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La longue et douloureuse gestation du stade national

© PHOTO: Pierre Matgé

Entamés en 2017, les travaux de la nouvelle enceinte sportive, destinée à accueillir aussi bien les matches de football que ceux de rugby, devraient s'achever au printemps prochain. Retour sur la genèse et les aléas d'un projet ô combien difficile à mener avant une nouvelle visite de chantier ce jeudi.

Didier Hiegel

Entamés en 2017, les travaux de la nouvelle enceinte sportive, destinée à accueillir aussi bien les matches de football que ceux de rugby, devraient s'achever au printemps prochain. Retour sur la genèse et les aléas d'un projet ô combien difficile à mener avant une nouvelle visite de chantier ce jeudi.

«C'est un projet qui a débuté voilà si longtemps, et avec tant de scandales… Demandez donc à M. Philipp.» Tout sourire, Lydie Polfer (DP), la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, enfonce sa pelle dans la terre jaune de Kockelscheuer. A ses côtés, Paul Philipp a la moustache qui frise. Romain Schneider (LSAP), ministre des Sports de l'époque, avoue «ne pas en croire ses yeux». La rentrée scolaire de 2019 est passée de quelques jours, le congé collectif terminé, les travaux du nouveau stade national, qui accueillera le football et le rugby, peuvent enfin débuter.

Premier coup de pelle dans la bonne humeur.

Premier coup de pelle dans la bonne humeur. © PHOTO: Chris Karaba

Il aura donc fallu dix ans pour trouver «l'endroit idéal» où construire la nouvelle enceinte, selon les autorités de la Ville. Elle ne trônera donc ni à Differdange, comme le souhaitait Claude Meisch(DP), ni à Livange, ceinturée par des surfaces commerciales, comme l'appelait de ses vœux Flavio Becca. Le tout sur quelque 76.000 mètres carrés. Ce projet avait fait grand bruit et suite à des investigations du Mouvement écologique Jean-Claude Juncker (CSV) et cinq de ses ministres avaient même dû s'expliquer pour écarter les soupçons de «favoritisme» et de «prise d'intérêts».

Le coup de pouce de Michel Platini

Mais si le Luxembourg n'aura prochainement plus à rougir de ses installations footballistiques, considérées par Cristiano Ronaldo comme un «champ de patates», il le doit aux relations très amicales qu'entretiennent depuis de longues années les membres de la Fédération luxembourgeoise de football (FLF) - notamment son président Paul Philipp – avec Michel Platini. La star mondiale des années 1980, alors président de l'UEFA, connaît bien le Grand-Duché pour y avoir fait quelques virées étant jeune. Il y a gardé des attaches avec les joueurs qu'il y a croisés.

Pressé par «ses amis de 20 ans», il arrive le 25 septembre 2013, «pour mettre un petit coup de pression», admettra-t-il, l'œil rieur, au sortir de la conférence de presse. Le Luxembourg se voit ainsi prié par le patron de l'instance européenne d'offrir des conditions de jeu dignes à ses joueurs et un minimum de confort à ses supporters. La menace est à peine voilée, «sous peine de disputer ses matches à l'étranger».

Lire aussi :La nouvelle tribune de Saint-Symphorien bientôt couverte

La fusée est lancée mais la réfection complète du stade Josy-Barthel apparaît bien trop onéreuse. «Quand on a vu qu'il y avait un blocage politique (ndlr: à Livange), que le coût d'une rénovation du Barthel s'approcherait finalement de ce que va nous coûter le stade (60 millions), avec des travaux extrêmement lents, j'ai été content d'entendre que Mme Polfer me dise qu'on allait se mettre ensemble», racontera Romain Schneider par après.

Désignés dès septembre 2014, le groupement allemand Gerkan Marg und Partner et le bureau d'architecture luxembourgeois BENG présentent alors l'avant-projet du futur stade national, qui doit sortir de terre, sur un site de 21,4 hectares situés entre la Cloche d’Or et Kockelscheuer.

Ce projet de nouveau stade national vient s'intégrer dans un gigantesque puzzle de constructions. Car c'est un tout nouveau quartier qui va émerger dans le sud de la capitale. Un nouvel ensemble qui nécessite une extension du tram. Le stade achèvera d'ailleurs le tracé global de 16 km du premier tronçon.

Premiers coups de pelle

A la suite des autorisations émises par le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Intérieur, Lydie Polfer annonce fièrement que «les travaux devraient débuter, comme prévu, au début de l'année 2017 et se terminer fin 2018-début 2019». «Le planning est respecté», scande-t-elle.

Fin du gros oeuvre

Depuis mai 2017, les entreprises sont donc à l'œuvre pour construire le nouveau stade national à la Cloche d'Or. En 2018, le stade présente un état avancé de son gros œuvre. «95% est achevé», affirme alors la Ville. Mais le planning général accuse quelques mois de retard par rapport à la livraison du chantier initialement estimée pour la fin de l'année 2019.

9.595 places assises et couvertes

Le stade est construit conformément aux normes FIFA/UEFA (stade catégorie 4) et les normes IRB (International Rugby Board). D'une capacité de 9.595 places assises et couvertes, l'enceinte comprend des espaces VIP, des stands pour se restaurer, un business-club avec cuisine, des locaux et une salle de presse, des vestiaires.

Un temps oubliés, les speakers auront eux aussi un emplacement réservé. Un parking souterrain de 150 places pour les VIP respecte les normes prévues pour les stades UEFA de cette catégorie. Les autres spectateurs auront accès au P+R voisin. A titre de comparaison, la nouvelle tribune du stade Symphorien aura une capacité de près de 8.000 places. L'ensemble des travaux à Metz coûtera plus de 60 millions d'euros.

Et maintenant ?

Si quelques aléas climatiques ont retardé le chantier par deux fois, la crise sanitaire meurtrière l'a paralysé. Prévue à l'automne, l'inauguration est désormais reportée. «Nous partons maintenant sur le printemps 2021, mais c'est une date que nous donnons avec la plus grande prudence», avoue l'échevine Simone Beissel (DP). A ce jour, la nouvelle enceinte semble bien avancée, mais ses abords restent à aménager.

Côté finances, le budget initial de 60,35 millions d'euros devrait connaître des rallonges. Dans son budget pour l'année 2020, la Ville de Luxembourg avait d'ailleurs prévu une enveloppe de 25 millions d'euros pour le nouveau stade national. Quant à l'ancien, le stade Josy-Barthel, il va faire place à«l'un des plus grands projets d'aménagement de la ville de Luxembourg dans les prochaines années», selon Lydie Polfer.

En effet, la zone comprise entre le Barthel, la caserne des pompiers de la capitale, le centre de recyclage et le service d'hygiène de la Ville, va donner vie à tout un nouveau quartier d'une surface de 10,1 hectares.

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