Que ferait le Luxembourg si un ballon suspect survolait le pays?
Trois objets volants suspects ont été abattus par les Américains ces derniers jours. Mais que ferait le Luxembourg si un tel scénario se présentait?
L'armée luxembourgeoise n'interviendrait pas selon la direction de la Défense si un objet suspect survolait son espace aérien. © PHOTO: Anouk Antony
(Avec AFP) Un avion de combat américain a abattu samedi après-midi un objet non identifié au-dessus du Canada, dans le cadre d'une opération conjointe entre Washington et Ottawa.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé qu'un «objet non identifié» avait été abattu alors qu'il survolait le nord-ouest du pays, au lendemain de la destruction par les Etats-Unis d'un objet volant au-dessus de l'Alaska.
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Les forces canadiennes «vont maintenant récupérer et analyser les débris de l'objet», a ajouté Justin Trudeau. L'«appareil cylindrique» volait à une altitude d'environ «40.000 pieds» (12.200 mètres). Il «était entré illégalement dans l'espace aérien canadien et constituait une menace (possible) pour la sécurité des vols civils», a déclaré à la presse la ministre de la Défense nationale du Canada, Anita Anand.
Comment réagirait le Luxembourg?
Imaginez qu'un ballon suspect ou espion survole l'espace aérien du Grand-Duché. Certes, le Luxembourg ne fait pas la taille des Etats-Unis ou du Canada. Ce scénario vous paraît peut-être hautement improbable, nous en conviendrons. Mais gardons tout de même cette hypothèse en tête: que se passerait-il?
«Dans un tel scénario, l'armée luxembourgeoise n'est pas impliquée», fait savoir Michael Schuster, attaché de presse du ministre de la Défense.
«L'espace aérien luxembourgeois est surveillé, en temps de paix, par l'administration de la navigation aérienne (ANA), pour les besoins de la gestion du trafic aérien civil. Supplémentairement, l’espace aérien luxembourgeois est surveillé en permanence par la composante air de la Défense belge.»
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«Si l'une ou l'autre entité de surveillance détecte un objet volant suspect, non identifié ou même aéronef militaire non autorisé, le suivi de cet objet est repris par le centre de contrôle de l'espace aérien belge/luxembourgeois de la Défense belge (Control and Reporting Center, CRC) à Beauvechain», poursuit la direction de la Défense.
L'objet volant serait-il abattu?
Mais si une intervention aérienne était jugée nécessaire et sur décision du ministre de la Défense luxembourgeois, des opérations seraient menées. En l'occurrence, «des avions de chasse de l'armée de l'air belge et/ou néerlandaise rentreront en action selon les procédures définies dans un traité entre les pays Benelux.»
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Cet objet volant serait-il abattu comme l'ont fait les Américains avec le ballon chinois qui était «clairement fait pour de l'observation à des fins d'espionnage» selon Washington?
«L'abattage ou la destruction d'un objet aérien au-dessus du territoire luxembourgeois en utilisant de la force létale est en principe prohibé», indique la direction de la Défense.
Des cas suspects par le passé?
«Chaque année, une vingtaine d'incidents se produisent en moyenne dans l'espace aérien du Benelux. Cela conduit à une dizaine d'interventions d'avions de chasse qui nécessitent finalement quatre véritables interceptions selon la composante air belge.»
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Quelles sont les règles pour faire voler un engin?
«Le vol d'engins, de ballons ou de drones au Luxembourg est soumis ainsi à autorisation spécifique et individuelle par la direction de l'aviation civile (DAC) et les conditions varient selon le type d'engin. L'exploitation de ballons est encadrée par un texte européen, s'appliquant uniformément à tous les Etats membres de l'UE», explique encore la direction de la Défense.
«Pas d'aviation militaire offensive»
«L'armée dispose d'une composante aérienne, qui gère des activités aériennes d’avions de transport, notamment l'Airbus A400M, en collaboration binationale avec la Belgique, ou les avions MRTT au sein de la Multinational MRTT Unit. L'armée terrestre dispose, elle, de différents types de drones pour la reconnaissance aérienne.
Mais l'armée luxembourgeoise ne dispose pas d'aviation militaire offensive, comme des avions de chasse ou autres, qui pourraient servir dans des interventions dans les scénarios évoqués ici.»