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Sale ambiance autour des hôpitaux Robert-Schuman

Voilà maintenant la direction obligée de répondre à une lettre anonyme parlant de harcèlement moral et de mauvais climat parmi ses personnels. Après les cinq cas de vaccination anti-covid indue et une improbable commande de vaccins, cela fait beaucoup.

Quand le président des HRS Jean-Louis Schiltz confie un dossier juridique à l'avocat Jean-Louis Schiltz, n'y a-t-il pas conflit d'intérêts? Les hôpitaux Robert-Schuman s'en défendent.

Quand le président des HRS Jean-Louis Schiltz confie un dossier juridique à l'avocat Jean-Louis Schiltz, n'y a-t-il pas conflit d'intérêts? Les hôpitaux Robert-Schuman s'en défendent. © PHOTO: Alain Piron

Patrick Jacquemot

Il n'est guère question de qualité des soins et de prise en charge des patients dans l'actualité des hôpitaux Robert-Schuman (HRS). Depuis février, et le signalement de personnes vaccinées en dehors des préconisations du ministère de la Santé (fait confirmé jeudi), le groupe est passé en communication de crise. Le navire tangue avec ses 300 médecins et près de 2.200 salariés tangue d'autant plus qu'une lettre vient semer le trouble sur l'ambiance au sein des établissements.

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L'auteur du courrier y dénonce des «situations de chantage» et du «harcèlement moral». Et les mots sont forts : «Le mobbing et la terreur règnent sur le personnel. La confiance et la collégialité entre confrères ont été remplacées par la diffamation, le dénigrement et la calomnie». Qui est l'auteur de pareils propos? Impossible à savoir pour l'heure. Le rédacteur a choisi de rester anonyme, brouillant les pistes en empruntant dans sa signature les initiales d'un médecin en activité à Robert-Schuman. Un orthopédiste qui a dû démentir, depuis, toute participation à cette dénonciation.

Aussi, vendredi, un nouveau communiqué des HRS prévient donc que ces «déclarations diffamatoires auront des conséquences juridiques». Et la direction d'affirmer son soutien aux médecins «mis au pilori» et qui «bénéficient de la pleine confiance du groupe HRS».

Vaccins or not vaccins?

Pourquoi, alors qu'ils bénéficient -gratuitement- des vaccins anti-covid fournis par l'Etat luxembourgeois, les hôpitaux Robert-Schuman auraient-ils cherché à acheter des milliers de doses supplémentaires? La question se pose et jeudi encore sur Radio 100.7, le président de l'AMMD (association des médecins) maintenait cette affirmation : le groupement hospitalier a bien tenté de passer pareille commande. Si c'est pour en faire un business et se proposer comme fournisseur auprès d'autres entités (entreprises par exemple) pressées d'accélérer la protection sanitaire de leurs personnels, cela pourrait être a minima choquant. Les HRS assurent pour le moment n'avoir jamais envisagé cette piste. La ministre de la Santé a demandé des précisions à ce sujet. Qui lui donnera? Le CEO Claude Schummer (invité à rester éloigné de son bureau depuis le début de la semaine) ou celui dont il se murmure qu'il pourrait lui succéder, l'actuel directeur des soins Gregor Baertz?

Les faits reprochés dans la lettre anonyme parvenue dans les rédactions luxembourgeoises concernent aussi un possible conflit d'intérêts dans les missions confiées à Jean-Louis Schiltz. Alors que la veille, on apprenait que le directeur général Claude Schummer avait été autorisé à ne pas se rendre au bureau (euphémisme), cette fois il est question de celui qui préside la fondation Robert-Schuman mais a aussi été nommé président du groupe en mai dernier.

Ainsi, Jean-Louis Schiltz confierait l'étude des dossiers juridiques à... sa propre étude d'avocats. Dans son communiqué, le groupe ne voit là rien de répréhensible. Cette mission ayant été confiée «voilà plus de trente ans» à ce même cabinet d'avocats. Chacun appréciera l'argument.

Lire aussi :Les Hôpitaux Robert Schuman s’étendront au Kirchberg

D'ores et déjà, la sensibilité Déi Lénk a demandé au président de la Chambre d'octroyer une heure d'actualité «sur la gouvernance douteuse des hôpitaux Robert-Schuman». Car si les établissements sont sous statut privé, ils bénéficient «massivement» de financements publics, ce qui aux yeux des députés Marc Baum et David Wagner justifie que le parlement réclame des éclaircissements sur le mode de gestion du groupe hospitalier et certains des faits reprochés à sa direction ou son conseil d'administration.

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