L’appétit d’ogre du Swift Hesperange
Sous l'impulsion de Flavio Becca, 25 joueurs sont arrivés à Hesperange lors du mercato estival pour mener à bien l'opération montée en BGL Ligue. C'est Dan Theis, l'entraîneur à temps plein, qui est chargé de mettre le tout en musique.
25 joueurs sont arrivés à Hesperange lors du marché des transferts. Tous les postes sont triplés. © PHOTO: Stéphane Guillaume
Des concours plus saugrenus les uns que les autres ont fleuri aux quatre coins de la planète ces dernières années. Celui du plus gros mangeur de choucroute par exemple. Ou celui qui vise à lancer le plus loin possible un tronc d'arbre.
Le football luxembourgeois n'a pas échappé à la règle. Il a assisté cet été à un match dans le match entre le F91 et le Swift. Pris d'une soudaine fièvre acheteuse, les deux clubs ont rivalisé en matière d'acquisitions de joueurs. Avec 29 entrées, le champion en titre de BGL Ligue a laissé le club hespérangeois à quatre longueurs.
Un appétit d'ogre inhabituel pour le club du Holleschbierg qui a tourné à la moyenne de 8,5 nouveaux éléments par saison depuis vingt ans. Un peu comme le F91 finalement qui avait transféré douze joueurs en 2009 et en 2012, mais à qui il est arrivé de se limiter à cinq ou six recrues.
Ces grandes manœuvres portent la griffe de Flavio Becca. L'homme d'affaires a étendu son terrain de jeu. Kaiserslautern en Allemagne, Virton en Belgique et le Swift au pays pour se rapprocher de ses racines tout en veillant à ne pas casser d'un seul coup son jouet dudelangeois.
Dan Theis, l'entraîneur à temps plein du Swift Hesperange, donnant ses consignes à ses joueurs. © PHOTO: Stéphane Guillaume
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Au Holleschbierg, Becca veut redonner de l'éclat à un club rentré dans le rang depuis une quinzaine d'années. Européen après sa victoire en Coupe en 1990, le Swift végète en Promotion d'Honneur depuis 2014.
Parfois donné outsider, le club du président Fernand Laroche n'a mis qu'une seule fois le nez à la fenêtre de l'élite. C'était il y a quelques semaines. En match de barrage, l'US Hostert s'est chargée de remettre le challenger à sa place sous les yeux du «Boss».
Un mal pour un bien. Becca n'a pas pour habitude de faire dans la dentelle. Alors, tant qu'à vouloir accéder à la BGL Ligue, autant mettre le paquet pour être certain de ne pas rater son coup.
La campagne de transferts a donc battu son plein sous le regard ébahi d'observateurs curieux de voir comment le staff s'apprête à jongler avec la règle des joueurs transférés et celle des premières licences.
Theis à la barre, Thalamot en coulisses
Le Swift s'est aussi évité un écueil supplémentaire en restant en Promotion d'Honneur. Il n'est pas soumis à la restriction du nombre de prêts de son principal pourvoyeur de joueurs: le F91. Benzouien, Bisevac, Er Rafik, Esposito, Mélisse, Pedro, Perez et Yéyé ont débarqué directement ou indirectement de la Forge du Sud.
Becca s'est doté d'un nouvel atout dans sa manche: l'Excelsior Virton. Le club gaumais vient d'accéder à la Division 1B et a transféré massivement. Il fallait donc dégraisser l'effectif et deux joueurs (Cordaro et Fall) sont venus gonfler les rangs hespérangeois alors que d'autres ont refusé le challenge.
L'effectif ne fut pas le seul chantier de l'été. L'entraîneur Dan Theis, à qui l'état-major a maintenu sa confiance, a vu débarquer un nouvel adjoint: l'Italien Lillo Puccica. Avec Fernand Braun, Fabrizio Coccia et Jean-Marie Noël, le compte est bon.
Disparu des radars depuis un an et demi, Vincent Thalamot est réapparu à la surface dans un rôle de directeur technique. Arrivé dans les bagages du président Daniel Masoni au Racing, le Français était parti après l'arrivée de Karine Reuter.
« C'est aux joueurs à me rendre la vie difficile. Mais derrière les individualités qui garnissent mon groupe, il y a un projet auquel chacun doit adhérer.» Theis rayonne. A la place de vivre 25 heures par jour pour le football, il en vit «26», dit-il. Désormais employé à temps plein par le club, l'ancien international n'a pas l'impression de griller son dernier joker sur l'échiquier national. «Ce que les gens disent à l'extérieur ne m'intéresse pas. J'ai une mission et je compte l'accomplir.»
Il va sans dire que c'est la montée sinon rien! Le Swift a botté les fesses de presque tous les clubs de BGL Ligue en préparation. Un baromètre à prendre avec les réserves d'usage. Surtout que la donne va changer dès les premières rencontres de championnat. «On sera attendu chaque semaine. Le président de Weiler a déjà dit que c'était le match le plus important de l'année», raconte l'entraîneur. Son équipe va devoir faire sauter les verrous semaine après semaine.
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«Tous les postes sont triplés!»
C'est peut-être pour ça que le Swift s'est donné les moyens de ses ambitions en attaque. On recense pas moins d'une quinzaine de joueurs à vocation offensive avec quatre attaquants de pointe (Perez, Marques, Hammel et Er Rafik) pour une seule place. Bonjour la concurrence!
Dans ce contexte concurrentiel, on se demande comment les jeunes joueurs vont pouvoir faire leur trou. Fehlen, Kockelmann et Correia, pour ne citer qu'eux, avaient gagné leur galon de titulaire la saison dernière. Et demain? «Un joueur intelligent profitera de cette situation pour s'améliorer. La concurrence doit nourrir un groupe», rajoute l'entraîneur qui compte une quarantaine de joueurs à sa disposition. «Tous les postes sont triplés!»
La chance de ces joueurs est leur statut. Seule une douzaine de garçons possèdent une première licence luxembourgeoise. Il en faut sept sur la feuille de match. Et seulement quatre joueurs transférés. Le Swift 2019-2020 n'en demeure pas moins un chantier colossal qu'il faudra surveiller comme le lait sur le feu.
Le stade du Holleschbierg ne demande qu'à vibrer. © PHOTO: Stéphane Guillaume