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Nuisance sonore

Que faire lorsque les voisins sont trop bruyants?

Les chaudes soirées d'été ne font pas le bonheur de tous. D’ailleurs, pour la police et les communes qui doivent traiter les plaintes en matière de tapage nocturne, c'est actuellement «la haute saison».

Selon les données de la police grand-ducale, les services de tout le pays ont été contactés environ 4.000 fois jusqu'à présent pour des troubles à l'ordre public.

Selon les données de la police grand-ducale, les services de tout le pays ont été contactés environ 4.000 fois jusqu'à présent pour des troubles à l'ordre public. © PHOTO: Shutterstock

Depuis des semaines, le Luxembourg est frappé par des records de chaleur. L’occasion pour de nombreuses personnes de passer leur temps libre dans leur jardin en soirée s'il y a une piscine, ou parfois avec des amis sur la terrasse ou encore sur les terrasses des cafés. Ce qui peut se transformer en source de conflits avec le voisinage.

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En effet, certaines situations peuvent vite devenir agaçantes. Comme lorsque la famille voisine décide de prendre son déjeuner dans le garage et que leur chaîne hi-fi reste à plein volume jusqu'au soir. Un phénomène qui n'est pas rare, par exemple à Esch. Car tout le monde ne dispose pas d'un jardin derrière son immeuble.

Les nuits sont également difficiles pour les riverains lorsque des clients de café enivrés se tiennent devant l'établissement sur le trottoir, les empêchant de dormir. Ou encore lorsque le locataire du rez-de-chaussée organise une fête chez lui et laisse la porte d'entrée ouverte pour que les invités puissent entrer sans problème.

Une période à double tranchant

Ces problématiques, les communes en sont depuis longtemps conscientes, et reconnaissent même que la période estivale est à double tranchant. Ainsi, début juillet, la commune de Dudelange a posté sur Facebook, à titre préventif, un arrêté municipal sur le bruit. Un rappel pour se conformer aux règles en vigueur. «Le silence est de mise entre 22 heures et 7 heures du matin», peut-on y lire. Les commentaires sous le post ne se sont pas fait attendre. Les uns écrivent sur les moteurs bruyants et hurlants qu'ils doivent supporter chaque nuit, les autres sur «les gens sans manières qui font du boucan sans ménagement devant les cafés».

«Dans tout le pays, la police a été contactée environ 4.000 fois cette année pour des troubles à l'ordre public», indique Ben Eich, interrogé par le Luxemburger Wort. En 2021, le nombre de signalements sur l'ensemble de l'année s'élevait à environ 5.900, et l'année précédente, il était plus élevé encore. La comparaison avec les dernières années n'est toutefois que partiellement pertinente, car celles-ci ont été marquées par la pandémie.

Plus en ville qu'à la campagne

Ben Eich ne peut pas communiquer de chiffres concernant les différentes communes, mais «logiquement, les troubles pour nuisances sonores sont plus souvent signalés dans les agglomérations - au centre et au sud - ou dans les grandes villes que dans les régions plus rurales, et aussi plus souvent le week-end qu'en semaine», poursuit-il.

Parfois, nous constatons sur place que toutes les règles ont été respectées.
Ben Eich, police

Les raisons pour lesquelles les gens s'adressent à la police pour tapage sont diverses: le bruit pendant la nuit, un chantier bruyant, des fêtes privées et des voisins peu discrets, de la musique trop forte dans une discothèque ou un café ou des événements tels que des concerts. Ben Eich explique qu'«il faut faire la différence entre les signalements initiaux respectifs qui parviennent à la police et les infractions effectives», «car il peut très bien s'avérer sur place que toutes les règles ont été respectées ou qu'aucun bruit n'a été constaté».

Il n'est pas garanti que la police se déplace systématiquement dès qu'une personne mécontente compose le 113: «Lorsqu'un trouble à l'ordre public est signalé, nos agents essaient de répondre à ces messages dans la mesure du possible et en fonction de l'urgence d'autres interventions qui sont en cours».

Si des agents font le déplacement, la situation peut généralement être clarifiée sur place et les éventuels litiges réglés. «Si une infraction est constatée, les autorités compétentes peuvent être informées ou une plainte peut être déposée».

Privilégier le dialogue dans un premier temps

La police conseille aux personnes qui se sentent dérangées par le bruit de leurs voisins de chercher d'abord à discuter avec eux et d'essayer de trouver un accord par le dialogue. «Si aucune solution n'est trouvée de cette manière ou s'il s'agit d'un café, on peut contacter un service de police local».

De son côté, Jeannot Behm ne conseillerait pas forcément de toujours chercher d'abord le dialogue avec le voisin. Pour le directeur du Service écologique de la ville d'Esch, «deux profils s'affrontent directement», à savoir le voisin en colère et le fêtard insouciant. «A partir de 22 heures, le silence doit se faire», dit-il, «et si cela n'était pas respecté, j'appellerais la police», répond-il. Si la musique du voisin résonne à travers les murs à cette heure-là à un volume bien supérieur à celui de la pièce – Jeannot Behm parle de 35 décibels - personne ne doit l'accepter.

Nous recevons presque tous les jours des plaintes pour tapage nocturne.
Jeannot Behm, commune d'Esch

La commune reçoit ces dernières semaines «des plaintes presque tous les jours. Juin, juillet, août et septembre sont traditionnellement les mois où l'on signale le plus de nuisances sonores. C'est normal». La plupart des irritations constatées concernent des cafés bruyants ou des personnes qui circulent trop bruyamment dans les rues la nuit.

Des exceptions subsistent

Via le portail citoyen «report-it», que la ville d'Esch a lancé il y a quelques années, les citoyens peuvent laisser un message et marquer l'endroit exact où le bruit a lieu sur une carte interactive. «Dans la plupart des cas, nous devons répondre que nous ne pouvons malheureusement rien faire, car nous n'avons aucun moyen d'action en tant que commune», déplore Jeannot Behm. «Nous conseillons alors de faire appel à la police». Celle-ci est tenue, selon lui, d'enregistrer une plainte.

S'il s'agit d'un café où les problèmes sont récurrents, la commune pourrait tout au plus lui retirer la licence Nuit blanche, c'est-à-dire l'ouverture prolongée jusqu'à 3 heures du matin. «Cela se produit trois à quatre fois par an à Esch», explique Jeannot Behm. Je ne peux et ne veux pas répondre à la question sur les hotspots de café concrets à Esch», poursuit le fonctionnaire. Les habitants d'Esch n'ignorent de toute façon pas que le quartier frontalier ou la rue du Canel sont des zones très animées.

«Si nous avons connaissance de cafés qui dépassent régulièrement les bornes, nous y envoyons nos agents de surveillance pour parler avec les gérants», ajoute Jeannot Behm. Il arrive parfois qu'ils menacent de retirer la licence.

Les exceptions sont les anniversaires, comme celui du Pitcher-Café, connu bien au-delà d'Esch. L'établissement a fêté ses 25 ans en juillet et les trottoirs de la Grand-Rue ont été pris d'assaut jusque tard dans la nuit. «Nous avons également reçu des plaintes, mais dans ce cas, il s'agit d'un événement unique, tout comme les Francofolies et Wikibeach, c’est pourquoi nous ne faisons rien».

Un conseil pour finir: si l'on veut s'adresser à la police pour une nuisance sonore, le mieux est de ne pas attendre le lendemain pour le faire. «Parce qu'il est possible que les policiers ne puissent plus constater le bruit sur place et ne puissent pas évaluer la situation en conséquence», explique-t-on du côté de la police.

Cet article a été publié pour la première fois sur www.wort.lu/de

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