Une inflation record sur les prix de produits alimentaires au Luxembourg
Par ailleurs, le Statec a revu ses prévisions d'inflation à la baisse pour 2024 et prévoit toujours une nouvelle tranche indiciaire pour le quatrième trimestre 2023, à laquelle s'ajouterait un nouveau paiement au quatrième trimestre 2024.
En février 2023, l'inflation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées au Luxembourg a battu un record historique avec une augmentation de 13% sur un an. © PHOTO: Shutterstock
Entre le secteur de l'artisanat qui tire la sonnette d'alarme, le secteur de la construction qui craint le pire pour les prochains mois et les épiceries sociales qui ne désemplissent pas, pas de doute, la crise inflationniste qui touche le Luxembourg n'est pas près d'être endiguée. Le Statec n'est guère plus réjouissant dans sa dernière note de conjoncture, tout du moins en ce qui concerne les données pour le quatrième trimestre de l'année dernière.
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Des données records en matière de hausse de prix des produits alimentaires. En effet, cette flambée des prix à la consommation de l'alimentation est le résultat de la répercussion retardée de l'envolée des prix de l'énergie ainsi que des matières premières agricoles et industrielles. C'est bien simple, en février 2023, l'inflation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées au Luxembourg a battu un record historique avec une augmentation de 13% sur un an, contribuant à un peu plus d'un tiers de l'inflation totale.
D'une manière plus globale, le Statec retient surtout que les ménages ont moins consommé sur la fin de 2022, impactant notamment les résultats des enseignes du commerce de détail. Les perspectives en matière de consommation demeurent faibles pour le début de 2023. «Ce repli est également perceptible au niveau de la zone euro pour une majorité des États membres, mais le résultat luxembourgeois est particulièrement faible (-2,2% en volume sur un trimestre contre -0,9% en zone euro)», déplore le Statec. Par ailleurs, en 2022, les consommations de gaz et d'électricité au Luxembourg ont reculé de respectivement 21% et 3% par rapport à 2021.
Un fameux repli dans la consommation de services
Le Grand-Duché se démarque notamment par un repli de la consommation de services alors que celle-ci a plutôt bien résisté dans les autres pays. Le moindre volume de dépenses consacrées aux services concerne en particulier la restauration, l'administration de biens immobiliers et les services financiers.
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Et puis, l'image d'une consommation en baisse transparaît aussi à travers le chiffre d'affaires en volume des différents types d'enseigne du commerce de détail. «Au quatrième trimestre 2022, il se replie dans pratiquement toutes les catégories du commerce de détail, en particulier pour les magasins spécialisés dans les produits high-tech. Pour certaines d'entre elles, la tendance était déjà baissière au cours des trimestres précédents (...) On peut cependant supposer que la forte poussée inflationniste subie à partir du début de 2022 a contribué à enfoncer le clou, poussant les ménages à restreindre leurs achats dans certains domaines», croit savoir le Statec, estimant que la situation devrait perdurer en 2023.
Le secteur financier provoque une chute du PIB
Aussi, on le sait, le PIB en volume du Luxembourg s'est fortement replié au dernier trimestre de l'année écoulée. «-3.8% sur un trimestre (-2.2% sur un an), ce résultat contraste nettement avec la stagnation enregistrée à l'échelle de la zone euro sur la même période. La forte baisse du PIB luxembourgeois sur la fin de 2022 provient très largement du secteur financier (-10.8% sur un trimestre). Celui-ci avait considérablement contribué à la hausse du PIB au 3e trimestre, mais essentiellement sous l'effet de phénomènes isolés, notamment au niveau des banques, qui n'ont pas perduré».
En parlant du secteur financier, le Statec est notamment revenu sur la récente mise en liquidation de la Silvergate Bank et les annonces des difficultés de la Silicon Valley Bank. «Les indices boursiers du secteur affichent des pertes de 21% sur un mois aux Etats-Unis et de 15% sur un mois en Europe (+6% sur un an). Les grandes banques internationales actives au Luxembourg suivent la tendance avec des baisses plus ou moins marquées».
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La crise de l'immobilier, au cœur de l'actualité récente, s'est particulièrement fait ressentir au quatrième trimestre 2022. «Le nombre de transactions, déjà orienté à la baisse depuis le second trimestre 2022, s'est encore largement réduit et atteint un niveau historiquement faible en fin d'année dans le neuf et l'ancien. Ce mouvement reflète probablement une baisse de la demande, largement susceptible de se poursuivre sous l'effet de la hausse des coûts d'emprunt, avec à la clé une pression baissière sur les prix de vente».
Moins d'emplois vacants
Petite éclaircie: après avoir atteint un pic à l'été 2022, le taux d'emplois vacants s'est mis à reculer dans presque tous les pays de la zone euro, dont le Luxembourg, et pour toutes les branches, à l'exception de l'industrie. «L'Horeca, qui avait connu une forte demande de main-d'œuvre suite aux réouvertures après la crise sanitaire, marque le recul le plus prononcé. Les services aux entreprises connaissent les difficultés de recrutement les plus marquées. Au Luxembourg, 7,1% des postes y sont vacants, notamment dans la comptabilité et gestion, avec plus de 2.000 postes vacants».
Toujours est-il que les postes à pourvoir restaient encore à un niveau historiquement élevé à la fin de l'année 2022, ils devraient baisser davantage au cours de 2023, à en croire le Statec. «L'emploi tend en effet à ralentir et les perspectives d'embauche des entreprises demeurent relativement faibles. Le taux de chômage quant à lui s'est stabilisé un peu en dessous de 5%».
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Enfin, le Statec a effectué une mise à jour de ses dernières prévisions d'inflation en y intégrant les mesures sur le prix du gaz et de l'électricité présentées dans l'accord Solidaritéitspak 3.0 signé à l'issue des négociations tripartites de mars 2023. Ces mesures empêchent les hausses prévues du prix du gaz et de l'électricité de respectivement 37% et 78% en 2024. Cela devrait éviter le choc inflationniste que le Statec avait anticipé pour le début 2024.
Les nouvelles prévisions tablent donc encore sur un taux d'inflation de 3,4% en 2023, mais révisent à 2,8% ce taux en 2024. Comme prévu, après l'indexation des salaires d'avril 2023, l'institut national de statistiques anticipe la prochaine tranche au quatrième trimestre 2023, à laquelle s'ajouterait un nouveau paiement au quatrième trimestre 2024.