Pour un gouvernement «plus transparent et ouvert»
Même si de nombreux points séparent déi Lénk des Piraten, Marc Baum (déi Lénk) et Sven Clement (Piraten) s'accordent sur la nécessité de clarifier la notion de protection des données et l'obligation, pour l'exécutif, d'introduire des réformes institutionnelles.
© PHOTO: Guy Jallay
(Jmh avec Patrick Besch) - Sept mois après l'entrée en fonction des nouveaux membres du Parlement, la coalition DP-Déi Gréng-LSAP se trouve plus que jamais sous l’œil de l'opposition. En lien notamment avec la polémique née autour de l'exploitation supposée des données de la police et plus globalement de la notion de protection des données. Un sujet autour duquel déi Lénk et Piraten s'accordent afin d'obtenir «des modifications» à l'avenir afin de «mieux contrôler le gouvernement».
C'est cette logique qui pousse Sven Clement à justifier l'activité parlementaire des deux députés élus sous la bannière des Piraten, auteur de centaines de questions parlementaires. «Au cours des dix années d'existence de notre parti, un grand nombre de questions se sont accumulées sur tous les sujets», assure le député qui assure vouloir «obtenir des faits» afin de pousser le gouvernement à être «plus transparent et ouvert».
Sven Clement (Piraten) et Marc Baum (déi Lénk) s'accordent sur la nécessité de renforcer le pouvoir du Parlement, face au gouvernement. © PHOTO: Guy Jallay
Pour Marc Baum (déi Lénk), ce contrôle de l'activité gouvernementale ne passe pas tant par la multiplication des questions posées aux membres de l'exécutif que par la participation active au sein des commissions parlementaires afin d'obtenir «une influence directe sur les lois». Une différence d'approche que les deux partis d'opposition balaient d'un revers de main quand il s'agit d'évoquer le fonctionnement même du système parlementaire actuel.
Un système «qui maintient délibérément les petits partis à distance», selon la formule de Sven Clement qui estime «ne plus vivre dans un monde où seuls quelques notables décident de l'avenir du pays et où le peuple doit accepter ces décisions». Pour Marc Baum, cette tradition a créé une situation dans laquelle «le Parlement était une institution qui hochait la tête et donnait aux gouvernements la majorité nécessaire pour mener leurs politiques».
Pour Marc Baum (déi Lénk), «l'absence de vision commune à long terme» caractérise l'actuel gouvernement. © PHOTO: Guy Jallay
La donne serait donc amenée à changer au vu des récentes évolutions dans les urnes. Que ce soit la présence du CSV dans les rangs de l'opposition pour la deuxième législature consécutive ou la présence de Déi Gréng au gouvernement, parti pourtant longtemps perçu comme «un parti d'opposition éternel». Autant de changements qui poussent Marc Baum à croire en un changement prochain dans «la faiblesse du Parlement», bien que «le DP soit le seul parti qui s'oppose constamment aux réformes institutionnelles».
Interrogés sur les erreurs commises par le gouvernement depuis le début de cette nouvelle législature, déi Lénk et Piraten pointent du doigt sur l'«absence de vision commune à long terme», illustrée selon eux par les déclarations réalisées autour des bases de données de la police et de la justice. Des déclarations qui montreraient non seulement que «le gouvernement n'a pas réussi à ouvrir les fenêtres dans tous les domaines» et que «les électeurs perdent confiance dans la capacité de l'exécutif à résoudre les problèmes».
Pour Sven Clement (Piraten), l'affaire du SREL «semble insignifiante» en comparaison des dysfonctionnements relevés dans la gestion des données personnelles. © PHOTO: Guy Jallay
Pour mettre fin à la polémique, les deux partis plaident pour la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, seul moyen selon eux de répondre aux questions encore en suspens. Que ce soit sur les raisons qui poussent l'État à recueillir ces données, l'utilisation de ces dernières ou bien encore sur l'ampleur du phénomène. Des questions qui, selon Sven Clement, vont bien au-delà du scandale des services secrets qui avait abouti à la chute de Jean-Claude Juncker et du CSV à la tête de l'État.
«Rétrospectivement, cette affaire semble insignifiante par rapport à ce qu'il se passe actuellement», estime le député qui s'étonne que «ceux qui criaient le plus fort il y a six ans pensent maintenant que la fin justifie tous les moyens».