Quelles ambitions pour les Luxembourgeois?
Kevin Geniets, Bob Jungels et Alex Kirsch veulent se mettre en valeur au cours des trois prochaines semaines. Les fans peuvent se réjouir.
Kevin Geniets (5e à partir de la gauche) et ses coéquipiers sont pleins d'énergie. © PHOTO: AFP
Pour la première fois depuis 2015, trois coureurs grand-ducaux seront au départ du Tour de France qui débute ce vendredi par un contre-la-montre individuel de 13,2 km dans les rues de Copenhague. Bob Jungels s'élancera à 16h18 suivi d'Alex Kirsch (17h10) et de Kevin Geniets (17h18).
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Le premier, dont ce sera la quatrième participation, sait ce qui l'attend. Pour Geniets et Kirsch, en revanche, il s'agira de leur baptême du feu. Alors, à quelques heures du départ de cette 109e édition de la Grande Boucle, les trois se confient sur leurs ambitions personnelles, les objectifs de leur équipe et ce que représente l'épreuve à leurs yeux.
Kevin Geniets (Groupama-FDJ)
Kevin Geniets est heureux. Constant au cours des derniers mois, il est parvenu à décrocher sa place sur ce Tour. «Depuis l'hiver dernier, tout était axé sur le Tour de France. Maintenant, être au départ, c'est vraiment génial», dit-il, rayonnant.
Âgé de 25 ans, il a dissipé ses derniers doutes lors du Critérium du Dauphiné où il s'est classé 32e du général et en prenant la 5e place d'une 3e étape jugée au sommet de Chastreix-Sancy (côte de 2e catégorie) remportée par son équipier David Gaudu. «Cette compétition a en effet confirmé que j'étais sur la bonne voie et que je méritais d'être l'un des huit sélectionnés».
Aujourd'hui, il effectuera ses débuts dans la plus grande course cycliste du monde. «On s'entraîne pour ça pendant des années... En 2006, quand il est passé à Esch/Alzette, j'avais neuf ans. J'étais au bord de la route. Maintenant, c'est un rêve qui se réalise. Mais c'est une étape d'une longue évolution dont je suis fier».
En pleine forme au départ
Les fans luxembourgeois ne devraient pas s'attendre à des résultats de pointe de la part de Geniets au cours des trois prochaines semaines. «Je n'ai pas d'ambitions personnelles - du moins pas tant que David Gaudu jouera un rôle au classement général. Et j'espère qu'il pourra le faire jusqu'à Paris. Une position dans le Top 5 est réaliste pour notre capitaine. Je vais tout faire pour qu'il y parvienne. Les instructions sont très claires : je sais ce que je dois faire», révèle l'ex-champion national (2020 et 2021) prêt à jouer son garde du corps.
Dès qu'il s'agira de lutter pour une position et qu'il faudra jouer des coudes, je serai là pour protéger Gaudu et Küng et les tenir éloignés du danger
L'équipe Groupama-FDJ donne une impression d'équilibre et de solidité. Geniets explique : «En plus de Gaudu, nous avons Thibaut Pinot, qui doit aller à la chasse aux étapes en montagne et qui a montré sur le Tour de Suisse être en bonne forme. À cela s'ajoute Stefan Küng, qui peut s'emparer du maillot jaune dès le premier jour. En cas d'échec, une chance lui sera offerte de s'emparer de la première place jusqu'à Arenberg (Ndlr: cinquième étape)».
Geniets devra faire appel à toutes ses capacités lors des premiers jours. «La première semaine est extrêmement importante. Je vais beaucoup travailler. Dès qu'il y aura des batailles de position et qu'il faudra jouer des coudes, je serai là pour protéger Gaudu et Küng et les tenir à l'écart du pire».
