Le Luxembourg se prépare en cas de pénurie de gaz
Alors que de nombreuses incertitudes demeurent quant aux sources d'approvisionnement en gaz de l'Union européenne, le gouvernement luxembourgeois a élaboré un plan d'urgence bien précis.
Claude Turmes a présenté la mise à jour du plan d'urgence relatif à la sécurité d'approvisionnement en gaz du pays ce mercredi 19 octobre. © PHOTO: Anouk Antony
Les réservoirs sont pleins, les objectifs de réduction de consommation ont été fixés, mais si, malgré tous ces efforts, le gaz venait quand même à manquer? Afin de pouvoir réagir à des situations d'alerte, le ministère de l'Énergie a mis à jour son plan d'urgence relatif à la sécurité d'approvisionnement en gaz naturel du Luxembourg.
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Alors que l'hiver est encore loin d'être entamé, le pays semble être sur la bonne voie quant à la réduction de sa consommation de gaz. «À l'échelle nationale, la réduction correspondait à 37% en août et à 26% en septembre par rapport aux années de référence», s'est félicité Claude Turmes (déi Gréng). Pour rappel, l'Union européenne a fixé un objectif de réduction de la consommation de 15%. Des statistiques nationales encourageantes, donc, que le ministre de l'Énergie a attribué à l'effort conjoint des communes, des entreprises et des citoyens.
Pour autant, il ne conviendrait pas de se reposer sur ses lauriers en si bon chemin. «Si l'hiver s'annonce très froid, la consommation de gaz liée au chauffage va probablement considérablement augmenter», a ajouté le ministre. Et c'est justement après avoir rappelé cet objectif et le contexte de fourniture en gaz particulièrement incertain de l'Union européenne que l'homme d'État a présenté un nouveau plan d'urgence relatif à la sécurité d'approvisionnement du Grand-Duché.
Un ensemble de facteurs déterminants
Si une base légale établie en 2017, mise à jour en 2020, existait déjà, cette dernière a fait l'objet d'un renforcement des mesures de préparation aux risques que connaît actuellement le secteur du gaz naturel. Dans le détail, trois niveaux de crise ont été identifiés à l'échelle nationale: l'alerte précoce, l'alerte, qui correspond à une rupture d'approvisionnement ou une demande exceptionnellement élevée, et l'urgence, qui est synonyme d'une interruption significative de l'approvisionnement.
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La sécurité d'approvisionnement du Luxembourg étant présentement assurée, aucun de ces trois niveaux n'a pour le moment été activé. Tous contiennent néanmoins des mesures concrètes à adopter en fonction de la situation, dont certaines sont déjà mises en œuvre depuis quelques semaines, comme la campagne de sensibilisation pour l'économie du gaz ou le suivi quotidien de la sécurité de l'approvisionnement.
Aucun seuil précis ne permettra de passer en alerte ou en urgence. Ce sont plutôt un ensemble de facteurs déterminants, dont l'avis des gestionnaires de réseaux, qui feront l'objet d'une appréciation du ministère de l'Énergie. Car ce sont bel et bien les gestionnaires de réseaux qui sont les plus à même d’évaluer l'imminence de l'alerte.
Les citoyens possédant une chaudière et ceux connectés à un réseau de chauffage urbain seront protégés.
Parmi les mesures qui pourraient être mises en place, on retrouve l'annulation des travaux d'infrastructure, l'achat de gaz sur le marché de gros, ou encore la demande à la Commission européenne de déclarer une alerte européenne pour le seuil alerte. Le seuil urgence, lui, comporte des mesures plus drastiques comme la réduction obligatoire de consommation, l'activation du plan de délestage ou la déconnexion technique d'une partie du réseau principal de gaz.
Face à ces mesures, tous les clients ne seront pas logés à la même enseigne, a fait savoir le ministre. «Les citoyens possédant une chaudière et ceux connectés à un réseau de chauffage urbain seront protégés au même titre que les services essentiels que sont les hôpitaux, les structures d'aide sociale, d'urgence ou de sécurité», a souligné Claude Turmes. Les établissements scolaires font également partie de la liste.
Des échanges de gaz entre entreprises
Si ces clients sont évidemment encouragés à contribuer à la réduction de la consommation de gaz, toutes les mesures seront prises afin d'éviter leur délestage. Trois autres catégories de clients ont par ailleurs été déterminées, dont la N4, les clients non résidentiels directement connectés au réseau. Parmi eux se trouvent notamment les industriels.
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Les plus grosses entreprises industrielles du pays se trouveraient donc à être déconnectées en premier, et, ainsi, à réduire leur production, si les problèmes d'approvisionnement passaient de menace à réalité. «Nous sommes très contents d'avoir pu préparer ce plan en étroite collaboration avec l'UEL et la Fedil, puisqu'il prévoit que les entreprises les plus consommatrices pourront s'échanger du gaz entre elles en cas de besoin», appuie Claude Turmes.
Mais ces situations d'urgence ne devraient pas devenir réalité cet hiver, à en croire le ministre, «sauf incident majeur à Zeebruges», le terminal gazier belge étant la principale porte d'entrée du gaz utilisé au Grand-Duché. Au-delà de cette boîte à outil permettant une intervention rapide de l'exécutif, l'homme d'État souligne la préparation optimale à cette situation de crise rendue possible par les décisions de l'Union européenne. «Avec les récentes prises de position de la Commission européenne sur la plateforme d'achat de gaz en commun, on devrait même réussir à remplir nos stocks pour l'hiver prochain.»