaine de l'aviation ou de l'industrie automobile.
Nous devons maintenir la pression. Bientôt, les Russes se rendront compte de ce que leur président est en train de faire.
Pour le ministre, il n'est pas question d'accéder à la demande de la Russie de lever les sanctions en échange de livraisons de gaz. «L'UE ne peut pas faire cela. Elle cracherait sur ses propres valeurs.» En outre, il est illusoire de penser que les prix de l'énergie baisseront en raison de la levée de certaines sanctions, a-t-il ajouté. «Nous devons maintenir la pression et dans quelques mois, les Russes se rendront compte de ce que leur président est en train de faire. La Russie sera ramenée des décennies en arrière.»
602 nouveaux lits
Le ministre des Affaires étrangères a souligné que l'objectif n'avait jamais été de provoquer un effondrement de l'économie, mais bien de priver Poutine des moyens de poursuivre la guerre, et de le forcer à revenir à la table des négociations. «Les sanctions sont une réponse de l'Occident à une grave violation du droit international. Nous défendons ici les valeurs démocratiques.»
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Selon Jean Asselborn, la situation d'accueil des réfugiés au Luxembourg s'est récemment améliorée, qu'il s'agisse des réfugiés ukrainiens ou des autres. Certes, les 4.472 lits des 55 structures pour demandeurs d'asile sont occupées à 95,7%. Mais d'ici à la fin de l'année, 602 lits viendront s'y ajouter, dont 199 à Weilerbach, 197 dans l'ancien bâtiment du Luxemburger Wort à Gasperich, 39 rue Laurent Ménager dans la capitale, 23 rue Victor Hugo à Differdange, 120 près de l'hôpital du Kirchberg ainsi que 24 à Mertert.
Le ministre des Affaires étrangères est toutefois préoccupé par les derniers chiffres de demandes d'asile. En août, plus de 200 personnes ont déposé leur dossier, et l'afflux se poursuit en septembre, «dont 50 rien que lundi de cette semaine», a déclaré Jean Asselborn.
Relocalisation de réfugiés
Les structures d'accueil pourraient par ailleurs connaître un afflux massif de réfugiés. Une situation que le ministre attribue à la crise économique qui pousse plusieurs familles d'accueil à demander aux réfugiés qu'elles ont accueillis de partir. Actuellement, 110 réfugiés sont dans ce cas de figure.
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Certains logements seront également agrandis, notamment dans le bâtiment T au Kirchberg. Il est prévu d'y créer 780 lits supplémentaires. L'objectif est de reloger toutes les personnes hébergées dans des tentes avant l'hiver. En outre, huit hébergements temporaires (hôtels, auberges de jeunesse et centres culturels) fermeront prochainement leurs portes.
Le Luxembourg participe par ailleurs à la relocalisation de réfugiés en provenance des pays du pourtour méditerranéen, et s'est engagé à accueillir 50 personnes. Les 15 premières personnes seront transférées d'Italie vers le Luxembourg avant la fin de l'année.
Si nous faisons quelque chose, ce n'est pas seulement pour Passerell, mais pour toutes les organisations du secteur des droits de l'homme.
En ce qui concerne l'organisation de défense des droits de l'homme Passerell, et ses difficultés financières, Jean Asselborn a indiqué que tant le ministère de la Justice que le ministère des Affaires étrangères avaient soutenu financièrement l'association dans la mesure du possible, de sorte que son existence soit assurée jusqu'à la fin de l'année. «Nous discutons au sein du gouvernement de la manière de procéder par la suite», a ajouté l'homme politique, qui a rappelé que c'était à l'État de représenter les réfugiés devant les tribunaux. «Toute la procédure est l'affaire de l'État, pas des ONG», a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration. «Si nous faisons quelque chose, ce n'est pas seulement pour Passerell, mais pour toutes les organisations du secteur des droits de l'homme.»
L'association avait lancé un appel aux dons cet été. Comme elle l'a annoncé mardi, l'appel a été couronné de succès, ce qui permet de maintenir les activités jusqu'à la fin de l'année. L'association demande aux ministres compétents d'entamer un dialogue avec le secteur des droits de l'homme afin de trouver une solution durable.
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