Kevin Geniets à l'entraînement jeudi. © PHOTO: Groupama-FDJ
Le Luxembourgeois démarre en pleine forme. «Je me sens vraiment fort. La course sur route des championnats nationaux m'a donné une confiance supplémentaire. J'ai de très bonnes jambes. Dans la deuxième et la troisième semaine, j'espère pouvoir continuer sur la lancée de ce que j'ai pu montrer en montagne lors du Critérium du Dauphiné», révèle-t-il, sans vouloir trop se projeter dans l'avenir : «La route est longue d'ici là. La première semaine sera exigeante, nerveuse et mouvementée. Après les pavés du nord de la France, la situation devrait se détendre un peu».
Les Luxembourgeois et leur équipe
AG2R-CITROËN 31. Ben O'Connor (AUS), 32. Geoffrey Bouchard (Fra), 33. Mikaël Chérel (Fra), 34. Benoît Cosnefroy (Fra), 35. Stan Dewulf (Bel), 36. Bob Jungels, 37. Oliver Naesen (B), 38. Aurélien Paret-Peintre (F) GROUPAMA-FDJ 91. David Gaudu (Fra), 92. Antoine Duchesne (CAN), 93. Kevin Geniets, 94. Stefan Küng (Sui), 95. Olivier Le Gac (Fra), 96. Valentin Madouas (Fra), 97. Thibaut Pinot (Fra), 98. Michael Storer (AUS)
TREK-SEGAFREDO 171. Mads Pedersen (Dan), 172. Giulio Ciccone (Ita), 173. Tony Gallopin (Fra), 174. Alex Kirsch, 175. Bauke Mollema (PBS), 176. Quinn Simmons (USA), 177. Toms Skujins (LET), 178. Jasper Stuyven (Bel)
Bob Jungels (AG2R-Citroën)
Bob Jungels (Ag2r-Citroën) avait certainement imaginé les deux derniers jours au Danemark autrement, avec un peu moins d'excitation et de frissons. Mercredi, le coureur de 29 ans a reçu une mauvaise nouvelle. Un test Covid effectué le matin s'est révélé positif et le contraignait à rester dans sa chambre d'hôtel lors de la présentation de l'équipe devant une foule de 150.000 personnes à Copenhague. Jeudi, un second test PCR se révélait toujours positif, mais qu'il ne présentait plus de risque de contamination pour d'autres personnes. Le protocole médical permet donc au champion luxembourgeois du contre-la-montre de prendre le départ cet après-midi.
Manquer le Tour aurait été un coup dur, surtout pour lui. Jungels venait tout juste de se présenter au Tour de Suisse comme il ne l'avait plus fait depuis de nombreux mois.
«Simplement heureux»
«La participation au Tour de France était le grand objectif. Mais la priorité était que je retrouve enfin mon rythme et ma forme habituels. C'est ce que j'ai réussi à faire au Tour de Suisse. Un poids énorme m'a été enlevé des épaules. Cela s'est ressenti aussi bien chez moi que dans tout mon entourage. En juin 2021, on m'a diagnostiqué une endofibrose. En juin 2022, je pourrai enfin renouer avec mes anciennes performances. C'était une longue période de souffrance», a raconté Jungels avant son départ pour Copenhague.
Personnellement, j'aimerais bien avoir l'occasion de me mettre en avant lors d'une étape. Ce serait super.
Il peut à nouveau rire : «Le retour à l'ancien niveau de performance n'était pas trop tard pour arriver au Tour de France. A mes yeux, c'est la meilleure chose qui pouvait arriver. Je suis maintenant simplement heureux et j'espère que ce sera un beau tour du point de vue de l'équipe. J'espère que Ben O'Connor pourra jouer un rôle intéressant dans le classement général. Personnellement, j'aimerais bien avoir la chance de me mettre en avant sur une étape. Ce serait super».
