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Une année très chaude pour le CGDIS

Les interventions de grande ampleur se sont multipliées en 2019 pour les services de secours du Luxembourg. Douze mois qui ont aussi permis d'éprouver la toute nouvelle structure opérationnelle de l'organisation.

La pollution des cours d'eau du pays par les mousses d'extinction employées par les pompiers est un sujet de préoccupation pour la ministre de l'Environnement.

La pollution des cours d'eau du pays par les mousses d'extinction employées par les pompiers est un sujet de préoccupation pour la ministre de l'Environnement. © PHOTO: Guy Jallay

Plusieurs incendies de grande envergure et une tornade qui a balayé le sud du pays le Corps grand-ducal d'incendie et de secours (CGDIS) n'a pas chômé pour sa première année pleine après la réforme profonde de juillet 2018. Passage en revue des défis les plus importants des mois passés.

25 juillet : incendie dans un champ à Hamm

Les habitants de Luxembourg-Hamm se souviendront encore longtemps de ce 25 juillet. Au beau milieu de cette chaude journée d'été, aux alentours de 14h15, une botte de foin prend feu. Bien que les pompiers arrivent rapidement sur place, ils n'arrivent pas à maîtriser le feu à cause de la sécheresse et du vent qui souffle. Peu de temps après le début de l'intervention, les riverains sont effrayés par une détonation : c'est un véhicule de secours qui se retrouve lui-même dans les flammes. Heureusement, l'équipage a pu se mettre à l'abri à temps.

Les vents ont rendu le feu incontrôlable et l'opération d'autant plus périlleuse.

Les vents ont rendu le feu incontrôlable et l'opération d'autant plus périlleuse. © PHOTO: Gerry Huberty

Suite à cet incident, les flammes se propagent à un bout de forêt et menacent d'engloutir deux stations d'essence à Pulvermühle. Ce n'est qu'à 16h15 que le danger est évité. Plus de trois heures plus tard, l'incendie sera maîtrisé.

Pour cette intervention, environ 90 pompiers venus de 20 centres ont bravé les risques. Deux d'entre eux font un malaise et sont soignés en urgence sur place.

31 juillet : l'enfer chez Kronospan

Pour le CGDIS, l'été fut intense. Seulement six jours après l'incendie de Hamm, un départ de feu est signalé sur le site de Kronospan, dans la zone d'activité Gadderscheier à Sanem. De grandes quantités de bois sec étant entreposées dans l'enceinte de l'entreprise, le risque de propagation est grand.

Au plus fort de l'intervention, plus de 200 hommes étaient sur le site pour stopper les flammes insatiables.

Au plus fort de l'intervention, plus de 200 hommes étaient sur le site pour stopper les flammes insatiables. © PHOTO: CGDIS

L'intervention dure plusieurs jours. Jusqu'à 240 pompiers - y compris des sapeurs français - sont impliqués dans l'opération.

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Le feu de grande envergure a également des répercussions négatives sur la Chiers. Pendant son extinction, une grande quantité d'ammonium est déversée dans la rivière. A cause du manque d'oxygène, de nombreux poissons meurent.

9 août : place à la tornade

Les flammes n'ont pas été le seul souci du CGDIS, durant cet été. Le 9 août, ce sont les vents qui entraînent une nouvelle intervention à grande échelle. En quelques minutes, une tornade sévit dans le sud du pays et détruit tout sur son passage.

Dix-neuf personnes seront blessées et 314 maisons endommagées, causant quelque 100 millions d'euros de dégâts, selon les assureurs. Les rues deviennent en partie impraticables et de nombreux véhicules sont détruits.

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En pleine période de vacances estivales, 750 secouristes passent quatre jours complets sur le terrain. Ils sont soutenus par une unité française spécialisée dans le déblaiement et le Technisches Hilfswerk allemand.

9 septembre : un parking s'embrase

Un déploiement inhabituel a lieu le 9 septembre, quand un véhicule prend feu au premier sous-sol du parking Rousegäertchen. Les flammes gagnent rapidement quatre autres voitures garées à proximité. Le bâtiment et de nombreux autres véhicules seront également endommagés. Il faudra attendre plusieurs jours avant que le parking puisse être déblayé.

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Les 50 membres du CGDIS en action dans le parking de plusieurs étages doivent faire face à des températures extrêmes ainsi qu'à une épaisse fumée. Malgré cela, ils parviennent à dompter les flammes en un peu plus d'une heure.

Le parking ne sera pas rouvert après l'incendie. Au lieu de cela, le parking souterrain doit être rénové de fond en comble.

1er octobre : fumée au-dessus d'Echternach

Des nuages de fumée noire sont visibles à Echternach. Une fois de plus, un incendie majeur a lieu. Après une explosion dans un entrepôt du fabricant de matériaux composites Euro-Composites, des produits chimiques prennent feu.

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Cent pompiers de dix centres de secours sont en action toute la journée. Deux drones les aident à localiser avec précision la source du feu. La société touchée par le feu travaille principalement avec une résine synthétique, produisant beaucoup de fumée. Mais les substances ne sont pas toxiques, confirme une analyse de l'air.

Pour la Sûre, la mission des pompiers tourne au vinaigre. La mousse d'extinction et des substances chimiques sont déversées dans le cours d'eau, le couvrant d'un impressionnant tapis de mousse blanche. Si la présence de substances polyfluorées dans l'eau a été confirmée par l'Agence de gestion de l'eau, des évaluations sont encore en cours pour déterminer le taux précis de pollution des sédiments et des poissons.

Coopération structurée

Depuis des années, les services de sauvetage du Grand-Duché coopèrent dans des opérations de grande envergure, lorsque cela est nécessaire. Depuis le 1er juillet 2018 et la création du Corps grand-ducal d'incendie et de secours (CGDIS), la coopération est plus structurée.

Ainsi, en cas d'urgence majeure, tant le personnel de la salle de crise que celui du centre d'appel d'urgence qui gère les opérations quotidiennes ont une vue d'ensemble des ressources à disposition. De manière à assurer une bonne couverture du pays, même en cas de déploiement à grande échelle.

La coopération structurée n'offre pas seulement des avantages au niveau de la planification. Grâce à cette synergie, la charge de travail des services d'urgence est également réduite. Par exemple, le nouveau système permet de s'assurer qu'aucun pompier n'ait à travailler pendant de trop nombreuses heures, évitant ainsi les cas d'épuisement. Cédric Gantzer, porte-parole du CGDIS, parle à ce propos de «solidarité organisée».

Malgré toutes ces améliorations, des progrès sont encore possibles. C'est pourquoi, après chaque mission importante, un échange d'expérience a lieu. L'année 2019 a beaucoup appris aux secouristes, et les a préparés aux défis futurs : des intempéries et des feux de végétation plus fréquents.

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