«Tout est bien organisé au Fonds du logement»
Des départs à répétition, une escroquerie et une tentative de vol, le Fonds du logement a navigué en eaux troubles ces derniers mois. Diane Dupont, toujours à la tête du principal bailleur social du pays, prend la parole pour la première fois depuis le départ d'Eric Rosin, en février 2019.
Diane Dupont, à la tête du Fonds du logement depuis 2017, garde le bateau à flot suite aux derniers rebondissements dont a été victime l'établissement. © PHOTO: Caroline Martin
Malgré vos efforts pour qu’un directeur prennent les choses en main, vous êtes de retour à la case départ. Comment l’expliquez-vous ?
Je ne l’explique pas car je ne suis pas revenue à la case départ. Oui, c’est vrai, j’assure la présidence du conseil d’administration et la direction mais ceci est prévu par la loi de juillet 2017 et je ne suis pas seule. Depuis 2018, deux directeurs-adjoints me secondent: Dirk Kintzinger pour l'opérationnel et Jérôme Dierickx pour l’administratif et financier.
Quand j’ai pris mes fonctions en décembre 2017, beaucoup de choses n’étaient pas en place mais en quelques mois, le Fonds du logement a acquis une structure : aujourd’hui, il a un service juridique, des relations publiques et trois personnes de plus aux ressources humaines.
Toutes ces restructurations ont été prévues par la loi, nous avons juste besoin d’un peu de temps encore pour les finaliser et surtout les faire accepter par nos collaborateurs pour qui ce type de management est nouveau.
Pourquoi Eric Rosin est-il parti alors ?
Je n'ai pas de commentaires à faire sur ce sujet. La seule chose qui compte, c’est qu’une direction est en place et que le Fonds du logement fonctionne.
Le Fonds a été victime de deux tentatives d’escroquerie et des enquêtes sont en cours. Quelles sont les pertes financières ?
On les estime à 300.000 euros mais rien n’est définitif et deux enquêtes sont en cours. La seule chose que je peux dire, c’est que nous avons engagé une personne pour la gestion des risques et le personnel est maintenant conscient des différents types d’escroqueries qui existent. Dorénavant, les employés ont pour consigne d’informer la direction en cas de doute.
Ces problèmes actuels ont-ils un impact sur la date de livraison de vos projets ?
Non, car nous avons des équipes, une organisation interne: le service construction se concentre sur la planification et la construction de logements. Le service juridique se concentre sur les contentieux et les recours. Tout est bien organisé.
Le loyer mensuel du Fonds du logement s'élève à 120.000 eurs hors TVA. L'entreprise a emménagé en avril 2018 après plusieurs décennies passées à Gasperich. © PHOTO: Caroline Martin
Le loyer du siège de votre établissement fait polémique et la ministre du logement a déclaré ce mardi à la Chambre, qu’il s’agissait d’une solution temporaire. Quand est-il prévu de déménager et où ?
Nous venons d’emménager (en avril 2018, ndlr), il faut travailler maintenant. Nous sommes dans ce bâtiment depuis moins d’une année suite à la décision du comité directeur et je ne ferai aucun commentaire sur le montant du loyer.
Depuis le début de mon mandat, je réfléchis à l’acquisition ou la construction d’un immeuble propre au Fonds du logement. Notre bail court jusqu’en 2030, ce qui nous laisse le temps de définir nos besoins et de planifier notre investissement mais il est peu probable que nous déménagions avant cette date.
Un des griefs contre le Fonds du logement est la baisse de productivité de ces dernières années. On compare souvent son rendement à celui de la Société nationale des habitations bon marché.
On parle très souvent de notre productivité mais on oublie qu’une de nos missions est la location sociale et la maintenance et la conservation de notre patrimoine. Je rappelle simplement que la SNHBM gère un parc de 200 logements et qu'on ne peut pas nous comparer.
Nous sommes propriétaires de près de 2.000 logements occupés par 5.000 personnes et ceux-ci sont dans un très mauvais état. Il s’agit d’un parc de grande envergure et qui date de 1979 et dont certains immeubles ont besoin d'être rénovés. Ces dernières années, nous avons reçu de nombreuses réclamations de la part de nos locataires, celles-ci nous sont parvenues par le biais de l’Ombudsfra. C’est pourquoi, nous avons créé en 2016, un service spécialement dévolu à cette gestion d’où les nombreux recrutements de ces dernières années. Aujourd’hui, 50 % de nos employés s’occupent de cette gestion et nous sommes passés de cinq réclamations par semaine à une par mois.
Cinq résidences d’appartements à Echternach seront bientôt terminées, cela représente 30 logements. Quelles prévisions pouvez-vous faire par rapport à la productivité effective du Fonds du logement ?
En 2018, nous avons mis en place une plateforme afin de pouvoir gérer nos projets de construction non plus sur dix ans mais en accord avec le plan quinquennal. Pour chaque projet, nous comptons deux ans pour la planification et deux ans pour la production.
Notre objectif est donc de 600 logements pour les cinq prochaines années. Actuellement, 84 sont en cours de construction et seront livrés en 2019, environ 100 seront livrés en 2020 et 163 pour 2021.
Au-delà du plan quinquennal, nous projetons de réaliser 4.400 logements. Maintenant, je n'aime pas trop qu’on se réduise à la construction car il peut toujours y avoir des imprévus. L’important, c’est que nous ayons un plan et que nous sachions ce que nous allons produire.
80 % des propriétaires de terrain sont des particuliers et toutes les communes n’acceptent pas les logements sociaux. Comment vous y prenez-vous pour mener à bien les projets ?
Nous travaillons tout de même avec une soixantaine de communes et nous avons une réserve foncière de 170 hectares que nous pouvons d’ores et déjà viabiliser. Parmi ces hectares, une soixantaine correspond aux friches de Wiltz et de Dudelange qui sont des projets d’une envergure nouvelle pour le Luxembourg puisque le Fonds du logement se doit de garantir des logements à coûts modérés sur des sites complexes qui demandent des assainissements et une préservation du patrimoine.
Nous avons également un droit de préemption, outil hérité de la loi du pacte logement de 2008, nous pouvons l’exercer sur les zones différées d’un PAG ou sur une zone se situant à l’extérieur du périmètre d’agglomération. En 2018, nous avons pu exercer notre droit de préemption sur 11 zones.
En 2018, vous indiquiez qu’il y avait 2.700 personnes en attente d’un logement social. Ce chiffre est-il toujours valable ?
Les projets que nous réalisons actuellement ont été planifiés sans prendre en considération la problématique de la location subventionnée. Nous nous sommes rendu compte que ce type de logement est le plus demandé car de nombreuses personnes ne peuvent pas louer un logement au prix du marché privé.
Actuellement, nous avons une liste d'attente de 2.800 demandeurs et c'est pour cette raison que nous prévoyons maintenant 70% de logements locatifs subventionnés dans l'élaboration de nos projets.