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Habitat

Vers un fichier des logements vacants

Suggérée par déi Lénk, l'idée d'un listing regroupant les adresses libres de toute occupation (voire même le zoning des terrains disponibles à la construction) pourrait bien être une partie de la solution aux tensions du marché immobilier luxembourgeois.

Nathalie Oberweis a parlé d' "état d'urgence" pour évoquer la question du logement.

Nathalie Oberweis a parlé d' "état d'urgence" pour évoquer la question du logement. © PHOTO: Anouk Antony

(pj avec Michèle GANTENBEIN) Pourquoi disposer d'autant de logements ou maisons vides alors que de plus en plus d'habitants peinent à pouvoir trouver un toit à coût ''décent''? Mardi à la Chambre, la nouvelle députée Nathalie Oberweis (déi Lénk) a de nouveau posé la question. Car si la question du logement reste la préoccupation première au Luxembourg, force est de constater pour l'élue de gauche que les choses avancent bien trop lentement.

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Les constructions abordables? Insuffisantes, même si le ministère d'Henri Kox en annonce 4.000 supplémentaires à l'horizon 2025. Les terrains en friche? Trop nombreux. En la matière, Nathalie Oberweis note d'ailleurs que la mobilisation de ces espaces n'évolue guère : 957 hectares de terrains vacants en 2015, contre 941 ha quatre ans plus tard... Surtout, voilà le nombre de logements vides de toute occupation (pour raisons spéculatives le plus souvent) qui explose.

Aussi, aux yeux de la députée, l'heure de la mobilisation tous azimuts doit sonner. Pourquoi ne pas envisager plus de constructions modulaires pour atténuer -temporairement- les tensions entre offre et demande? Le DP n'y serait pas opposé, mais le LSAP «reste à convaincre» souffle son représentant Yves Cruchten.

Une part de solution

Au moins 30.000 personnes seraient dans l'attente de trouver un logement dans leurs moyens au Luxembourg. Le chiffre a été indiqué par Caritas, dans son dernier almanach social. Et cela alors que le nombre de logements inoccupés se situerait entre 10.000 et 20.000 habitations... La mobilisation de ce patrimoine immobilier vide pourrait donc solutionner une bonne partie des tensions en matière d'habitat.

Dans une motion, déi Lénk a aussi relancé l'idée d'une taxe municipale obligatoire sur les bâtiments résidentiels vacants et les jachères. Pareil impôt existe déjà, mais n'est applicable qu'au bon vouloir des élus locaux. Ainsi, selon la ministre de l'Intérieur Taina Bofferding (LSAP), seules huit municipalités ont introduit cette taxe. Et encore, seules trois municipalités l'exigent réellement... Motion repoussée par la majorité des députés. Mais l'idée de créer un listing des logements vacants a retenu l'attention; la mise en oeuvre de cette initiative reste à discuter.

A entendre Marc Lies (CSV) et Yves Cruchten (LSAP), mieux vaudrait se pencher sur l'établissement d'une taxe à l'échelle nationale que communale. Pour le DP, Max Hahn suggère une réforme de la taxe foncière. Sauf que l'on sait déjà que pareille réforme fiscale n'interviendra pas de sitôt, en tout cas pas avant la fin de cette législature (2023). Pour Semiray Ahmedova (Déi Gréng), présidente de la commission Logement, il faut laisser le gouvernement trouver d'autres modes de mobilisation des logements et terrains vacants.

Lire aussi :Ces logements vacants qui favorisent la spéculation

Et le ministre Henri Kox (Déi Gréng) ne s'est pas privé de rappeler qu'il travaillait actuellement sur «le programme Raum +». Il s'agit d'un projet commun aux ministères de l'Aménagement du territoire et du Logement visant à déterminer les réserves foncières constructibles à l'échelle de l'État et identifier leurs propriétaires.

«Sur cette base, la capacité d'espace habitable en réserve sur un territoire sera déterminée. Elle pourra alors être mise en parallèle avec les besoins identifiés de constructions», indique le site internet de Pro-Raum, bureau allemand d'aménagement et de gestion de l'espace travaillant sur cette mission. Selon Henri Kox, les premiers résultats pourraient être présentés à l'automne.

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