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Santé

Quand le covid implique un traitement au long cours

Passée l'infection virale, certains patients gardent des séquelles du passage du virus dans leur organisme. CHL, Rehazenter et le domaine thermal de Mondorf ont décidé de faire cause commune pour accompagner ces malades.

Pour le Dr Schütz, directeur du Rehazenter : «On aurait tort de croire que guérir du covid c'est juste se débarrasser d'un problème infectieux ou respiratoire».

Pour le Dr Schütz, directeur du Rehazenter : «On aurait tort de croire que guérir du covid c'est juste se débarrasser d'un problème infectieux ou respiratoire». © PHOTO: Guy Jallay

Patrick Jacquemot

«Ils étaient guéris selon les virologues, mais ils témoignaient encore d'une souffrance, d'une difficulté.» C'est ainsi que le Dr Gaston Schütz se souvient de l'arrivée, à la mi-2020, des premiers patients post-covid qui se sont présentés au Rehazenter qu'il dirige. Depuis, la science a mis un nom sur la pathologie affectant ces hommes et femmes indisposés même après le traitement de leur infection : les covid longs. «Sur les plus de 70.000 personnes testées positives au Luxembourg, on estime leur nombre à 700 aujourd'hui».

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Mais derrière le terme, force est de reconnaître que l'on sait encore peu de choses sur la pathologie. «C'est comme si chaque covid long était différent...» Un manque de souffle chez les uns, des douleurs inattendues chez les autres, une moindre agilité, un état de fatigue qui dure, des insomnies fréquentes, la perte du goût ou de l'odorat : voilà les séquelles les plus fréquentes. Sauf qu'au fil du temps, il a aussi fallu se rendre à l'évidence que certains sujets développaient des problèmes de mémoire, des troubles d'anxiété, un état dépressif, parfois une dépréciation d'eux-mêmes.

«Aujourd'hui encore, avoue le directeur général du Rehazenter, il faut reconnaître que l'on a plus d'interrogations autour des formes que peut prendre le covid long que de réponses.» N'empêche, autorités sanitaires et blouses blanches luxembourgeoises se retrouvent sur un point : la prise en charge de ces patients peut s'améliorer. «Au Rehazenter, je sais que j'ai créé un plateau dédié à la rééducation de ces malades, avec un programme travaillé avec les ergothérapeutes et kiné mais que font les autres et quels résultats ils obtiennent, je ne le savais pas.»

D'où le plan dévoilé, mercredi, par la ministre de la Santé basé sur quatre acteurs des soins : les généralistes à la base, et le CHL, le Rehazenter et le domaine thermal de Mondorf pour le suivi et la prise en compte des personnes frappées par «ce drôle de syndrome post-traumatique».

Passé le signalement par les cabinets médicaux, deux infirmiers basés au CHL joueront les case managers. Autrement dit évalueront les dossiers, et orienteront les patients vers tel ou tel établissement ou via le réseau libéral en fonction de la nature des soins à apporter et de la gravité des cas. La mission de ces case managers consistera ensuite à recenser les améliorations (ou non) dans l'état de santé des sujets en lien avec la thérapie pratiquée.

Un numéro, une adresse

Il est possible de se renseigner sur le nouveau parcours proposé aux covid longs, soit en téléphonant au 4411 4870, soit en adressant une demande à l'adresse covid-long@chl.lu.

«Il faut tenter d'établir quel profil nécessite quel type de prise en charge pour s'en sortir. Cela en s'appuyant sur notre expérience nationale et toute la littérature qui peut sortir sur le sujet», espère le Dr Schütz et ses partenaires.

Ainsi, bien loin des soins qu'il apporte traditionnellement à ses curistes, le domaine de Mondorf proposera des séances pour que les malades qui lui seront envoyés retrouvent le sens des odeurs et des saveurs. Plusieurs de ses personnels ont été envoyés en formation pour cela.

Les rééducations motrices ou respiratoires resteront confiées au secteur hospitalier pour les cas les plus atteints. «Le Luxembourg Institute of Health (LIH) fait également partie du plan. Ses chercheurs analysant les retours d'expérience des patients». Des informations qui permettront éventuellement de réviser ou compléter le parcours de prise en charge.

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«Il faut bien se rendre compte que pour les soignants de toute la planète, quelle que soit leur spécialité, il s'agit d'une maladie jeune, on tâtonne donc encore pour son suivi, mais on va tous y arriver», positive le Dr Schütz.

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