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Jour du dépassement

Pourquoi le Luxembourg vit-il déjà à crédit?

En seulement 45 jours, le Grand-Duché a consommé plus de ressources qu'il ne peut en produire en une année. Un triste record lié aux émissions de CO2 du pays, en raison de l'exportation de produits pétroliers.

Le Luxembourg est le deuxième pays au monde à atteindre le jour du dépassement cette année, après le Qatar.

Le Luxembourg est le deuxième pays au monde à atteindre le jour du dépassement cette année, après le Qatar. © PHOTO: AFP

Journaliste

Si l'ensemble de l'humanité vivait au même rythme que le Luxembourg, il faudrait huit planètes pour subvenir aux besoins de la population. Ce 14 février, le Grand-Duché a atteint son «jour du dépassement», comprendre le moment où le pays a dépensé plus de ressources que celles qu'il peut produire en un an. Cette année, l'échéance tombe un jour plus tôt qu'en 2021, et très exactement quatre jour après que le Qatar a dépassé ce seuil critique.

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Au niveau mondial, le jour du dépassement a généralement lieu au cours de l'été. En 2020, il avait exceptionnellement enregistré un recul de trois semaines par rapport à 2019, qui s'expliquait par la réduction drastique des activités humaines liée à la pandémie de covid-19. Un recul qui n'a pas duré, puisqu'en 2021, le Earth Overshoot Day est tombé le 29 juillet, soit près d'un mois plus tôt qu'en 2020. L'année dernière, il aurait donc fallu 1,7 fois la Terre pour subvenir aux besoins de l'humanité.

Ce jour correspond donc à une moyenne mondiale, mais certains pays sont beaucoup plus gourmands en ressources que d'autres. Le Grand-Duché, donc, ne met seulement que 45 jours à atteindre cette date fixée par l'ONG américaine Global Footpring Network. Un rythme qui le place largement en tête des Européens, puisqu'à titre comparatif, le jour du dépassement est fixé au 26 mars pour la Belgique, au 4 mai pour l'Allemagne et au 11 mai pour la France. A noter que l'ensemble de ces pays, à l'exception de la France, ont vu leur échéance se raccourcir, synonyme d'un bilan carbone toujours plus négatif.

Seul le Qatar fait pire que le Luxembourg

Seul le Qatar fait pire que le Luxembourg © PHOTO: Global Footprint Network

Pour calculer cette date, l'ONG divise la quantité de ressources écologiques que la Terre peut générer sur l'année par l'empreinte écologique de l'humanité et en multipliant le tout par 365, le nombre de jours. Les rejets de CO2, l'agriculture, la pêche ou encore l'utilisation des terres rentrent en compte dans le calcul qui permet d'estimer la capacité de production du pays. Alors que le gouvernement luxembourgeois s'est fixé pour objectif une baisse de 50 à 55% des émissions de CO2 d'ici 2030, le bilan des émissions du Grand-Duché est très négatif, en raison notamment de l'exportation de produits pétroliers.

Une situation spéciale

Mais s'il y a un détail qui ne rentre pas en compte dans l'addition de ces facteurs négatifs, c'est la situation spéciale dans laquelle se trouve le Luxembourg par rapport à ses voisins. Ce calcul se basant sur le nombre d'habitants de chaque pays, les travailleurs frontaliers ne sont pas pris en compte. Pourtant, ces derniers, qui représentent une part considérable du marché du travail luxembourgeois, participent à l'empreinte écologique du pays. La présence d’industries très consommatrices en énergie dans le pays, le tourisme à la pompe, mais également sa taille sont aussi à prendre en compte.

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S'il s'agit d'une moyenne à l'échelle nationale, ces huit planètes ne sont peut être pas consommées par l'ensemble des résidents luxembourgeois. Pour savoir quel impact son mode de vie a sur la planète, l'ONG a mis en ligne une calculatrice. Sous forme de quiz interrogeant le répondant sur son logement, ses habitudes de transport ou son mode d'alimentation, ce site permet d'obtenir des astuces pour réduire son empreinte carbone.

Côté lutte contre le changement climatique, il y a donc encore du boulot au Luxembourg, et le gouvernement en est conscient. En janvier, les membres du «KlimaBiergerRot», le bureau du citoyen pour le climat ont ainsi été réunis, à l'initiative de l'exécutif. Composée par 100 personnes, cette institution vise à recueillir des propositions d'action contre le réchauffement climatique, qui pourraient être intégrées à la politique du gouvernement luxembourgeois. Des idées qui pourront être incluses dans la prochaine version du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), qui doit être révisé en 2023.

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