Quand les "anti-pass" ont pris d'assaut les marchés de Noël
Il y a un an, l'ambiance s'est enflammée lors d'une manifestation contre le pass sanitaire dans la capitale. Le début d'une vague de protestation qui allait durer des mois.
Le 4 décembre 2021, on pouvait lire sur plusieurs affiches des propos révisionnistes de l'histoire. © PHOTO: Elena Arens
Devant la place de la Constitution, l'ambiance a basculé. Des manifestants ont renversé des barrières, ont enfreint les règles du Covid-Check en vigueur à l'époque et ont pris d'assaut le marché de Noël de la Gëlle Fra. Près de ce monument commémoratif, qui rappelle les victimes des guerres mondiales passées et donc aussi l'époque du nazisme, des manifestants cagoulés ont dévoilé une bannière.
Le Covid-Check y est assimilé à l'étoile juive, l'identification obligatoire et inhumaine de l'époque du Troisième Reich. Ce ne sont pas les seules minimisations de l'Holocauste que l'on a pu entendre ou lire sur des affiches ce jour-là. Et ce n'est pas non plus la dernière escalade.
Il y a un an, le 4 décembre 2021, les protestations contre la loi Covid ont pris une nouvelle ampleur. La manifestation n'avait pas été déclarée au préalable. Cependant, après l'annonce par le gouvernement, quelques jours auparavant, d'un durcissement des règles sanitaires, des appels à un «rassemblement national» avaient été diffusés sur les réseaux sociaux.
Selon la police, environ 2.000 manifestants se sont rassemblés dans la capitale. Au cours de l'après-midi, ils se sont dispersés dans le centre-ville. Le marché de Noël de la place d'Armes a également été pris d'assaut après que des personnes cagoulées ont arraché les barrières.
La police a également dû bloquer les entrées de la Chambre pour des raisons de sécurité, car la situation y était tendue. Plus tard, un groupe s'est rendu jusque devant la maison du Premier ministre, où les manifestants ont réclamé sa démission en chœur, ont jeté des œufs et endommagé la voiture du mari de Xavier Bettel.
Les manifestants s'étaient rassemblés sur la Kinnekswiss avant de se diriger vers le centre-ville. © PHOTO: Elena Arens
Introduction d'une zone de manifestation
Quelques jours plus tard, le ministre de la Sécurité intérieure Henri Kox a annoncé des conséquences de ces débordements. Désormais, les manifestations ne pouvaient avoir lieu que dans un couloir défini entre le champ des Glacis et la place de l'Europe au Kirchberg. Les policiers ont également obtenu un droit étendu de contrôle d'identité, une possibilité qui n'a été introduite qu'avec la réforme de la police de 2018 et qui peut être utilisée pour prévenir un danger imminent.
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Pour encadrer une manifestation anti-pass sanitaire le week-end suivant, la police a non seulement misé sur un dispositif plus important, mais elle a également été aidée par des agents venus de Belgique. Lorsque des participants à la manifestation ont tenté de quitter le périmètre de la manifestation, des affrontements ont éclaté. Un canon à eau de la police belge a été utilisé pour les repousser.
En fin d'après-midi, une partie des manifestants est néanmoins parvenue à pénétrer dans le centre-ville et a continué en direction des marchés de Noël. La police a toutefois réussi à leur barrer la route. En début de soirée, la manifestation s'est dispersée.
Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue. Un homme a même été placé en détention provisoire. Alors âgé de 28 ans, il s'était rendu à la manifestation armé d'un couteau et d'un poing américain. Cet habitant de l'ouest du pays a été arrêté dès le début de la manifestation après avoir tenté de se soustraire à un contrôle d'identité de la police. Fin décembre, il a été remis en liberté sous conditions.
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Un homme qui a été arrêté une semaine plus tard, quelques heures seulement avant une autre manifestation, a également dû être placé en détention provisoire. De la poudre noire d'une valeur de plusieurs dizaines de kilos a notamment été saisie dans l'appartement de cet individu alors âgé de 30 ans, à Grevenmacher.
Il est également considéré comme l'auteur de plusieurs attaques contre des policiers avec des fusées de feu d'artifice et d'autres engins pyrotechniques lors de la manifestation du 11 décembre. Une analyse de la présence de l'homme sur les réseaux sociaux dessine un profil clairement d'extrême droite. Depuis fin février, il est à nouveau en liberté, sous contrôle judiciaire.
Un jeu du chat et de la souris qui dure depuis des semaines
Les autorités chargées de l'enquête pénale et les tribunaux risquent d'être occupés encore un bon moment par les conséquences des manifestations anti-pass. Jusqu'à la mi-janvier, des protestations ont eu lieu à plusieurs reprises en dehors du corridor de la manifestation. Après avoir joué au chat et à la souris pendant des semaines, la police avait ensuite mis fin prématurément à une nouvelle manifestation non déclarée d'opposants aux mesures sanitaires le 15 janvier.
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Les forces de l'ordre ont bloqué le cortège après quelques centaines de mètres seulement sur l'avenue de la Liberté, entre la rue Glesener et la place de Paris. Les esprits se sont échauffés. Les forces de l'ordre ont été attaquées à plusieurs reprises. 31 personnes ont été placées en garde à vue. Dans 17 cas, une plainte a été déposée immédiatement après.
Dans les semaines qui ont suivi, la situation s'est calmée. Les manifestations ont eu lieu dans le corridor prévu entre le champ des Glacis et la place de l'Europe. Fin février, la mesure de sécurité a finalement pris fin. A ce moment-là, seules quelques personnes manifestaient régulièrement. Un dernier noyau dur continue cependant de participer aux manifestations jusqu'à aujourd'hui.
Cet article est paru une première fois sur wort.lu/de. Traduction: Pascal Mittelberger