Une piste cyclable entre Arlon et le Luxembourg à l'étude
Tant du côté belge que luxembourgeois, le projet est accueilli avec un certain enthousiasme. Toutefois, réaliser un tel tracé n'est pas sans contraintes.
Les deux ministres de la Mobilité se disent prêts à prendre part à ce projet. © PHOTO: Steve REMESCH
Fin novembre dernier, les pays du Benelux et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie lançaient une feuille de route commune pour le cyclisme contenant de nouvelles initiatives pour stimuler l'utilisation du vélo et servir de modèle à l'Union européenne. Cette feuille de route doit inciter les citoyens à utiliser davantage le vélo afin de générer son lot de conséquences positives, tant pour l'environnement que pour la mobilité.
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On le sait, ce modèle de mobilité douce est plus que jamais prôné au Luxembourg, notamment pour désengorger les axes transfrontaliers. Et justement, une étude, réalisée en marge de cette feuille de route commune, s'est intéressée à la possibilité d'une piste cyclable reliant Arlon, en Belgique, à Luxembourg-ville. Selon cette dernière, la réalisation d'un tel tracé ne comporterait que des avantages.
Plusieurs dizaines de kilomètres séparent les deux villes. Pourtant, à en croire l'étude, il suffirait d'investir un peu moins de trois millions d'euros afin d'engranger plus de 25 millions d'euros de bénéfices. Cela vous semble abscons? L'étude explique cela par des améliorations significatives en termes de santé. Moins de pollution, moins d'embouteillages et donc plus de productivité, CQFD. Peu importe le scénario (nouvelle piste ou amélioration de l'infrastructure existante), tout le monde serait ainsi gagnant si le nombre de nouveaux cyclistes augmente de seulement 4%.
Des discussions en cours
Tout cela est encourageant mais dans les faits, le Luxembourg et son voisin belge sont-ils partants pour concrétiser une telle initiative? Il semblerait bien que oui. Interrogé par le député Jean-Philippe Florent, le ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry (Ecolo) a bel et bien confirmé que des discussions étaient en cours entre la Ville d'Arlon, l'intercommunale Idelux ainsi que les communes de Steinfort, de Capellen et le ministère de la Mobilité luxembourgeois.
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L'idée serait ainsi d'introduire une demande de financement INTERREG VI pour l'étude et la réalisation d'une liaison cyclable entre Arlon et Capellen (16 kilomètres de distance), qui desservirait Steinfort, la gare de Kleinbettingen, Mamer et la ZAE de Windhof. Il semblerait que ce soit sur la N4, bien connue des travailleurs frontaliers belges, que cette liaison prendrait place. Il s'agit de la solution la plus «logique» pour le ministre Henry.
Alors que les travaux ferroviaires sur la ligne Bruxelles-Luxembourg s'éternisent et que le projet de bande de covoiturage sur l'A6 semble au point mort, on se demande bien quand ce projet de voie cyclable «express» pourrait voir le jour. «C'est en juin 2023 que la région devra valider sa participation éventuelle sur la base des estimations budgétaires à engager potentiellement en 2024», note le ministre Henry. Il faudra donc être patient.
Enfin une alternative crédible à la voiture?
L'homme se dit en tout cas prêt à soutenir l'initiative. «Cela me semble d'emblée être un projet à soutenir, car je rappelle régulièrement les avantages économiques liés à l'augmentation de la part modale vélo. Ce projet permettra de proposer une alternative crédible à la voiture pour les personnes se rendant au Luxembourg.»
Le son de cloche est similaire du côté luxembourgeois. Dans une réponse parlementaire à une question des députées Chantal Gary et Djuna Bernard (déi Gréng), le ministre de la Mobilité François Bausch (déi Gréng) ajoute d'ailleurs qu'un tel projet fait partie intégrante du Plan National de Mobilité 2035.
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L'homme est d'ailleurs revenu sur les caractéristiques, et possibles contraintes, qu'impliquerait cette piste Arlon-Luxembourg. «Celle-ci prévoit ainsi un nombre minimum d'arrêts imposés aux cyclistes, des pentes et des virages adaptés à une vitesse de 25 km/h et une séparation avec les flux piétons», dit-il. Des conditions sine qua non afin de prétendre au fameux label «itinéraire cyclable express».
Une contrainte majeure
Le ministre n'élude toutefois pas le fait que le degré d'urbanisation le long de la route d'Arlon, il sera «difficile» de pouvoir répondre aux exigences d'un itinéraire cyclable «express» dans la traversée de Bertrange et de Strassen jusqu'au centre de la Ville de Luxembourg. «Néanmoins, c'est la qualité réelle de l’infrastructure cyclable qui intéresse et attire les cyclistes et non pas le label visé par celle-ci», assure le ministre.
Tout comme son homologue belge, François Bausch est lui aussi convaincu du bien fondé de cette piste. «L'étude commanditée par le Benelux et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie estime qu'entre 4 % et 20 % de cyclistes supplémentaires emprunteraient cet axe cyclable projeté s'il satisfaisait les critères exigés pour ce label».