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Besoin de plus de structures

Presque autant de réfugiés qu'au moment de la crise de 2015

Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn s'est exprimé sur les nouvelles structures d'accueil, la situation actuelle des réfugiés et les critiques de l'association LUkraine.

40 chambres de trois personnes chacune et une capacité maximale de 120 lits. Depuis l'ouverture de la nouvelle structure d'accueil "Kirchberg 1", rue Dr. Nicolas Clasen, le 29 décembre 2022, environ 44 personnes y ont séjourné.

40 chambres de trois personnes chacune et une capacité maximale de 120 lits. Depuis l'ouverture de la nouvelle structure d'accueil "Kirchberg 1", rue Dr. Nicolas Clasen, le 29 décembre 2022, environ 44 personnes y ont séjourné. © PHOTO: Anouk Antony

En 2022, l'Etat luxembourgeois a accordé le statut de protection internationale à 2.263 personnes - environ 200 de moins qu'au moment de la crise des réfugiés en 2015. Pour le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP), il s'agit d'une situation particulière à laquelle le Luxembourg n'est toutefois pas seul à être confronté. D'autres pays européens ont également constaté une augmentation des demandes de statut de protection internationale au cours de l'année dernière, a expliqué Jean Asselborn lors de la présentation de la nouvelle structure d'accueil «Kirchberg 1», rue Dr Nicolas Clasen.

Quelque 44 personnes y vivent depuis le 29 décembre. Avec une capacité totale de 120 lits, répartis en 40 chambres pouvant accueillir chacune trois personnes, la nouvelle structure, en construction depuis 2019, doit permettre de désengorger davantage l'accueil des personnes en quête de protection.

Car bien que le Grand-Duché ait plus que triplé ses capacités d'accueil depuis 2014, passant de 2.000 à 7.300 lits, le système pourrait atteindre ses limites à l'avenir. 7.209 personnes bénéficiant d'un statut de protection internationale ou temporaire sont en effet actuellement hébergées au Luxembourg. En juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères avait déjà indiqué que les structures d'accueil étaient occupées à 95,8 %. En raison de l'augmentation des effectifs et des réfugiés qui ont déjà quitté le pays, seuls 87,9 % des structures sont encore occupées aujourd'hui.

Le bâtiment de la nouvelle structure d'accueil "Kirchberg 1", rue Dr. Nicolas Clasen au Kirchberg.

Le bâtiment de la nouvelle structure d'accueil "Kirchberg 1", rue Dr. Nicolas Clasen au Kirchberg. © PHOTO: Anouk Antony

De nouvelles augmentations sont cependant prévues pour le premier trimestre 2023 : 20 lits de plus dans l'ancien bâtiment «Creos» de la rue de Hollerich et 39 lits de plus dans la structure d'accueil Victor Hugo à Differdange. Deux nouvelles structures devraient en outre être ouvertes durant cette période. Une à la rue Laurent Ménager au Pfaffenthal avec 39 lits et le bâtiment C1 au «Bâtiment T» au Kirchberg avec 156 lits.

En outre, Jean Asselborn a confirmé que des personnes réfugiées qui étaient hébergées dans la structure de la rue Tony Rollman ont dû changer de site en raison de la surcharge des systèmes de chauffage dans les halls de tentes. 270 personnes sont concernées. Entre-temps, 77 d'entre elles restent dans la structure d'accueil du Kirchberg.

Le ministre a salué mercredi le signal que le Luxembourg envoie aux personnes en fuite en augmentant les capacités d'accueil : «Si on réduit les capacités, les gens se sentent mal à l'aise et veulent partir. Il y a des pays dans l'UE qui appliquent sciemment ce principe. Et d'autres, comme la Belgique, qui n'atteignent pas nos chiffres». Avec seulement cinq fois plus de structures d'accueil que le Luxembourg, la Belgique est en retard sur les attentes. «Par rapport à leur population, les Belges devraient en avoir 20 fois plus», a déclaré Jean Asselborn. Un manquement qui a pour conséquence que davantage de personnes se mettent en route vers le Luxembourg.

