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Tram-express: de Foetz au Kirchberg en 35 minutes

Un tram qui roulerait à 100 km/h, qui pourrait réduire sa vitesse à l'entrée des agglomérations et qui permettrait au sud du pays de rejoindre la capitale en une quarantaine de minutes aux heures de pointe. Telles sont les promesses d'une étude commandée par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, pour désengorger le trafic sur l'Autoroute A4.

Parmi plusieurs solutions comme le bus ou le monorail, c'est le tram-express qui a été retenu pour désengorger le trafic sur l'A4.

Parmi plusieurs solutions comme le bus ou le monorail, c'est le tram-express qui a été retenu pour désengorger le trafic sur l'A4. © PHOTO: Chris Karaba

Virginie Orlandi

Un tram qui roulerait à 100 km/h, qui pourrait réduire sa vitesse à l'entrée des agglomérations et qui permettrait au sud du pays de rejoindre la capitale en une quarantaine de minutes aux heures de pointe. Telles sont les promesses d'une étude commandée par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, pour désengorger le trafic sur l'Autoroute A4.

A l'heure actuelle, dix lignes de bus RGTR desservent la ligne qui relie Esch/Belval à la gare centrale de Luxembourg-Ville. Une fréquence d'un bus toutes les trois minutes en moyenne circule sur l'A4 aux heures de pointe pour les 5.500 voyageurs par jour qui se rendent au centre-ville de la capitale.

"Le sud du pays est en train de se développer avec des projets comme les friches d'Esch-Schifflange", commence le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Baush, " Et d'autres secteurs, comme Belval ou Foetz sont très mal desservis. Il était important de se poser les bonnes questions lorsque l'on sait que les prévisions du STATEC pour 2035 chiffrent l'augmentation de la demande en mobilité sur l'A4 à 55%".

Rattraper le temps perdu

Pour le ministre déi gréng, il est "grand temps de passer d'une logique de rattrapage à une logique d'anticipation", c'est la raison pour laquelle une étude vient d'être réalisée et présentée ce lundi à la presse concernant la mobilité sur l'A4. Une première étape dans un programme qui vise à créer des axes de transport entre le sud, le centre et le nord du pays.

Pour éviter "le chaos", Marc Perez, ingénieur pour la société TTK qui a réalisé l'étude, préconise de réduire la congestion sur le réseau autoroutier et ceci en accord avec ce qui va être mis en place au niveau des CFL, du covoiturage et du Modu 2.0.

"Il n'y a aucune concurrence avec ce qui va être mis en place à travers Modu 2.0. Au contraire, nous considérons qu'avec l'augmentation des passagers CFL et du covoiturage, il reste environ 20.000 déplacements par jour à effectuer en transports en commun sur l'A4, soit une multiplication par quatre par rapport la situation actuelle".

Comment motiver 20.000 voyageurs par jour?

L'étude montre que pour motiver cette tranche de population à utiliser les transports en commun, différents critères sont importants comme une bonne desserte pour le sud du pays, un accès direct pour la capitale et surtout le Kirchberg et le centre-ville.

"Nous avons étudié différentes possibilités et c'est le tram rapide qui a été retenu pour sa capacité d'adaptation. Il s'agirait alors d'un tram ayant le même aspect extérieur et gabarit que le tram urbain mais qui peut rouler à 100 km/h en dehors des agglomérations. Il permet tout autant une desserte fine en agglomération qu'une vitesse de croisière élevée entre deux villes. Avec cette solution, en heure de pointe, il serait possible de faire place du Benelux à Esch à la place de l'Etoile à Luxembourg-ville en 37 minutes, d'aller de Foetz à la place de l'Europe en 35 minutes et d'Esch-Schifflange à Hollerich en 20 minutes".

Des temps de parcours qui font rêver et une solution qui aurait l'avantage de la compatibilité avec le réseau tram déjà existant et surtout de réduire les coûts d'exploitation par rapport à un bus qui demanderait pour le même résultat une fréquence de courses plus élevée et un coût de main-d'oeuvre certain.

"Le seul bémol est le coût d'investissement au départ", reprend Marc Perez, "il faut compter 20 à 30 millions d'euros par kilomètre alors que le bus coûterait, lui, 5 à 10 millions d'euros le kilomètre".

Les étapes du projet

L'étude qui a été présentée comporte trois étapes jusqu'en 2035. La phase 1 prévoit la création d'une ligne pour le tram-express roulant à 100 km/h entre Luxembourg et Foetz faisant de cette dernière un pôle d'échange d'où partiraient des bus en direction de la France et de Differdange. Elle serait terminée pour 2028.

"Notre étude a montré que l'axe Differdange-Luxembourg est un des plus fréquentés du pays et il est urgent de faire quelque chose pour désengorger le trafic", poursuit l'expert.

La phase 2 prévoit, elle, de prolonger la ligne de tram-express vers les friches d'Esch-Schifflange en synergie avec les CFL. Cette phase est prévue dans l'étude pour 2030. Enfin, la dernière phase qui court jusqu'en 2035, prévoit d'améliorer la desserte d'Esch-Belval en poussant la ligne de tram jusque là. Il ne s'agirait plus là pour le tram de rouler à 100km/h mais de reprendre une vitesse plus lente adaptée aux zones urbaines.

"Cette étude va être présentée prochainement aux communes puis soumise à la décision du prochain gouvernement", conclut François Bausch, "Elle nécessite encore d'être affinée par d'autres études techniques".

Le 5 juillet prochain, le ministère du Développement durable dévoilera le «Compte des transports», le premier rapport qui doit indiquer, chiffres à l'appui, combien coûte précisément la mobilité terrestre sur une année au Luxembourg.

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