Pourquoi les mineurs se rebellent-ils en prison ?
Critique sévère de l'Unisec : Claudia Monti et Charel Schmit présentent leurs rapports spéciaux à la Chambre.
L'Unisec : un bunker gris et triste qui laisse peu de place à la joie de vivre. © PHOTO: LW-Archive
Le député CSV Léon Gloden s'est montré «choqué et profondément affecté» mercredi après la réunion commune des commissions de l'éducation et de la justice : la contrôleuse externe des établissements de privation de liberté, la médiatrice Claudia Monti, et l'ombudsman fir Kanner a Jugendlecher (Okaju), Charel Schmit, avaient présenté leurs rapports spéciaux publiés en mars sur le Centre socio-éducatif de l'Etat (Unisec) à Dreiborn.
Lire aussi :Les jeunes délinquants dans un désert criminologique
Ce n'est qu'au début de l'année que l'Unisec a de nouveau fait les gros titres. Le 8 janvier dernier, lorsqu'une rébellion de jeunes a éclaté à l'Unisec, que la police a été appelée et que deux mineurs ont été emmenés à Schrassig, et le 28 janvier, lorsque la police a dû intervenir une nouvelle fois parce que plusieurs jeunes s'étaient mis à vandaliser une salle commune.
Manque de personnel et taux de rotation élevé
Les premières visites de contrôle des deux médiateurs ont eu lieu dès l'été 2021. «La situation était déjà préoccupante à l'époque», constate Claudia Monti dans une déclaration commune, en évoquant le manque de personnel de sécurité, le taux de fluctuation du personnel d'encadrement et les profils hétérogènes des jeunes. Tout cela conduit à une situation tendue.
Après les violences, au cours desquelles des personnes ont été blessées, les deux institutions se sont à nouveau rendues à Dreiborn en février. On voulait comprendre pourquoi de tels incidents se produisaient afin de pouvoir les prévenir. Le médiateur pour enfants et adolescents, Charel Schmit, a également répondu au souhait des jeunes concernés de pouvoir exposer leur point de vue.
Après ces entretiens et des discussions avec le personnel, la direction et la police, la situation se présente ainsi pour Schmit : les jeunes se plaignent d'être enfermés pendant des mois sans savoir, contrairement aux adultes en prison, pourquoi et pour combien de temps encore. Ils auraient pourtant le droit d'être informés en temps réel des éléments importants de leur privation de liberté et des conditions de leur libération, souligne Schmit. Il a également été constaté que des expertises psychiatriques étaient reportées pendant des mois et que des séjours étaient ainsi prolongés à plusieurs reprises.
Recommandations et plan d'action
Les rapports et la déclaration commune ont été présentés aux représentants de la commission de surveillance et de coordination de l'Unisec, composée de trois membres délégués respectivement par les ministères de l'Education et de la Justice. Ceux-ci souhaitent maintenant élaborer un plan d'action.
Parmi les principales recommandations faites à l'Unisec:
l'Unisec recrute suffisamment d'agents de sécurité correspondant au profil et à l'effectif théorique,
un psychiatre ainsi qu'un infirmier psychiatrique doivent être engagés
l'infrastructure doit être davantage adaptée aux besoins des jeunes,
une meilleure gestion de la transition vers l'autonomie
Claudia Monti espère maintenant que les droits des mineurs dans la procédure pénale seront renforcés par la réforme de la protection des mineurs et l'introduction du droit pénal des mineurs et qu'une peine de prison sera le dernier recours. Pour Schmit, le succès d'une intervention de l'Unisec dépend de la cohérence de la base légale, qui doit respecter les droits de l'enfant et les droits fondamentaux, de l'infrastructure et des concepts socio-pédagogiques et criminologiques.
Le CSV demande des mesures à court et à long terme
«Il y a un manque de personnel, mais aussi de la formation nécessaire chez les animateurs et les surveillants. Il n'y a pas de plan de crise lorsqu'un jeune pète les plombs, on ne sait pas qui appeler. Les jeunes végètent sans perspectives. Ils sont censés participer à l'enseignement scolaire, mais s'ils ne le veulent pas, on est déjà content qu'ils viennent dans la salle de classe. Il n'y a pas de préparation à la sortie ni de suivi», énumère Léon Gloden.
«Nous ne savions pas que c'était si grave».
Il demande maintenant que les mesures recommandées soient mises en œuvre à court terme : une prise en charge socio-pédagogique et psychiatrique adéquate, une meilleure coopération entre les autorités et des perspectives pour les jeunes. A long terme, l'infrastructure doit être améliorée - Léon Gloden parle d'un «bunker gris» - et il faut éventuellement penser à une décentralisation. Et : «Il est important que les lois sur la protection des mineurs et sur le droit pénal des mineurs soient appliquées le plus rapidement possible».
Lire aussi :Le Luxembourg adapte sa justice aux mineurs
Entre-temps, Monti et Schmit demandent également de toute urgence un statut juridique pour les mineurs non accompagnés - y compris ceux qui ne font pas l'objet d'une procédure d'asile - et leur accueil dans des structures d'aide pour les enfants et les familles. Avec un programme de sortie spécifique pour les sortir du cercle vicieux de la traite des êtres humains, de l'illégalité, du sans-abrisme et de la criminalité.
Il ne faut en tout cas pas les mettre dans le même sac que les mineurs qui relèvent de l'Unisec et qui auraient besoin d'une tout autre prise en charge thérapeutique. Et en aucun cas les mineurs ne devraient être placés dans des établissements pénitentiaires pour adultes.