Virgule
Succès pour les Paralympic Days

«Nous devrions avoir la même visibilité que les autres»

Le Rehazenter a ouvert ses portes au public le week-end dernier, dans le cadre du plus grand événement para-sportif du pays. Retour sur l’évènement.

Aller toujours plus haut, certainement pas un frein pour Anoushé Husein et son époux.

Aller toujours plus haut, certainement pas un frein pour Anoushé Husein et son époux. © PHOTO: Megane Kambala

Journaliste

Situé dans la zone du quartier Kirchberg, le Rehazenter n’est pas seulement le centre de rééducation du pays, il est aussi le quartier général du Luxembourg Paralympic Committee (LPC).

Cette année, le comité a organisé la deuxième édition des Paralympic Days mettant à l’honneur les différentes disciplines qu’il est possible de pratiquer au Grand-Duché pour les personnes en situation de handicap. Au total, ce sont 15 para-sports, présentés en collaboration avec de nombreuses fédérations, clubs sportifs et d'autres partenaires, qu’il était possible de découvrir la journée du 29 octobre. Le dimanche 30 octobre a pour sa part été consacré à un match amical de basket en fauteuil roulant et à une compétition de para tennis de table.

Un deuxième cru qui a largement satisfait le président du LPC, Marc Schreiner: «En raison de la pandémie, l'organisation des 2e Paralympic Days après la première édition de 2019 a pris beaucoup plus de temps que nous ne l'aurions souhaité. Mais nous avons bien profité de ce délai pour améliorer le concept et élargir le programme. Pour nous, ce week-end a été très réussi». Un succès qu’il attribue à l’ensemble des parties prenantes de l’évènement, ainsi qu’aux «nombreux bénévoles des fédérations sportives et des clubs», sans qui «l'événement n'aurait pas été possible. Pour cela, je remercie de tout cœur toutes les personnes impliquées».

Des para-athlètes de niveau mondial

Si la manifestation était l’occasion de «faire connaître le para-sport au Luxembourg» de l’avis de Marc Kiefer, directeur sportif du LPC – «voire même de faire découvrir et convertir l’une ou l’autre personne à une pratique» -, c’était également une belle occasion de rencontrer des para-athlètes de haut niveau.

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A l’image de la para-grimpeuse britanno-luxembourgeoise Anoushé Husain, qui détient un record mondial Guinness d’escalade à une main. Elle était spécialement venue de Londres pour l'événement avec son époux Ken Ellacott, lui aussi para-grimpeur. C’est avec le sourire et sa bonne humeur qu’elle a dispensé ses conseils à ceux qui se sont essayés au mur d’escalade.

Le couple s’est même prêté à des démonstrations en toute décontraction, car pour Anoushé Husain, «monter au plus haut n’a jamais été un problème». Bémol toutefois pour le couple, leur discipline ne figure «pas encore» parmi celles disputées aux jeux mondiaux. «Cela se fera sûrement quand nous serons sur la fin de notre carrière sportive, mais ce sera une belle avancée pour les plus jeunes».

Anoushé Husain revient plusieurs fois par an au Grand-Duché et fait notamment partie de l’équipe luxembourgeoise des para-grimpeurs.

Anoushé Husain revient plusieurs fois par an au Grand-Duché et fait notamment partie de l’équipe luxembourgeoise des para-grimpeurs. © PHOTO: Megane Kambala

Niveau relève, celle-ci est déjà assurée au niveau du LPC. Présents également lors de la première journée pour aller à la rencontre des visiteurs, Philippe Hein, Matteo Scuto et Katrin Kohl ont fait part de leurs ambitions à Virgule. Car ce sont les Jeux Paralympiques Paris 2024 et Los Angeles 2028 qu'ils visent. Pour cela, les deux pongistes et la para-athlète consacrent d'ailleurs entre 10 et 12 heures d'entraînement chaque semaine à leur discipline.

Un manque de visibilité

Toutefois, même si chacun d'entre eux saluent et remercient chaleureusement le LPC pour son investissement, ils estiment tout autant que le para-sport n'est pas assez visible au Grand-Duché. De l'avis de Matteo Scuto, «les athlètes paralympiques ne sont pas vus comme de vrais athlètes, mais plutôt comme des joueurs loisirs qui ont un handicap. Je pense que nous méritons beaucoup plus de visibilité. Il faut cependant dire aussi que la promotion vient avec les résultats et jusqu'à présent, nous n'avons pas pu faire des gros exploits sur les tournois...».

Un constat partagé par Philippe Hein, qui espère «que cela changera et que le handisport recevra le même soutien et les mêmes facilités que tout autre sport», mais également par Katrin Kohl, qui est d'ailleurs membre du DP. Pour elle, la solution serait «une collaboration entre la politique, la presse, les fédérations et les clubs sportifs, et nous, les athlètes, pour que cela change».

En tant que para-sportifs, nous devons avoir les mêmes possibilités que les sportifs non handicapés.
Katrin Kohl, para-athlète

Pour la jeune femme, «il ne sert à rien que chacun essaie de faire bande à part, comme c'est souvent le cas ici au Luxembourg. Ensemble, on peut en tout cas faire plus et certainement le mieux. En tant que para-sportifs, nous devons avoir les mêmes possibilités que les sportifs non handicapés».

Le mot de la fin revient à Philippe Hein, qui veut encourager les plus jeunes avec un handicap et qui n'osent pas se lancer: « Il ne faut pas hésiter, le sport paralympique donne la même satisfaction que toute autre pratique du sport. Il faut seulement vouloir, c’est la seule condition».

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