Virgule

Quelles suites pour le rapport Waringo?

Six jours après la publication de la mission sur le fonctionnement de la Cour grand-ducale, Xavier Bettel la présente ce mercredi aux députés. Le résumé des enjeux politiques du document et des pistes de réflexion qu'il suggère.

Le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa lors de leur visite au Palais de l'Elysée le 19 mars 2018.

Le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa lors de leur visite au Palais de l'Elysée le 19 mars 2018. © PHOTO: Chris Karaba

(MF avec ota) – Il aura fallu attendre six jours ! Après la publication le 31 janvier du rapport de Jeannot Waringo, représentant spécial du Premier ministre auprès de la Cour grand-ducale, son initiateur, Xavier Bettel sort de son silence. Il présente ce mercredi à 11h30 le rapport Waringo devant la Commission des institutions et de la révision constitutionnelle de la Chambre des députés, avant de prendre position devant la presse juste après.

. Le silence déroutant de Xavier Bettel

Il y a d'abord la question politique. La publication intégrale du document de 44 pages sur le site du gouvernement vendredi 31 janvier 2020 a fait des vagues et a surtout eu le temps d'en faire. Puisqu'il n'était accompagné d'aucune explication gouvernementale.

Si le rapport a été intégralement publié, pourquoi le gouvernement a-t-il attendu si longtemps avant de prendre position ? Pourquoi le Premier ministre n'a-t-il pas donné la primeur aux députés ? Ce silence a suscité de nombreuses interrogations et émotions au sein de la population luxembourgeoise qui s'est retrouvée face à un rapport pour le moins explosif.

Lire aussi :

Lundi, le député Laurent Mosar (CSV), membre de l'opposition a regretté sur l'antenne de RTL l'absence d'explication et jugé cavalière la manière de faire : «Le ministre d'Etat a transmis la patate chaude à la Chambre qui devra maintenant s'en occuper», a-t-il critiqué. «Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne» d'ordinaire. En attendant, il faudra bien s'en saisir et Xavier Bettel sera scruté de près dans l'exercice, ce mercredi.

. Des pistes dessinées pour réformer la Cour

Son silence doit-il être interprété comme le signe d'une approbation des pistes de réformes livrées par Jeannot Waringo ? Des «éléments de réflexion» qui sont nombreux dans le rapport. Le financement de la monarchie par des ressources étatiques et la ligne de séparation trop floue entre ce qui relève des activités officielles du Grand-Duc et celles qui sont privées, posent question.

Lire aussi :Waringo, l'observateur devenu perturbateur

L'ancien chef de l'Inspection générale des finances préconise la création d'une nouvelle institution baptisée la «Maison du Grand-Duc». Elle peut se faire sans qu'il y ait réforme de la Constitution et serait «un pas décisif en direction d'une plus grande transparence des activités de la Cour».

Le processus de recrutement du personnel - la Cour emploie 110 personnes - pourrait se faire par un comité de concertation composé du Maréchal de la Cour, du Chef de cabinet du Grand-Duc et du Secrétaire de l'administration des biens et tout recrutement et licenciement «devraient être soumis à l'accord préalable du Premier ministre», suggère le rapport.

. Le rôle de la Grande-Duchesse à recadrer

La Grande-Duchesse est clairement en ligne de mire du rapport. Il apparaît clairement que l'épouse du chef de l'Etat a outrepassé son rôle. Notamment dans la chaîne décisionnelle du palais et en matière de gestion des ressources humaines qui «soulève de nombreuses interrogations» et même la stupeur à la lecture du rapport (page 28).

Lire aussi :Enquête ouverte pour violence physique à la Cour

Jeannot Waringo est d'avis qu'il faut réformer le fonctionnement de la monarchie sur le «point essentiel» que constitue le rôle de la Grande-Duchesse qui, rappelle-t-il, exerce «une fonction purement représentative». Aucune fonction officielle ne lui est attribuée par la Constitution. De sorte que le Grand-Duc devrait «figurer seul dans l'organigramme de la Cour» et non aux côtés de son épouse.

Le rapport Waringo appelle des décisions et des changements à venir au sein d'une institution bien moins dorée qu'elle n'y paraît. Cerise sur le gâteau qui ne va pas faciliter la digestion du document, une enquête a officiellement été ouverte à la Cour pour des faits de violences physiques comme l'a indiqué mardi le Parquet.

Sur le même sujet

Sur le même sujet