«Une fois de plus, on ne peut parler que de rafistolage»
Les réactions oscillent entre compréhension et déception, surtout en ce qui concerne le report de la réforme fiscale.
Sven Clement (Parti Pirate) qualifie de goutte d'eau dans l'océan les quelques allègements fiscaux qui ont été effectivement promis. © PHOTO: Chris Karaba
Les réactions des partis à la présentation du budget par la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) tournent principalement autour du thème de la réforme fiscale. La frontière entre déception et compréhension s'estompe.
"Cela ne peut pas continuer comme ça", précise sans ambiguïté Gilles Roth, coprésident du groupe CSV. © PHOTO: Chris Karaba
Les réactions des partis à la présentation du budget par la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) tournent principalement autour du thème de la réforme fiscale. La frontière entre déception et compréhension s'estompe.
«Ce budget ne répond pas aux préoccupations actuelles des citoyens», estime Gilles Roth (CSV), qui parle d'une politique financière ratée et regrette l'absence d'allègements fiscaux. «Les citoyens doivent payer toujours plus et n'obtiennent rien en retour. Cela ne peut pas continuer ainsi», explique le coprésident du groupe CSV, qui avait de son côté proposé une réforme fiscale d'un coût de 600 millions d'euros. Entre-temps, la réforme promise par le gouvernement au début de la législature aurait coûté deux milliards d'euros par an, selon la ministre Yuriko Backes. «Irresponsable en temps de crise», avait déjà déclaré la veille le Premier ministre Bettel dans son discours sur l'état de la Nation.
Ce budget ne répond pas aux préoccupations actuelles des citoyens.
Sven Clement (Parti Pirate) qualifie de goutte d'eau dans l'océan les quelques allègements fiscaux qui ont été effectivement promis. «La situation des familles monoparentales devrait être abordée de manière beaucoup plus fondamentale. Il en va de même pour la problématique du logement. Les améliorations sont marginales. Une fois de plus, on ne peut parler que de rafistolage», estime-t-il.
Avec ce budget, on refile la patate chaude au prochain gouvernement.
Entre-temps, le député pirate s'étonne des 10% de recettes supplémentaires que le gouvernement prévoit pour l'année prochaine, alors que dans le même temps les dépenses s'envolent. «J'ai l'impression que les recettes ont été calculées positivement à la hausse pour que le déficit ne paraisse pas trop grave à la fin. Ce budget me semble être un budget 'fin de mandat', avec lequel on refile la patate chaude au prochain gouvernement», conclut-il.
Nathalie Oberweis (Déi Lénk) regrette elle aussi que «les inégalités qui existent dans le système fiscal soient maintenues». «La réforme fiscale ne vient pas. Point final. Dire qu'elle est seulement reportée ne sert absolument à rien maintenant», précise-t-elle. Le fait que les investissements restent élevés est en revanche positif. Le budget contient de bonnes mesures, mais elles ne soulagent qu'à court terme et n'aident pas à long terme. Autre point critique du point de vue de la gauche : «L'analyse des causes fait défaut. D'où viennent les crises ? Comment pouvons-nous les éviter à l'avenir ? Comment pouvons-nous rendre notre société plus résistante ? Il n'y a absolument aucune vision».
Nathalie Oberweis (Déi Lénk) regrette l'absence de mesures ayant un effet à long terme. © PHOTO: Chris Karaba
Fernand Kartheiser (ADR) peut certes trouver des approches positives dans le budget, mais dans l'ensemble, il va dans la mauvaise direction. Par exemple, une série de mesures dans le domaine du logement n'encouragerait plus personne à investir. En outre, l'endettement continuerait d'augmenter «parce que dans certains domaines, on fait plus que ce que l'on devrait faire et que ce que l'on attend de nous au niveau international», constate-t-il et parle de mauvaises priorités en temps de crise.
Le budget fournit les bonnes réponses selon les partis de la majorité
Comme on pouvait s'y attendre, les partis de la majorité voient les choses de manière plus nuancée. La réforme fiscale reste toutefois un point d'achoppement. «Elle n'arrive pas d'un coup, mais par petits bouts», a déclaré le chef du groupe parlementaire LSAP Yves Cruchten. «Sept des mesures fiscales annoncées figurent également dans notre programme en 21 points. Il nous manque bien sûr la grande réforme qui implique une baisse de l'impôt sur les salaires», regrette-t-il. La ministre des Finances a dessiné un scénario assez pessimiste, c'est pourquoi il s'agit maintenant de faire preuve de prudence pendant encore un an, sans pour autant perdre de vue la grande réforme fiscale.
Il nous manque bien sûr la grande réforme fiscale qui implique une baisse de l'impôt sur les salaires.
La cheffe de groupe des Verts, Josée Lorsché, a des propos similaires : «Ce n'est pas un refus, c'est juste que la réforme fiscale n'est pas réalisable tout de suite parce qu'il faut prendre d'autres mesures qui touchent directement les gens. Nous maintenons nos propositions pour un système fiscal plus juste. Mais pour l'instant, il s'agit de lutter contre cette crise, d'aider les citoyens et les entreprises afin d'orienter notre pays vers un avenir durable». Ce budget fournit les bonnes réponses selon l'intéressée.
André Bauler (DP) défend lui aussi le projet de budget: «Nous devons maintenant agir de manière responsable, gérer les finances publiques avec prudence, garder à l'esprit la réalité économique et tenir compte des défis de notre époque afin de préparer notre économie à l'avenir.»
Cet article a été publié pour la première fois sur wort.lu/de