Un Luxembourgeois sur trois ne connaît aucun symptôme du cancer
Révélés ce jeudi, les résultats d'une enquête menée par la Fondation cancer mettent en évidence le manque de sensibilisation d'une partie de la population luxembourgeoise aux symptômes et aux facteurs de risques liés au cancer.
La docteure Carole Bauer (à gauche), et Lucienne Thommes ont conjointement présenté les résultats de cette étude, ce jeudi 17 novembre. © PHOTO: Chris Karaba
Quel est le niveau de connaissance des résidents luxembourgeois sur le cancer? C'est précisément à cette question qu'a tenté de répondre l'enquête de la Fondation cancer menée par l'institut ILRES. Et par rapport à la précédente édition de l'étude, menée en 2017, quelques évolutions notables ont été constatées.
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Une personne sur trois est incapable de citer un des symptômes du cancer, alors que la proportion se situait autour d'une personne sur cinq il y a cinq ans. «Les personnes de plus de 60 ans sont les plus nombreuses à ne connaître aucun signe, pourtant, elles sont les plus à risque», a souligné Lucienne Thommes, directrice de la Fondation cancer, lors de la présentation de ces résultats.
Autre sujet d'inquiétude, les symptômes les plus cités par les répondants sont les moins spécifiques: fatigue, douleurs. «Il reste du travail à faire pour sensibiliser la population aux symptômes les moins bien connus, qui sont toutefois plus spécifiques, comme les sueurs nocturnes ou la fièvre sans cause apparente. Il est primordial pour les patients de reconnaître ces signes, afin de pouvoir aller chez le médecin pour un contrôle.»
Des habitudes qui sauvent des vies
Certaines opinions préconçues sur la maladie ont par ailleurs progressé, comme celle qui suppose que le cancer est généralement héréditaire, à laquelle 46% des sondés se sont estimés en accord. Ce facteur n'intervient cependant que dans 5 à 10% des cas. «Ce qui est rassurant en revanche, c'est que 69% des personnes interrogées pensent qu'il est possible d'éviter les cas de cancer en menant un mode de vie sain», a ajouté la directrice.
Questionnés particulièrement sur les risques liés à la consommation d'alcool et à l'exposition aux rayons du soleil, les résidents interrogés semblent cependant avoir bien conscience des effets néfastes de ces deux habitudes. 56% des répondants estiment ainsi que l'alcool, même consommé modérément, augmente les risques de développer un cancer. «Nous sommes contents de cette évolution», s'est réjouie Lucienne Thommes.
Manger sainement, pratiquer une activité physique ou arrêter de fumer sont autant d'habitudes qui permettent de réduire les risques de cancer, une maladie qui touche environ 3.000 personnes chaque année au Grand-Duché. Pourtant, les facteurs environnementaux comme la pollution ou les pesticides restent perçus comme plus nocifs que les comportements individuels. «60% des sondés pensent que le surpoids est moins grave que les pesticides. C'est pourtant l'inverse, et de loin. Il est important de bien se rendre compte qu'on a tous les moyens d'agir.»
Si l'influence de certains de ces facteurs de protection contre le cancer sont bien ancrés dans les esprits comme le fait de manger beaucoup de fruits et légumes (59% des répondants) ou de faire du sport (56%), d'autres sont moins connus. Ainsi, seulement 33% des personnes interrogées sont conscientes que le fait de se faire vacciner contre le papillomavirus humain (HPV) a une grande influence sur le développement du cancer du col de l'utérus. Pire encore, les adolescents sont très mal informés, la proportion tombant à 27%, alors qu'ils sont le groupe cible de ce vaccin.
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Une situation que la docteure Carole Bauer, présidente de la Fondation cancer, a attribué à la configuration actuelle de la campagne de vaccination. «Tandis que des invitations pour se faire vacciner étaient auparavant envoyées au domicile des jeunes patients, cette vaccination est désormais gérée par la médecine scolaire. Par conséquent, il y a moins de discussions entre les enfants et les parents. Il est donc peut-être nécessaire de revoir la mise en place de la campagne, ou la communication qui entoure ce vaccin.»
L'importance de la prévention
Question communication, la Fondation cancer envisage par ailleurs de relancer une campagne de prévention portant sur les symptômes, afin de contrer le manque de sensibilisation d'une partie de la population. «Nous avions déjà réalisé une campagne du genre en 2018, qui vise à encourager à se faire dépister. Plus généralement, les résultats de cette étude montrent l'importance des campagnes d'information. Il faut répéter les messages pour qu'ils restent dans la tête des gens», a estimé Lucienne Thommes.
Les sondés ont ensuite été questionnés sur leur perception de la prise en charge des patients et les traitements offerts au Luxembourg par rapport à l'étranger. Si 16% pensent que cette prise en charge est meilleure au Grand-Duché, 36% ont indiqué qu'elle était égale. «19% pensent cependant que cette prise en charge est inférieure, ce qui me peine un peu», a reconnu la docteure Carole Bauer. À noter que parmi les 1.018 répondants, environ 2% étaient en cours de traitement pour un cancer tandis que 8% avaient déjà été confrontés à la maladie par le passé.
Les adolescents ont l'air d'être davantage au courant des symptômes et des facteurs de risques du cancer.
Ces personnes qui ont été ou sont traitées pour un cancer ont enfin répondu à une série d'affirmations spécifiques à leur parcours de soin. Dans l'ensemble, 93% des sondés se sentaient bien pris en charge par leurs médecins, tandis que 84% des patients se sont sentis partenaires dans les décisions thérapeutiques. «Un effort reste à faire au vu de l'explication des effets secondaires possibles du traitement, qui est considérée comme suffisante par 76% des patients», a souligné la présidente de la Fondation cancer.
Ainsi, si une régression a été constatée dans certains volets de l'étude, la Fondation cancer se réjouit tout de même d'une évolution des connaissances des résidents, en particulier chez les jeunes. «Les adolescents ont l'air d'être davantage au courant des symptômes et des facteurs de risques du cancer. Ils sont notamment conscients de l'importance de la prévention, ce qui est positif quand on sait que 40% des cas de cancer pourraient être évités par un mode de vie sain.»