Bob Jungels (à g.) sur son vélo de contre-la-montre jeudi à l'entraînement. © PHOTO: Ag2r-Citroën
Et il se souvient des jours qui ont suivi le Tour de Suisse : «Je n'étais pas sûr d'être arrivé au Tour de France, jusqu'à ce que j'aie le chef d'équipe Vincent Lavenu au téléphone. C'était une situation inédite. Les années précédentes, c'était plutôt comme si je pouvais au moins participer aux décisions concernant la composition de la sélection. Cette fois-ci, je faisais partie de ceux qui devaient trembler. Mais c'était une chose logique que cela traîne un peu dans la dernière ligne droite. En fin de compte, je suis simplement heureux d'être là. Je veux maintenant montrer aux responsables qu'ils ont fait le bon choix en me nommant».
Alex Kirsch (Trek-Segafredo)
Pour Alex Kirsch, ces derniers jours ressemblent à un rêve. Sur toutes les photos et vidéos de Trek-Segafredo, le gaillard de 30 ans est rayonnant et souriant. Il savoure visiblement l'ambiance fantastique qui règne à Copenhague. «Je suis très heureux et fier. C'est le Tour de France - la course que tout le monde connaît. Tous les cyclistes professionnels veulent y aller au moins une fois. Maintenant, c'est un rêve qui se réalise pour moi. Lorsque les gens apprennent que vous êtes cycliste professionnel, ils vous demandent toujours de participer au Tour de France. Maintenant, je peux enfin dire que j'y ai déjà participé», raconte Kirsch avec un sourire en coin.
Pour ce trentenaire, le chemin n'a pas toujours été facile. Il s'est lentement rapproché du niveau d'élite et a parfois dû essuyer des revers. «Je suis professionnel depuis huit ans. Maintenant, après deux participations à la Vuelta, j'ai franchi la prochaine étape importante. Je considère aussi cette nomination comme une récompense et une confirmation».
Attaque dans la deuxième moitié du Tour
S'il est présent au Grand Départ, c'est grâce à ses excellentes performances du printemps. De plus, l'harmonie avec Mads Pedersen est évidente, la confiance mutuelle est énorme. L'ancien champion du monde est le grand atout de Trek-Segafredo sur le 109e Tour de France. «Mads se concentre sur ce moment depuis un an. Le court contre-la-montre d'ouverture lui convient parfaitement. Ensuite, il y aura quelques étapes qui ressembleront à des classiques. Il peut y être à l'avant et conquérir le maillot jaune grâce aux secondes de bonus. Mads et l'équipe ont beaucoup investi dans le matériel. Tout un projet a été mis en place autour du Tour de France 2022. Nous misons tout sur Pedersen», dit Kirsch. Il révèle également : «Nous voulons gagner au moins une étape. Après la première semaine, nous nous concentrons sur les échappées. Nous avons des coureurs qui savent comment gagner à partir d'un groupe de tête».
Dans la deuxième moitié de la course, nous aurons tous quelques libertés. L'idée de rouler dans l'échappée un jour de Tour de France me plaît
Peut-être verra-t-on donc Kirsch en première ligne lors de son premier tour. «Dans la deuxième moitié de la compétition, nous aurons tous quelques libertés. J'aime l'idée d'être dans l'échappée un jour sur le Tour de France», révèle-t-il. Il y parviendra peut-être lors de la 16ème étape, entre Carcassonne et Foix, qui se terminera non loin de chez lui, à Andorre.
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D'ici là, il a encore un peu de temps pour découvrir le Tour. «Je suis curieux de voir comment cela se passe avec toute cette agitation et cette attention. C'est la grande différence avec les autres tours. Du point de vue physique, le Tour de France n'est pas plus difficile que les autres courses. Ce sont les alentours, la tension et la nervosité qui font la différence. Mais je suis prêt. Même la haute montagne ne me fait pas peur. Je me suis bien préparé et je sais que je serai sollicité, en particulier les premiers jours, en tant que capitaine de route».
Cet article est paru une première fois sur wort.lu/de