«Une honte pour la Russie»
Le gouvernement et la Chambre ont condamné en des termes clairs l'attaque russe contre l'Ukraine. Pour apaiser le conflit, l’accent est mis sur les sanctions et la solidarité.
Le Premier ministre Xavier Bettel (DP) parle d'une journée triste et sombre. © PHOTO: Marc Wilwert
(MKa avec Marc SCHLAMMES) «Honteux». «Consternant». «Révoltant». «Triste». «Sans scrupule». «Cynique». «La guerre de Poutine». Le choix des mots, que ce soit du côté du gouvernement ou des parlementaires, ne laisse aucun doute: les personnalités politiques luxembourgeoises condamnent fermement l'attaque russe contre l'Ukraine. Le Chambre des députés étaye son point de vue dans une motion, votée à l'unanimité, qui appelle la Russie à un règlement pacifique du conflit.
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Ce n'est pas ce qui était prévu à l'origine. Une déclaration et un débat sur la crise russo-ukrainienne sont à l'agenda de la semaine prochaine. Mais suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie ce jeudi matin, la politique luxembourgeoise se devait également de réagir à court terme.
Après une réunion extraordinaire du Conseil des ministres, le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a fait une brève déclaration à la presse dans la matinée et a parlé d'une «journée sombre et triste».
A la mi-journée, le ministre de la Défense François Bausch (Déi Gréng) a informé à huis clos les membres des commissions parlementaires de la Défense et des Affaires étrangères des mesures militaires de l'OTAN qui, comme il l'a ensuite expliqué cet après-midi devant le Parlement, sont «préventives» et «proportionnées» compte tenu de la menace et du risque sécuritaire, notamment pour les voisins directs de la Russie.
La sécurité et la stabilité en Europe sont en danger.
Outre François Bausch, le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP) et Xavier Bettel (DP) ont également pris position. «La sécurité et la stabilité en Europe sont en danger», a fait remarquer le Premier ministre qui, comme tous les orateurs après lui, condamne «fermement» l'agression de la Russie. Xavier Bettel a reconnu que les efforts diplomatiques pour parvenir à une solution pacifique n'ont pas porté leurs fruits.
Le président russe a communiqué «avec sang-froid et cynisme» avec les dirigeants occidentaux, selon la formule drastique du porte-parole du CSV Claude Wiseler, et l'orateur du DP, Gusty Graas, a conclu de son côté que la solution diplomatique n'était qu'une illusion. Xavier Bettel a par ailleurs souligné que la priorité absolue était désormais de parvenir à un cessez-le-feu, notamment pour éviter de nouvelles souffrances à la population civile.
Pour forcer Vladimir Poutine à céder, l'UE mise sur des sanctions de grande ampleur, financières, économiques et commerciales, a déclaré le Premier ministre, qui laisse entendre, en vue du sommet extraordinaire prévu dans la soirée, que «l'UE est prête à des sanctions supplémentaires».
Des mots clairs: le ministre des Affaires étrangères Asselborn compare l'invasion russe de l'Ukraine à l'invasion nazie du Luxembourg en 1940. © PHOTO: Marc Wilwert
Une réaction forte et conséquente de la part de l'Europe est tout à fait indiquée, a pour sa part souligné le député LSAP Yves Cruchten. Il est également important que les sanctions touchent finalement les bonnes personnes, abonde Fernand Kartheiser (ADR).
«Les sanctions vont faire immensément mal», a affirmé le ministre des Affaires étrangères, qui souligne l'action unie et déterminée de l'Union européenne. Et qui plaide pour la solidarité avec l'Ukraine et ses citoyens, car «le 24 février 2022 est à l'Ukraine ce que le 10 mai 1940 était au Luxembourg», un parallèle fait avec l'attaque nazie contre le Grand-Duché, et parle de «honte pour la Russie».
La question de l'approvisionnement en énergie est également abordée, la guerre n'étant pas sans conséquences sur la sécurité de l'approvisionnement et l'évolution des prix. Le Premier ministre a annoncé la tenue d'une table ronde sur l'énergie avec les fournisseurs nationaux lundi prochain et a évoqué des mesures visant à soutenir en particulier les ménages confrontés à la hausse des prix de l'énergie.
Le problème de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie rend l'Europe vulnérable au chantage.
Au niveau de l'UE, Claude Wiseler a plaidé pour une révision de la politique énergétique; selon Stéphanie Empain (Déi Gréng), c'est maintenant plus que jamais que l'on voit que la politique énergétique en Europe est arrivée dans une impasse. «Le problème de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie rend l'Europe vulnérable au chantage», a constaté Nathalie Oberweis (Déi Lénk).