Le statut peut être prolongé de six mois

Un autre phénomène qui fait grimper le nombre de bénéficiaires d'une protection internationale est la campagne électorale à venir en Turquie, constate le ministre. Le président turc Erdogan saisit l'occasion de la précampagne électorale pour renvoyer une partie des 3,8 millions de réfugiés syriens dans leur pays d'origine. «Mais ils ne le font pas, ils viennent en Europe», ce qui explique pourquoi près de 50% des demandeurs de protection internationale au Luxembourg sont originaires de Syrie - exactement 1.008 personnes selon les données du ministre. Outre les Syriens, la plupart des bénéficiaires de cette protection proviennent surtout d'Érythrée (354), de Turquie (94) et du Venezuela (85).

Si l'on réduit les capacités, les gens se sentent mal à l'aise et veulent alors partir. Certains pays de l'UE appliquent délibérément ce principe.
Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP)

Lors de la conférence de presse de mercredi, M. Asselborn a également souligné que 140 mineurs non accompagnés bénéficiant d'une protection internationale se trouvaient actuellement dans le pays. Il s'agit d'«enfants sacrifiés», envoyés par leurs parents afin d'obtenir un statut de séjour légal par le biais du regroupement familial. «Je ne peux pas critiquer cette procédure. Pour certaines personnes, il semble que ce soit le seul moyen de quitter leur pays», a commenté le ministre, faisant ainsi le lien avec le nombre de personnes qui sont arrivées au Luxembourg via le regroupement familial : environ un quart de toutes les personnes bénéficiant d'une protection internationale.

En ce qui concerne la situation des personnes ayant fui l'Ukraine, les 5.087 personnes concernées peuvent faire prolonger de six mois leur statut qui expire le 4 mars. Même si Jean Asselborn souligne que seuls 4.600 d'entre eux restent encore au Luxembourg. Environ 400 réfugiés auraient quitté le pays et seraient soit retournés en Ukraine, soit auraient poursuivi leur route. Selon le ministre, les réfugiés qui ont obtenu le statut de protection temporaire du Luxembourg ont déjà été contactés directement.

À chaque étage se trouvent deux cuisines dans lesquelles les résidents de la structure d'accueil peuvent préparer leurs propres repas.

À chaque étage se trouvent deux cuisines dans lesquelles les résidents de la structure d'accueil peuvent préparer leurs propres repas. © PHOTO: Anouk Antony

Asselborn sur les critiques de LUkraine

Le ministre Asselborn a également profité de la conférence de presse pour répondre publiquement aux critiques du président de LUkraine ASBL, formulées par Nicolas Zharov la semaine dernière sur la radio 100,7. Selon lui, il y avait souvent des problèmes d'approvisionnement en eau et de chauffage au «Bâtiment T» et à la SHUK (structure d'hébergement d'urgence Kirchberg).

Jean Asselborn a précisé que la ventilation et le chauffage du bâtiment T fonctionnaient. Toutefois, les douches et les toilettes d'un étage sont tombées en panne un jour, ce qui a incité les occupants des lieux à utiliser les installations sanitaires d'autres étages. Il y aurait également eu des problèmes avec les machines à laver et les sèche-linge. «Mais si quelque chose se casse ou ne fonctionne pas, on le signale immédiatement et nous faisons de notre mieux pour que tout fonctionne à nouveau», a réaffirmé le ministre.

Je voulais juste rectifier tout cela. Mais ils peuvent dire ce qu'ils veulent. Nous ne sommes pas chez Poutine, la critique est permise.
Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP)

En ce qui concerne la nourriture, tout a été pris en charge jusqu'à présent. Il y aura des portions supplémentaires pour les personnes qui en ont besoin, des horaires de repas plus flexibles et des fruits seront distribués pendant la journée.

A la question de savoir si l’ASBL LUkraine indiquait par ses déclarations que le ministre trompait sciemment le public, Jean Asselborn s'est montré conciliant : «Je voulais juste rectifier tout cela. Mais ils peuvent dire ce qu'ils veulent. Nous ne sommes pas chez Poutine, la critique est permise».

Cet article a été initialement publié sur le site du Luxemburger Wort.

Traduction: Mélodie Mouzon

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