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Quels sont les enjeux de ces élections législatives?

Troisième et dernière vidéo explicative sur les élections législatives au Luxembourg. Cette fois-ci, nous nous intéressons aux enjeux de ce scrutin 2018 qui va, pour la première fois, juger l'action d'une coalition à trois. Qui joue gros? Qui va finir dans l'opposition? Réponses en images.

Par Christelle Brucker et Sophie Wiessler

Pour la première fois, en 2018, les électeurs du Luxembourg auront à juger l'action d'un gouvernement composé de trois partis politiques. En 2013, la coalition DP-LSAP-Les Verts avait renversé les résultats des élections et mis fin à l'ère Juncker: un vrai traumatisme pour les chrétiens-sociaux.

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Cela a eu des effets positifs en réanimant une certaine culture du débat et de la discussion au sein du CSV qui s'était perdue dans les dernières années du règne de Juncker, où il décidait de tout. En 2013, les autres partis avaient prévenu qu'ils ne voulaient plus de Jean-Claude Juncker. Ils ne voyaient pas d'inconvénient à s'allier au CSV à condition que celui-ci écarte son premier ministre sortant.

Un conflit de générations a alors fait surface mais le CSV a persisté en gardant Juncker comme tête de liste. Une erreur que les chrétiens-sociaux ont payée cher.

Le scrutin de la revanche pour le CSV

La plus grande peur de ce parti est que les libéraux, les socialistes et les Verts parviennent à franchir la barre des 30 sièges et poursuivent leur coalition à trois, les reléguant sur les bancs de l'opposition pour cinq années supplémentaires.

La situation la plus favorable pour le CSV serait de gagner 2 ou 3 sièges et de se retrouver à 26, pour choisir entres les Verts, les socialistes et les libéraux leur nouveau partenaire de coalition.

Ils n'ont pas le choix: ils sont condamnés à gagner, et avec une bonne longueur d'avance, s'ils ne veulent pas revivre le traumatisme de 2013. Si les trois partis obtiennent une majorité des voix, c'en est fini pour eux.

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Ce qui serait idéal pour le CSV, c'est que les Verts raflent 6 ou 7 sièges, le DP et le LSAP 10 ou 11 sièges.

Autre scénario qui leur serait défavorable: que le parti reste tel qu'il est actuellement, à 23 sièges, que les Verts ne parviennent pas à augmenter leur nombre de sièges, et restent à 6: cela ne suffira pas à atteindre la majorité! Et si le DP et le LSAP obtiennent de si mauvais résultats qu'ils se retirent des négociations pour une coalition, il ne restera qu'un seul partenaire possible et cela placera le CSV en mauvaise posture pour négocier.

En coulisses, les chrétiens-sociaux sont confiants, confortés par des sondages qui les donnent vainqueurs avec un écart confortable entre eux et les trois autres grands partis.

Mais il reste cette peur de rester dans les rangs de l'opposition, même avec 23 ou 24 sièges, si les trois autres partis s'entendent. Une peur sur laquelle Marc Spautz joue pour mobiliser les militants.

Les socialistes jouent gros

Du côté du LSAP, après la claque des élections communales, les socialistes jouent gros mais ils ont un avantage: les candidats plébiscités en 2013 se présentent à nouveau. Comme dans le système électoral luxembourgeois, les candidats comptent autant que les partis, c'est un bon point.

Certes, selon les sondages, ils risquent de perdre au moins deux sièges au Sud, dans leur fief, mais d'un autre côté, les vétérans Jean Asselborn et Mars Di Bartoloéeo restent les chouchous des électeurs en culminant loin devant leurs camarades de parti en nombre de voix.

Un bon bilan pour les Verts

Quant aux Verts, dans les sondages, ils sont stables, avec des personnalités qui progressent. Leur bilan est bon.

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La perte de Camille Gira va-t-elle faire basculer la circonscription Nord? Le vide laissé par l'enfant du pays à la tête de la liste peut en effet peser très lourd, son remplaçant Claude Turmes étant bien loin des préoccupations locales après des décennies au Parlement européen en tant que député.

Néanmoins, un grand avantage pour eux est qu'ils bénéficient toujours de beaucoup de suffrages de liste.

Point noir en vue d'une potentielle coalition avec le CSV: pas mal de membres du parti chrétien-social ne s'accordent pas du tout avec les Verts, surtout dans les circonscriptions à caractère rural qui comptent de nombreux agriculteurs et qui se dressent contre les mesures en faveur de la protection de la nature défendues par Déi Gréng.

La crainte ADR

Passons à l'ADR, un parti en difficulté depuis 2004: de 7 sièges au Parlement, ils sont tombés à 3 au fil des élections.

Cette fois, ils pourraient bien conquérir un siège à l'Est et un siège dans le Nord, ce qui leur permettrait d'atteindre les 5 sièges nécessaires pour composer un groupe politique et ainsi disposer de plus de pouvoir au niveau parlementaire.

Sans compter l'influence que pourrait avoir la montée des mouvements populistes et xénophobes en Allemagne sur les intentions de vote au Luxembourg.

L'ADR se présente comme LE parti de l'identité, de la nationalité, de la langue luxembourgeoise or, désormais, d'autres partis se sont emparés de ces questions, comme le DP par exemple, qui va jusqu'à jouer l'hymne national en fond de ces clips électoraux, ce qui est assez étonnant.

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Cela montre clairement qu'il y a une certaine crainte de voir monter l'ADR de la part des grands partis.

Personne ne sait ce que va donner "l'effet Fred Keup" avec son mouvement Wee 2050, créé il y a trois ans au moment du référendum sous le nom de Nee 2015, et qui présente une poignée de candidats.

En tout cas, si on se base sur le résultat du référendum de 2015, Fred Keup devrait logiquement être élu haut la main sur l'une des listes de l'ADR.

Perdre ces élections? Un désaveu pour le DP

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Perdre ces élections serait un désaveu pour le DP. Encore faut-il définir à quel moment il serait perdant: lors des élections précédentes, le parti libéral s'est toujours maintenu entre 10 et 14 sièges.

Actuellement, le parti compte 13 députés. Il pourrait descendre à 12 ou à 11 sans que ce soit une catastrophe électorale. Il est donc fort probable que le match pour prendre la deuxième place aux côtés du CSV se joue entre le DP et le LSAP. Même si les Verts peuvent également avoir un rôle important à jouer là aussi.

La grande inconnue de ce scrutin sera le volet "personnel" et notamment pour le CSV, qui devrait gagner deux sièges dans le Sud selon les sondages mais qui ne bénéficie plus du score éclatant d'un Juncker.

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