Une pétition réclame un meilleur encadrement des enfants dans les crèches et maisons relais
Une pétition demandant moins d’enfants à charge par éducateur dans les crèches et maisons relais a obtenu assez de signatures. Elle sera discutée à la Chambre.
La pétition souhaite un personnel ajusté pour satisfaire les besoins des enfants. © PHOTO: Shutterstock
Un personnel adapté dans les crèches et les maisons relais. Voici ce que réclame Jil Nilles, auteure de la pétition n°2707. Celle-ci, clôturée depuis ce mercredi, a obtenu plus de 4.500 signatures. De quoi ouvrir la porte pour un débat à la Chambre.
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Actuellement, l’encadrement des enfants dépend de leur classe d’âge. Conformément au règlement grand-ducal qui légifère sur la question, un seul agent peut encadrer jusqu’à six enfants de moins de 2 ans, huit enfants âgés de 2 à 4 ans et onze enfants de plus de 4 ans. La pétition plaide pour la réduction de ces ratios. Nous avons interrogé les principaux acteurs concernés afin de connaître leurs positions.
Des avis divergents
Pitt Bach est secrétaire des services sociaux et éducatifs de l’OGBL. Il affirme soutenir cette pétition. «Nous voulons de meilleures dotations de personnel sur le terrain», avance-t-il. «Donc, notre revendication rejoint celle de la pétition. Nous poursuivons indirectement le même but», poursuit-il.
Il faut selon lui embaucher davantage de salariés pour faire face à une demande croissante. Pitt Bach évoque la gratuité des structures d’éducation non formelle, comme les maisons relais. La loi, promulguée en juillet 2022, doit favoriser l’égalité des chances. Mais, d’après lui, cette mesure a aggravé le problème. «Les enfants ont besoin de plus en plus d’encadrement mais le personnel ne suit pas», s’inquiète-t-il. «Les salariés tirent la sonnette d’alarme. Les ratios d’encadrement ne sont pas respectés, des fois».
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Une vision que ne partage pas Myriam Bamberg du ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. «Dans la pratique quotidienne, le nombre d’enfants encadrés par adulte est souvent plus petit», certifie-t-elle. Elle évoque la mise en œuvre de «mesures financières et qualitatives» par le ministère. «Les heures d’encadrement financées par l’État sont calculées sur la base des plages de présence pour lesquelles les enfants sont inscrits. Lorsque la présence réelle des enfants est inférieure pendant certaines plages horaires (ce qui est souvent le cas), le nombre d’enfants encadrés par adulte est donc plus petit», détaille-t-elle.
Par ailleurs, le programme d’éducation plurilingue permet à toutes les crèches de bénéficier de 10% d’heures d’encadrement en plus au profit des enfants de 1 à 4 ans. La porte-parole du ministère met également en avant le supplément de personnel de 1,5% dont bénéficient les structures inclusives du secteur conventionné.
Au-delà de cette question de l’encadrement, c’est le bien-être des enfants qui doit être pris en compte.
Le bien-être des enfants est au cœur de la pétition
«Ces enfants quittent leurs parents parfois à 7h pour ne les retrouver qu'à 19h, il faut pouvoir être à l'écoute de tous leurs besoins pour que ce manque soit le plus doux possible mais comment voulez-vous gérer toute seule six bébés en pleurs ?», rapporte l’auteure de la pétition, Jil Nilles, auprès de nos confrères de L’essentiel. Le confort des enfants dans les crèches et maisons relais est ainsi l’une des préoccupations de la pétitionnaire.
Pour Pitt Bach, une amélioration des conditions de travail dans l’intérêt des enfants est nécessaire. «Le travail s’intensifie, il y a plus de stress et de maladies. C’est un cercle vicieux car il faut alors trouver des remplaçants. Et les salariés ne sont pas des machines qu’on peut éteindre à notre guise», s’écrie-t-il. «Il faut rester attractif», conclut le secrétaire d’OGBL.
Myriam Bamberg du ministère de l’Education nationale insiste quant à elle sur «l’introduction d’un cadre de référence national». Celui-ci est axé sur plusieurs éléments. L’éducation plurilingue pour les enfants de 1 à 4 ans et l’obligation pour les structures de documenter leur travail pédagogique sont deux exemples choisis par Myriam Bamberg. «L’investissement continu dans le développement de la qualité des structures est depuis des années une priorité de la politique éducative du ministère», se réjouit-elle.
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Elle se base aussi sur le rapport national 2022 sur la situation des enfants au Luxembourg, réalisé par le LISER. Des enfants de 8, 10 et 12 ans ont évalué leur propre bien-être. «Une proportion faible d’enfants – moins d’un sur dix – conçoit sa vie comme étant peu satisfaisante» est-il noté dans l'étude. Mais, globalement, il y a «un niveau de bien-être subjectif élevé», et même après la pandémie. «Une des conclusions du rapport est que la participation des enfants à la prise de décision et la connaissance des droits de l’enfant sont également très importantes pour le bien-être», résume Myriam Bamberg. «Le ministère continuera dès lors à renforcer les mesures qui favorisent la participation des enfants».