Pour Majerus, «huit jours c'est amplement suffisant...»
Ce dimanche, les meilleures cyclistes du monde entreront dans la cour des grandes. L'épreuve féminine est de retour.
Christine Majerus va surtout se mettre au service de son équipe dans les jours à venir. © PHOTO: Ben Majerus
Un peu dans l'ombre tout de même. Lorsque la nouvelle édition du Tour de France féminin (du 24 au 31 juillet), attendue avec impatience par de nombreuses cyclistes, débutera ce dimanche, en levée de rideau de la dernière étape de l'épreuve messieurs et de la plus que probable première victoire de Jonas Vingegaard. Le départ de 81,6 kilomètres à travers Paris se terminera sur les Champs-Élysées, à l'endroit même où sera désigné quelques heures plus tard le vainqueur du 109e Tour de France.
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«Le fait que nous démarrions à Paris le jour de l'arrivée des messieurs donne un coup de pouce à la course. Les médias peuvent mieux la suivre», assure le directeur du Tour Christian Prudhomme. Son homologue du Tour de France Femmes, Marion Rousse, souligne également l'importance des médias : «Le cyclisme féminin a connu un développement constant ces dernières années. Mais il manquait, pour ainsi dire, une course à étapes avec une véritable couverture médiatique comme référence. Je ferai tout pour que cette course existe longtemps. Il ne s'agit pas de faire deux ou trois éditions».
Arrivée à la Super Planche des Belles Filles
Ce n'est pas la première tentative d'établir un Tour de France féminin. La version précédente s'est déroulée de 1984 à 2009. A l'époque, il y avait déjà eu une aide au démarrage de la part de l'organisation du Tour ASO (Amaury Sport Organisation), qui organisait la course parallèlement au Tour de France. Mais l'entreprise s'est retirée au bout de cinq ans. Petit à petit, le Tour a perdu de son importance.
La présence du cyclisme féminin à la télévision a augmenté ces dernières années, les équipes sont plus professionnelles. Le Tour de France Femmes doit être le prochain grand événement. Huit étapes, 1.033,6 kilomètres, 13.140 mètres de dénivelé, 23 évaluations de montagne et un tronçon de 175,6 kilomètres. La compétition a de l'allure.
Elle part de Paris et traverse le nord-est de la France pour arriver dans les Vosges, avec un véritable point culminant en guise d'accord final. Le tour se termine par une étape à la Super Planche des Belles Filles, cette montée dans les Vosges qui peut atteindre 20% et dont la partie supérieure est en fait une piste de ski. Le Tour de France lui-même n'a découvert cette montagne qu'en 2012, mais depuis, elle apparaît régulièrement sur le parcours. Il y a quelques jours encore, Tadej Pogacar (SLO) s'y est imposé. Les femmes veulent maintenant écrire leur propre histoire.
Marion Rousse est la directrice du Tour de France Femmes. © PHOTO: dpa
Dans le peloton, composé de 144 coureuses (24 équipes de six coureuses), Christine Majerus (SD Worx) ne peut pas manquer. La jeune femme de 35 ans se réjouit du retour du Tour de France Femmes, mais ne tombe pas non plus dans l'euphorie à l'idée de la compétition : «Ce n'est finalement qu'une course. Pour moi, ce n'est pas un rêve qui se réalise. Mais bien sûr, la symbolique est différente, la portée est plus grande. J'espère que nous saurons en tirer profit. Si nous pouvons faire la promotion de notre sport sur une scène plus grande que d'habitude, c'est toujours une bonne chose».
«Nous sentons déjà que l'excitation est un peu plus grande. La pression augmente aussi. Le Tour de France Femmes est une sorte de baromètre. Mais cela n'a pas de sens de se laisser aller à la folie. Nous savons ce dont nous sommes capables et nous voulons le montrer».
Je n'ai pas d'ambitions personnelles, mais j'espère pouvoir faire une échappée lors d'une étape.
La composition de la course plaît à Majerus : «Je ne fais pas partie des coureurs qui souhaitent une course sur trois semaines. La formule choisie par les organisateurs me convient. Huit jours, c'est amplement suffisant. La taille des équipes convient également. Le tracé semble équilibré. Il y en a pour tous les profils. Je m'attends à une course ouverte lors des premières étapes. Ce n'est que dans les Vosges que la décision pour la victoire finale se fera lors des deux dernières étapes».
L'équipe SD Worx a, comme toujours en fait, des ambitions élevées. «Nous sommes forts. Nous voulons terminer sur le podium», a raconté Majerus en marge des championnats nationaux à Nospelt il y a quelques semaines et a expliqué la tactique de l'équipe : «Demi Vollering (PBS) et Ashleigh Moolman (AFS) se sentent bien dans les montagnes. Elles sont nos capitaines. Lotte Kopecky (BEL) vise probablement le maillot vert et je suis là pour faire beaucoup de travail. Je n'ai pas d'ambitions personnelles, mais j'espère pouvoir faire sensation dans une étape en tant qu'échappée».
Il y a beaucoup d'autres courses dans notre calendrier qui sont très belles. Nous ne devons pas les oublier.
La championne luxembourgeoise fait également remarquer : «Il y a beaucoup d'autres courses dans notre calendrier qui sont très belles. Nous ne devons pas les oublier. Car c'est grâce à ces compétitions que nous en sommes là aujourd'hui. Le Tour de France saute dans le train en marche».
Christine Majerus est connue pour ne pas mâcher ses mots. © PHOTO: Yann Hellers
Une certaine réserve est généralement perceptible. Même Ralph Denk, chef de l'équipe masculine Bora-hansgrohe, ne veut pas naïvement se joindre à la liesse. Il n'ouvrira pas d'équipe féminine, du moins à court terme. «C'est absolument passionnant de voir comment le cyclisme féminin s'est développé. Nous avons plus qu'un œil dessus», a déclaré l'Allemand. «Nous sommes impatients de voir comment la course sera accueillie, combien de spectateurs seront présents. Et à la fin, nous regardons les données médiatiques».
Car le Tour des femmes est aussi un business. Et celui-ci ne survivra que si les chiffres sont bons.
Cet article est paru pour la première fois sur wort.lu/de