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Yuriko Backes, ministre des Finances

«Une situation financière moins grave que prévu»

Toutefois, la ministre des Finances dit s'attendre à une dégradation de la situation financière de l'État sur les mois à venir

Yuriko Backes a expliqué que les recettes d’accises sur le carburant demeurent globalement stables par rapport à 2021.

Yuriko Backes a expliqué que les recettes d’accises sur le carburant demeurent globalement stables par rapport à 2021. © PHOTO: Marc Wilwert

Journaliste

Place financière par excellence, le Luxembourg a eu fort à faire ces dernières années en raison des crises successives qui ont pas mal secoué l'économie même du pays. Encore à l'heure actuelle, l'inflation galopante pèse sur les Luxembourgeois et les sombres prévisions économiques concernant le Grand-Duché n'arrangent en rien la situation.

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Pourtant, à en croire la ministre des Finances Yuriko Backes (DP), la situation aurait pu être bien plus catastrophique. C'est en tout cas ce qui est ressorti d'une réunion conjointe de la Commission des finances et du budget et de la Commission de l'exécution budgétaire de la Chambre des députés. «La situation financière de l'État à la fin du premier semestre de cette année est moins grave que l'on aurait pu craindre il y a encore quelque mois, avec des recettes qui affichent une certaine progression, des dépenses globalement stables et un solde qui demeure à l'heure actuelle positif», a déclaré la ministre à l'issue de cette réunion.

Ce résultat, à mi-chemin de l’année 2022, inspire «confiance» à la ministre quant à la «résilience des finances publiques». Toutefois, pas question de se réjouir pour autant: les recettes progressent beaucoup moins rapidement qu'en 2021 et des dépenses importantes sont attendues dans les prochains mois. «Et ce, dans un contexte économique moins porteur, marqué par des tensions inflationnistes importantes», a tempéré Yuriko Backes.

Un total de 10,3 milliards d'euros de recettes

Concrètement, les recettes perçues par les administrations fiscales se chiffrent, au 30 juin 2022, à un total de 10,3 milliards d'euros, soit une progression de 10,3% par rapport à l'année précédente. Celles-ci représentent 53,7% des recettes du budget voté. Comme indiqué par la ministre, ces recettes augmentent plus lentement que l’année dernière, puisqu'au mois de juin 2021, la progression était encore de 24,4% et les recettes encaissées représentaient à l'époque 56,4% du budget voté. À noter que les recettes totales de l'administration centrale se chiffrent à 12,2 milliards d'euros au 30 juin 2022.

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Yuriko Backes a également ajouté que les recettes d'accises sur le carburant demeurent globalement stables par rapport à 2021. Toutefois, la tendance décroissante au niveau des ventes de diesel se poursuit, les quantités vendues jusqu'au 30 juin dernier connaissant une baisse de 3,3% en comparaison annuelle. En comparaison à l'année 2019, une réduction de 24,9% peut même être constatée. «Ce qui confirme l'efficacité de la taxe CO2, introduite à partir de 2021 pour réduire progressivement l'empreinte environnementale liée à la vente de carburants», note la ministre. Faut-il également y voir la fin du tourisme à la pompe?

Une dégradation à venir

Quoi qu'il en soit la ministre des Finances s'est montrée plutôt pessimiste en ce qui concerne le futur. «Au vu de la situation globale toujours aussi tendue et volatile, l'inflation élevée et le contexte géopolitique incertain constituent des défis de taille pour nos finances publiques. Au regard de ces éléments, il faut s'attendre à une dégradation de la situation financière de l'État sur les mois à venir. Si la prudence et la rigueur restent donc de mise, je ne me réjouis pas moins que l'évolution actuelle se présente moins grave que prévu, ce qui nous permet d'envisager des allègements ciblés de la charge fiscale de ceux qui en ont le plus besoin.»

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